Borell : «L’Algérie et l’Espagne doivent trouver une solution»

L’Algérie courtisée par l’UE pour son énergie

«Nous sommes exposés de façon croissante à des défis communs – l’Union européenne et l’Algérie – et nous avons construit au fil des années un partenariat solide qui bénéficie aux deux parties», a affirmé avant-hier, le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, vice-président de la Commission européenne, Josep Borrell, à l’issue de l’audience que lui a accordé le président de la République, Abdelmadjid Tebboune.

Il a exprimé, à l’occasion le souhait de l’UE de développer cette relation de partenariat avec l’Algérie «pas seulement pour le présent, pas seulement pour le gaz aujourd’hui, mais en regardant vers le futur, en privilégiant les investissements européens dans le secteur des énergies renouvelables», a-t-il indiqué, assurant que l’UE peut compter «sur l’Algérie, qui est un partenaire fiable et il l’a été dans des moments difficiles».
Soucieux de sécuriser l’approvisionnement énergétique de l’UE, M. Borell insiste sur l’impératif d’explorer le potentiel d’exploitation du renouvelable en Algérie et du gaz. L’Italie et l’Espagne sont les principaux acheteurs du gaz algérien depuis le début de la crise énergétique en Europe.
Avant d’aborder les échanges qu’il a eu avec le Président Abdelmadjid Tebboune, il a tenu, au préalable, à le remercier ainsi que le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane pour leur accueil. M. Borrel a qualifié leurs échanges de «très ouverts et très constructifs», affirmant que l’objectif de sa mission ou de sa première visite en Algérie en tant que Haut Représentant de l’UE est de «discuter de la meilleure façon de faire avancer notre relation davantage, ensemble, en exploitant au mieux tout notre potentiel, tout le potentiel de cette relation, qui est à la fois culturelle, politique et économique».
Il a souligné ainsi l’importance d’élargir la coopération en dehors du domaine énergétique, évoquant, les moyens de renforcer la coopération dans le domaine commercial. Les exportations de l’Algérie vers les pays membres de l’UE s’élèvent, selon lui, à 56% et les importations en provenance de l’Union s’élèvent quant à elles à 43%. Il a jugé essentiel de maintenir cette relation commerciale, estimant que les deux partenaires «peuvent faire mieux». Faisant ainsi allusion à la brouille entre Alger et Madrid qui dure depuis presque un an.
«Il nous faut commencer par trouver une solution aux limites actuelles», citant la rupture par l’Algérie des relations commerciales avec l’Espagne depuis juin 2022. Concernant la révision de l’Accord d’association UE-Algérie,
M. Borrell s’est contenté de dire qu’il y a «des contraintes qui entravent les investissements européens en Algérie, qui ont un impact direct sur la mise en œuvre de notre Accord d’association UE-Algérie», estimant qu’il est nécessaire, dans l’intérêt commun des deux parties, de «trouver une solution à tout cela». Sans donner de détail.
L’Algérie et l’UE doivent, également, unir leurs efforts pour lutter contre la corruption et le blanchiment d’argent. L’Algérie a fait d’importants progrès dans la lutte contre ces crimes financiers et s’efforce, malgré les difficultés et la complexité des procédures réglementaires et juridiques, à récupérer l’argent volé et détourné vers les pays membres de l’UE.

L’UE prête à coopérer avec l’Algérie pour récupérer l’argent détourné
L’UE est prête à collaborer avec l’Algérie pour récupérer cet argent détourné, a assuré M. Borrell, estimant que «la lutte contre la corruption et contre le blanchiment d’argent constitue également une priorité importante, tant pour l’Union européenne que pour l’Algérie». «Je suis absolument convaincu de la nécessité de renforcer notre coopération dans ce domaine», a-t-il affirmé. «La volonté du Gouvernement algérien de travailler sur les avoirs mal acquis c’est quelque chose qu’aura la coopération de l’Union européenne», a-t-il ajouté.
M. Borrell a discuté, également, avec le chef de l’Etat des questions sécuritaires et des défis géopolitiques, régionaux et internationaux. «Nous avons parlé du Maghreb et de l’instabilité dans la région du Sahel, de la situation au Moyen-Orient et dans le Golfe de Guinée, qui nous préoccupe de plus en plus», a-t-il indiqué dans sa déclaration, affirmant l’impératif de «redoubler d’efforts pour apaiser les tensions dans l’immédiat, mais aussi pour rouvrir un horizon politique au processus de paix». Pour y arriver, l’UE compte sur la collaboration de l’Algérie qui «est un acteur-clé dans la région et au-delà», mettant en avant les exploits de la politique étrangère du pays pour apaiser les tensions régionales. «Vous avez une énorme histoire de lutte contre le terrorisme et nous voulons développer une vision globale et stratégique de ces menaces, anciennes et nouvelles, coordonner et soutenir mutuellement les actions sécuritaires, et joindre nos efforts pour renforcer la stabilité de notre environnement et notre voisinage commun, et je pense en particulier au Sahel», a-t-il indiqué.
Pour lui, l’Algérie pourrait jouer un rôle important dans le règlement de la guerre en Ukraine. Il a invité «l’Algérie à se joindre aux efforts engagés pour arrêter cette guerre injustifiable et atténuer son impact économique et humain sur le monde entier», a souligné le Haut représentant de l’UE.
Samira Takharboucht