«Le trouble de la personnalité limite, un des cas difficiles à prendre en charge en psychiatrie»

Pr Amel Abassi, maître de conférences au CHU de Béjaïa

Le Professeur Amel Abassi, maître de conférences au Centre hospitalo-universitaire (Chu) de Béjaïa a estimé, jeudi à Tizi Ouzou, que le trouble de la personnalité limite, une maladie mentale caractérisée par une instabilité émotionnelle dont les manifestations sont très variables d’une personne à une autre, constitue un des cas les plus fréquents et les plus difficiles à prendre en charge en psychiatrie. Notamment, a-t-elle indiqué, lorsque le sujet atteint présente des addictions au cannabis, à l’alcool ou aux psychotropes, des médicaments initialement prescrits dans un cadre thérapeutique, détournés par le malade avec des doses et durées de prises importantes.
Intervenant lors du 21ème Congrès international annuel de psychiatrie organisé jeudi à l’Etablissement hospitalier spécialisé (EHS) Fernane Hanafi, d’Oued Aissi à Tizi Ouzou, sous le thème : «Les enjeux, défis et développement de la psychiatrie en Algérie», Pr Amel Abassi a fait remarquer que le trouble de la personnalité limite peut entraîner l’apparition d’autres maladies psychiatriques telles que la dépression, les troubles bipolaires ou les troubles anxieux généralisés. Il peut aussi affecter le travail, la vie sociale, l’estime de soi. «Le sujet présentant un trouble de la personnalité limite peut être confronté à des difficultés à exprimer ses émotions et une impulsivité, sans oublier des évènements traumatiques comme la maltraitance, les abus sexuels ou encore les troubles de l’attachement où le patient n’a pas eu l’affection suffisante de la part de sa maman», a-t-elle observé. A l’âge adulte, a poursuivi Pr Amel Abassi dans sa communication intitulée «Troubles de la personnalité limite et addiction, à propos de deux vignettes cliniques», le sujet présentant cette pathologie va essayer de combler ce vide en consommant des substances psycho-actives et différentes drogues. Faisant remarquer que le traitement du trouble de la personnalité limite est identique à celui des autres troubles.
«La prise en charge est en général pluridisciplinaire impliquant l’apport thérapeutique de l’addictologue, du psychothérapeute et du psychiatre». De son côté, l’addictologue et thérapeute familial à l’unité d’addictologie du service de psychiatrie du Centre hospitalo-universitaire (CHU) Nedir Mohamed de Tizi Ouzou, Dr K. Slimani, a recommandé l’élargissement du champ d’action pour comprendre les choses afin de pouvoir déterminer les causes qui ont poussé une personne qui vit dans un environnement donné à s’adonner à la consommation des drogues. Faisant remarquer que cela peut être la conséquence d’une souffrance familiale comme cela peut-être la conséquence d’une histoire lourde dans la famille. Parce qu’en fait, a-t-il indiqué, il y a des choses qui se transmettent et quand il y a un dysfonctionnement relationnel dans une famille, les gens peuvent sombrer dans l’addiction. Dans sa communication intitulée : «Approche familiale des addictions», Dr K. Slimani a souligné l’importance de l’apport de la thérapie familiale dans la prise en charge des sujets qui ont une addiction aux drogues pour comprendre l’essence du problème.
«Si les différentes approches de la thérapie familiale aident à apporter une qualité de soins à des personnes en souffrance, il demeure que combattre ce fléau qu’est l’addiction aux drogues ne peut se faire en amont en agissant au niveau de la prévention», a-t-il observé.
Rabah Mokhtari