A 72 dollars b/j, le pétrole est en chute libre !

Le plus bas niveau depuis décembre 2021

Face à la situation inquiétante du marché financier, bancaire et énergétique, plusieurs questions s’imposent. Si les autorités américaines et européennes courent à la rescousse de leur système bancaire en crise, les membres de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) et leurs alliés hors-Opep, dont la Russie feraient-ils de même pour soutenir les cours du pétrole qui ont chuté à leur plus bas niveau depuis 15 mois ? Les cours de l’or noir (72 USD) connaissent leur plus forte baisse, plombées par la crise bancaire persistante qui menace la croissance économique mondiale et l’accès au crédit en raison de la crise de liquidité et la méfiance des investisseurs et des épargnants.
Le rétablissement du secteur bancaire et financier prendra du temps, tout comme la crise énergétique qui s’est installée dans la durée, malgré les mesures de soutien aux entreprises et aux ménages des pays consommateurs qui interpellent à chaque occasion les pays membres de l’Opep+ pour augmenter leur volume de production afin de faire baisser les prix. Les faillites en cascades ne concernent pas uniquement le secteur bancaire, mais aussi le secteur industriel, notamment, européen. De nombreuses entreprises européennes de production dont l’activité est dépendante de l’énergie cherchent à se délocaliser vers d’autres pays de l’Amérique du Nord, du Maghreb et de l’Asie, tandis que d’autres ont déposé leur bilan. Après la tempête pandémique, le monde fait face depuis le début de la guerre en Ukraine à l’origine de la crise énergétique et de l’insécurité alimentaire qui touchent particulièrement les populations pauvres. Pour faire face à cette instabilité, à l’inflation et à la volatilité des prix de l’énergie, les Occidentaux optent pour une politique monétaire restrictive, tandis que les pays producteurs d’hydrocarbures choisissent des restrictions de production de l’or noir. L’équation est délicate pour les deux parties. L’Occident accuse les pays membres de l’Opep+ de complicité avec la Russie, en guerre en Ukraine et les Etats-Unis tentent de faire pression en faisant ressortir le projet de loi Nopec, ce qui a provoqué le mécontentement de l’Opep+. L’Arabie saoudite a annoncé, au cours de la semaine passée, la réduction de son volume de production, en dehors des quotas fixés par l’Accord Opep+. La Russie a réduit sa production de 500.000 bj en représailles aux plafonnement des prix du pétrole à 60 dollars et des produits pétroliers raffinés importés par voie maritime. Les compagnies pétrolières sont aussi menacées par ces sanctions. Les Saoudiens et même l’Algérie fustigent le plafonnement des prix du pétrole entré en vigueur le 5 février écoulé. Chaque partie cherche son intérêt. Ce qui est sûr, si l’activité économique ralentit à cause de la crise bancaire, la demande de pétrole va aussi baisser. Et pour contenir un choc de la demande, les pays membres de l’Opep+ risquent de revoir leur stratégie de production et procéder à la réduction de leur production. Cette stratégie a aidé les cours du pétrole à se redresser, auparavant, après avoir chuté sous les 10 dollars.
Samira Tk