La peine maximale devant la persistance de la spéculation

Après trois ans de lutte, l’Etat a décidé de passer à l’extrême

Depuis l’apparition de la pandémie du Covid-19 en mars 2020 au pays, le phénomène de la spéculation sur les produits alimentaires s’est, parallèlement, apparue et s’est étendue sur le territoire national causant d’importantes pénuries de produits de base tout en provoquant la flambée des prix. Trois ans après, le même phénomène plane toujours et poursuit sa menace à l’économie nationale. Devant la persistance de la spéculation et à quelques jours seulement du mois du Ramadhan, l’Etat a décidé de passer à l’étape extrême, voire la peine de réclusion à perpétuité contre les spéculateurs avertis.

A quelques semaines du mois du Ramadhan, voire le 21 février 2023, et lors d’une réunion du Conseil des ministres présidée par le Chef de l’Etat, il avait été décidé la création d’un dispositif de veille, chargé de contrôler et de réguler quotidiennement l’approvisionnement du marché en différents produits de base. L’objectif pour l’Etat est d’entamer des procédures et mécanismes efficaces pour faire face à la forte demande alimentaire de la population durant le mois de carême mais, surtout de protéger l’approvisionnement du marché national alimentaire contre les fléaux du mal, voire la spéculation et la contrebande, deux ennemis de l’économie, souveraineté et sécurité alimentaire du pays.
Une énième intervention dans le cadre du prolongement des efforts et de la détermination de l’Etat à lutter contre le phénomène du monopole et de la spéculation, en mettant la fin aux agissements des bandes qui portent atteinte à la stabilité sociale. La création du dispositif de veille avait été confiée, par le président de la République, aux trois ministères respectivement de l’Intérieur, de l’Agriculture et du Commerce, pour une mission spéciale à savoir : contrôler et suivre quotidiennement et rigoureusement l’approvisionnement du marché en différents produits de base, où d’éventuelles exploitations sont désormais tentatives par des bandes pour attenter à la stabilité sociale. Depuis cette décision du Président Tebboune concernant le contrôle et suivi rigoureux et permanent du marché national et des produits alimentaires de base pour un Ramadhan «tranquille», les trois ministères afférents mènent une véritable course contre la montre. Il y a quelques jours, le ministre du Commerce et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, avait réuni les cadres er directeurs régionaux et wilayales relevant de son département ministériel, à travers laquelle, le premier responsable à la tutelle avait ordonné la mise sur le marché national de grandes quantités de denrées alimentaires, notamment des fruits et légumes, des légumes secs, des céréales et de l’huile de table. Une grande opération de déstockage au niveau national s’est alors commencée. A travers cette grande action, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, veut atteindre deux objectifs en même temps : faire baisser sensiblement les prix des produits alimentaires sur le marché national et, du coup, diminuer la flambée des prix, et sur le plan de la lutte contre la spéculation, diminuer, voire étouffer, les activités criminelles des spéculateurs.

