Un coup de cœur : l’Etoile du pêcheur

Notes de lecture

Auteur : Téric Boucebci

Une histoire simple, peu banale, qui nous invite à voir la nature autrement et à chercher à découvrir ses mystères. Yani et Sahar, poètes dans l’âme, mènent une vie paisible loin des turbulences citadines, une vie faite d’amour – un amour qui ne s’exprime pas – d’attente. Deux personnes qui vivent en symbiose avec la nature qui leur procure bonheur et sérénité.
De questionnement en questionnement, Yani peu à peu change sa perception du monde. La protection d’un armateur, Luxus le rassure. De nombreux débats aboutissent à cette conclusion : «Lorsqu’on quitte le pays de ses certitudes, c’est que l’on choisit d’aller vers soi.»
Sahar, durant cette absence vit en symbiose avec la nature, ce qui lui procure détente et sérénité. Elle parle aux arbres. Elle interprète les signes, les présages : «Toute la nuit elle médite, conversant dans une langue oubliée celle du cœur, celle qui relie toute forme de vie.» Sahar entre en communication avec le monde spirituel.

Comme Baudelaire, dans le poème Correspondances :
La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles
L’homme y passe à travers des forêts de symboles…
Yani est souvent tourmenté par un rêve, une question ; il s’adresse à «son père spirituel» Luxus qui l’éclaire sur le sens symbolique «il nous faut tous, un jour ou l’autre nous éveiller vraiment».
Sahar hante ses nuits, habite ses rêves. Il entend distinctement : «Change, deviens toi et laisse partir celui qui n’était que moi». Les dialogues se poursuivent, riches, révélateurs : «Chacun poursuit sa vérité. Ne la cherche pas. Vis». Peu à peu, face au cosmos Yani prend conscience de sa faiblesse. Le conte se poursuit avec des réminiscences des Contes des mille et une nuits, de l’Atlantide avec ses dédales.
La découverte du désert et des touaregs lui offre une révélation : accueil chaleureux, fraternité, partage, face à l’immensité du cosmos.
Yani, dans un dialogue intérieur avec un vieillard : «Tu ne me connaîtras que si tu t’abandonnes. Va là où ton cœur te porte. Là où tes rêves donnent du sens à ta vie. Là où ton refuge est aussi vaste que ton âme. Là où tu ne cherches plus à être protégé. Là où tu sentiras que tu es Un. Unique et indivisible avec le monde, l’espace et le temps.» Le sculpteur a été le prétexte de ce voyage. Le vieillard poursuit : «Tu me parles de l’homme et tu cherches la femme. Cet instant unique où tu as ressenti quelque chose est celui où tu t’es senti vivre.» Yani est troublé lorsqu’il se rend compte que le vieillard est aveugle. Il l’écoute pieusement : «Nous acceptons de vivre mais partir sans laisser de trace, ça non. Alors voici, nous avons toujours peur de voir disparaître ce qui permet de préserver l’esprit et l’élever.»
«Le secret est ce qui se crée». Yani, comme Ulysse rejoignant Ithaque, retrouve Azapit, son village. Ce retour au bercail a pris une autre dimension. Sahar fait désormais partie de sa vie.
– «Sahar, accompagne-moi».
– «Allons chercher le soleil qui t’habite.»
Yani se raconte. «Dans mes rêves, tu m’accompagnais. Tu répétais une phrase : «Une lettre suffit». Je sais que tu n’as pas cessé d’être là. Si j’ai accompli ce voyage au-delà de la mer, des terres, tu m’as inspiré et je te reconnais bien là, secrète et forte.»
«Elle dessina sur le sol une lettre : Phi. Il fallait que je l’entende différemment cette lettre secrète et pourtant présente en tant de choses autour de nous.»
Djoher Amhis Ouksel
Professeur de lettres
Retraitée
(Suite et fin)