« La médicalisation appelle à chercher d’autres stratégies de sensibilisation »
SENSIBILISATION Phénomène de la toxicomanie

Le psychiatre principal et chef du service Pédopsychiatrie de l’Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) Fernane Hanafi de Oued Aissi (Tizi Ouzou), Dr Ahmed Adane estime que la médicalisation du phénomène de la toxicomanie trouve ses limites. Et appelle les esprits à chercher d’autres stratégie ou méthodes de sensibilisation, telles que des méthodes psychologiques et/ou pédagogiques avec un accompagnement beaucoup plus psycho-social. « La toxicomanie est un fléau social qui réveille des consciences et des inquiétudes de nos jours vu l’ampleur de la problématique menaçant le tout sécuritaire, le développement de la société et l’épanouissement de l’individu », a-t-il dit.
Intervenant lors d’une journée d’étude organisée par la Direction locale de la Santé à la maison de la Culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, à l’occasion de la semaine nationale de la prévention, Dr Ahmed Adane a mis en avant la nécessité d’aller vers une réflexion, profonde et sérieuse, avec l’apprition des drogues dures sur le marché de la toxicomanie. « L’immaturité des adolescents et des jeunes fait que les forces du mal investissent sur le terrain d’une jeunesse vulnérable dans le but de s’enrichir », observe ce psychiatre.
Les solutions, a-t-il poursuivi, doivent émaner à partir d’une observation et analyse de la situation tout en faisant une évaluation du travail de sensibilisation fait ces dix dernières années afin de comprendre et d’agir sur le phénomène de la drogue. Recommandant, au passage, la révision des méthodes de prévention, primaire, secondaire et tertiaire. « L’accès facile à la cigarette et à l’alcool favorise l’initiation au cannabis et aux drogues dures », indique Dr Ahmed Adane pour qui, les solutions proposées dans le cadre de la prévention et de l’intervention contre le phénomène de la toxicomanie doivent être élargie à d’autres secteurs, tels que la Jeunesse et les sports, la Solidarité, l’Education nationale, la Formation et l’enseignement professionnels et la Communication. Il faut, ajoute le chef du service Pédopsychiatrie de l’EHS Fernane Hanafi de Oued Aissi, aller vers des propositions ou des actions multisectorielles et pluridisciplinaires, connaître le fonctionnement des jeunes et des adolescents, aller vers des méthodes psychopédagogiques d’actualités, agir sur les tranches d’âge les plus précoces dans le domaine de l’éducation (les enfants) et, lutter contre l’ennui et occuper les jeunes dans des activités sportives et éducatives. « L’adolescence est un phénomène physique, physiologique et psychologique, puisant à partir de l’enfance du sujet, son éducation et à partir des frustrations infantiles précoces qui peuvent être responsable du vécu psychologique et comportemental de l’adolescent ainsi que de ses conséquences sociales », a encore poursuivi Dr Ahmed Adane. Pour ce psychiatre, la communication en milieu familial doit être acquise des l’enfance afin de continuer sur le principe qu’un enfant est un projet de vie. « L’accompagnement psychologique en cette phase décisive doit exister au niveau des différentes institutions éducatives et chez les parents aussi. L’adolescent est à la recherche de l’idéal, qu’il peut trouver dans l’imago parental, à l’école ou ailleurs dans la rue », insiste encore ce psychiatre. Dans sa nature, dit-il encore, l’adolescent est plein d’énergie, de curiosité et de défis (test du faisable et de l’interdit).
« Sa manière de défier les habitudes de la société, dérange l’autorité parentale et sociale. Il est pressé de découvrir le monde et d’assumer son rôle d’adulte. Il est pressé de vivre et de réussir. Cherche identité et autonomie.
Rabah Mokhtari