Des peines maximales pour éviter
une « généralisation » de la spéculation
Pour éviter un autre scénario tel que vécu durant le mois du Ramadhan de l’année passée, où le phénomène de la spéculation avait étendue ses tentacules jusqu’aux quatre coins du pays, mettant les consommateurs algériens dans l’embarras des pénuries de produits alimentaires de base et l’économie nationale en danger, l’Etat a appris les leçons et, à travers ce prochain mois sacré, veut s’imposer dans la durée et imprimant sa loi.
D’ailleurs, sur le plan de la lutte contre la spéculation et la contrebande, il semble que l’Etat est décidé, à tout jamais et devant la persistance des activités des deux fléaux criminels, de hausser les peines de prison à la barre maximale, voire à la réclusion à perpétuité. Le 8 mars dernier, et lors de l’ouverture d’une audience judiciaire au tribunal criminel de première instance de Dar El Beïda à Alger, pour des affaires de spéculation illicite, six spéculateurs ont écopé des peines lourdes allant de la réclusion à perpétuité à 10 ans de prison ferme contre 6 accusés. En plus de la spéculation, il s’agit aussi d’un groupe criminel spécialisé dans la contrebande, auquel les six spéculateurs faisaient parties et activaient au niveau des frontières
terrestres du pays. En raison de la gravité de la menace qu’il portait à l’économie nationale et à la santé et sécurité publique, puisque ce groupe criminel, composé de six spéculateurs et contrebandiers à la fois, faisait traverser des tonnes de denrées alimentaires hors des frontières du pays, des peines extrêmes ont été prononcées contre deux parmi les six accusés. « Le tribunal criminel de première instance de Dar El Beïda (Alger) a condamné, dans la nuit de mardi à mercredi, 2 accusés à la réclusion à perpétuité et 4 autres à 10 ans de prison ferme, pour délit de « spéculation illicite commise par un groupe criminel et contrebande constituant par sa gravité une menace sur l’économie nationale et la santé publique », avait apporté le 8 mars dernier un communiqué du tribunal de Dar El Beida.
Ces accusés ont été poursuivis également pour délit de « tromperie du consommateur et faux et usage de faux dans des documents administratifs », avait commenté la même institution judiciaire publique. La loi relative à la lutte contre la spéculation illicite prévoit l’application de peines sévères à l’encontre des individus impliqués dans ces crimes pouvant aller, désormais et au lieu de 30 ans à la peine maximale, voire à la réclusion à perpétuité si le crime est commis dans le cadre d’un groupe organisé.

Depuis le Coronavirus, 9.000 spéculateurs derrières les barreaux
Alors que le monde entier traverse une pénible et dure période de son histoire, causée par la pandémie du Covid-19 puis par le conflit géopolitique en Ukraine, créant une situation mondiale troublante, où de multiples crises sont apparues, notamment alimentaire, énergétique, sécuritaire, économique et financière, l’Algérie a agi avec force et grande audace contre ceux qui touchent à son économie et à sa sécurité territoriale. Pas de pitié, désormais, envers chaque spéculateur ou contrebandier qui met, aujourd’hui, en danger la sécurité alimentaire, l’économie nationale et la stabilité du pays, à cause de son acte criminel à des fins financières. Depuis le mois d’avril de l’année 2020, la date qui avait vue l’apparition de la pandémie du Covid-19 en Algérie et qui avait imposé sa loi à travers le confinement sanitaire, l’économie nationale avait traversé une période assez difficile en matière de l’approvisionnement des produits alimentaires sur le marché national, créant, par conséquence, des pénuries mais, surtout, l’apparition puis la généralisation du phénomène de la spéculation.
Une autre forme de crime économique qui vient s’ajouter à celui de la contrebande. Depuis, les différents corps de sécurités, Gendarmerie, Police et Douanes, avaient fait face à une lutte très particulière contre le fléau de la spéculation.
En trois ans de lutte, plus de 9.000 spéculateurs ont été arrêtés et présentés à la justice, alors que des milliers de tonnes de produits alimentaires et pharmaceutiques, et des équipements médicaux ont été saisis, à travers des milliers d’intervention opérationnelles, des milliers de mandats de perquisitions ciblant des locaux commerciaux, dépôts et lieux clandestins de stockage des marchandises destinées au marché de la spéculation. C’est une véritable guerre contre la spéculation à laquelle les services de sécurité ont été contraints de mener au cours de ses trois dernières années, car l’objectif est capital, il s’agit de défendre et protéger l’économie nationale, de lutter contre une forme de fléau qui touche à la sécurité alimentaire du pays mais, aussi, d’éviter des pénuries de produits de base qui sont causées par les spéculateurs et qui peuvent engendrer d’éventuels dérapages. Conscient de la grande menace que représente cette forme criminelle de fléau économique, la spéculation, les hautes autorités du pays ont passé à la vitesse supérieure pour freiner l’hémorragie de la spéculation. Cela s’est traduit par une série d’arrestation d’individus impliqués dans la spéculation, entre autres des opérateurs économiques commerciaux. Une lutte contre la spéculation qui se poursuit toujours.
Sofiane Abi