Un Ramadhan 2023 pas comme les autres

Contrôle, lutte et surveillance sécuritaire

Les premières leçons à retenir face aux décisions, mesures et préparatifs prises spécialement pour le Ramadhan 2023 et son bon déroulement, sont incontestablement la manière par laquelle l’Etat a agi et pris la devance des choses pour faire du mois sacré une période à la hauteur des attentes des Algériens.

C‘est parti ! Le Ramadhan pour l’année 2023 est à son premier jour, aujourd’hui jeudi 23 mars. Un début observé dans la sérénité et sous haute surveillance sécuritaire mais, également, dans une mobilisation générale et une ambiance de solidarité nationale qui se diverses dans l’ensemble du territoire national. En plus des mesures prises par les hautes autorités du pays pour un bon climat des affaires, pour une parfaite surveillance sécuritaire et pour de meilleures conditions financières pour les revenus les plus bas pendant les trente jours du carême, une forte mobilisation de presque l’ensemble des secteurs de l’Etat est déployée sur le terrain, le bon déroulement du Ramadhan est placé capital et un véritable test et défi pour l’Etat.
Sur le terrain, la présence sécuritaire est soutenue par d’autres renforts dans l’ensemble du territoire national, où les patrouilles mobiles et pédestres relevant de la Gendarmerie et de la Sûreté nationale, sont davantage consolidées pour une sécurité plus adaptée pendant le mois du Ramadhan. Les places publiques, les lieux les plus fréquentés et prisés par les familles pendant ce mois sacré, ainsi que les zones susceptibles d’abriter la criminalité, sont autant d’endroits où la présence et la surveillance des services de sécurité seront plus intenses durant le mois de Ramadhan. L’objectif est d’assurer de la sécurité, de la quiétude et protéger les citoyens, telle est la mission confiée aux services de sécurité durant le mois religieux.

Alger, les marchés sous haute surveillance
D’importantes mesures et de grands moyens sont mobilisés par les services de la wilaya d’Alger pour assurer l’approvisionnement des marchés en produits de base de la capitale algéroise. En plus du déploiement, dès le premier jour du mois du Ramadhan, des équipes appartenant à l’Inspection d’Alger qui seront, au total, 640 inspecteurs de contrôle relevant du ministère du Commerce, 14 marchés de proximités seront ouverts tout au long du mois sacré suite à une décision prise par les services de la wilaya d’Alger.
Quelques jours avant son départ à la tête du ministère du Commerce, l’ex-ministre, Kamel Rezig avait réunit, le 12 mars passé, les chefs d’inspection de contrôle d’Alger, en présence des directeurs centraux et des cadres du ministère ainsi que du directeur régional du commerce et de la promotion des exportations d’Alger, c‘était au siège de la tutelle à Alger, dans le cadre du plan spécial Ramadhan. L’ordre du jour était d’encadrer et surveiller les marchés communaux, les lieux du commerce et les grandes surfaces de la capitale durant le mois de Ramadhan. Des instructions fermes ont été ordonnées aux chefs d’inspection de la capitale pour le renforcement des mesures et descentes de contrôle ciblant les lieux du commerce tout au long du mois sacré.
D’autre part, les services de la wilaya d’Alger ont pris une série de mesures pour assurer la disponibilité des produits alimentaires de base et réguler les marchés pendant le mois sacré de Ramadhan. Le Directeur du commerce et de la promotion des exportations de wilaya d’Alger, en l’occurrence Lakhdar Teriaâ, a précisé avant-hier, lors d’une conférence de presse, que ses services «ont pris toutes les mesures nécessaires à l’approvisionnement des marchés en produits alimentaires de large consommation, notamment le lait subventionné, la semoule, l’huile de table, les légumes et les fruits».
Pour le lait, huit laiteries d’Alger vont augmenter leurs capacités de production à un million de litres/jour pendant le mois du Ramadhan, tandis que le Groupe Agrodiv qui possède de nombreuses unités de fabrication de semoule à l’échelle nationale, s’est engagé pour alimenter, tout au long du Ramadhan, la capitale en grandes quantités de semoule. Tout est préparé à l’avance y compris pour la viande ovine et bovine, où les marchés d’Alger seront alimentés, dès le premier jour, de grandes quantités de viandes en provenance du Brésil et du Sud du pays ou de pays voisins à l’instar du Mali et du Niger. «Le prix ne dépassera pas les 1.200 DA/kg», a promis le Directeur du commerce et de la promotion des exportations de la wilaya d’Alger.

Des queux interminables à l’ONILEV
Comme chaque Ramadhan, l’Office national interprofessionnel des légumes et des viandes (ONILEV) recourt à l’ouverture des centaines de points de vente à travers le territoire national et au grand bonheur des familles algériennes. L’objectif pour l’ONILEV est d’être plus proche du citoyen et couvrir les besoins alimentaires des ménages, de participer et de soutenir à la stabilité des prix des produits alimentaires, au pouvoir d’achat du citoyen mais, également, une occasion pour l’ONILEV d’augmenter sa capacité commerciale et d’élargir ses activités au pays. Pour ce Ramadhan 2023, la vieille recette est, à nouveau, reconduite par l’ONILEV qui table sur des ventes records en ce mois religieux. L’ONILEV a déjà ouvert plus de 300 points de vente agréés et répartis sur 32 wilayas, en vue d’approvisionner le marché national en différents produits agricoles de large consommation à des prix raisonnables durant le mois sacré de Ramadhan. D’autres points de vente appelés également les marchés de proximités, de Rahma, seront progressivement ouverts dans d’autres wilayas du pays. Rien qu’au niveau de la capitale, 14 points de vente relevant de l’ONILEV ont déjà ouverts leurs grands espaces pour les nombreux ménages algérois et même d’ailleurs. Cependant, des queux interminables ont été signalés depuis le premier jour de l’ouverture des points de vente de l’ONILEV dans de nombreuses wilayas.
De très nombreux acheteurs sont venus s’approvisionner en légumes, fruits, viandes ou encore en lait et autres produits laitiers chez les magasins de l’ONILEV en raison de leurs prix très compétitifs, ont été invités par une note de l’ONILEV de ne pas dépasser un certain seuil de quantité par chaque produit alimentaire. Par exemple, chaque acheteur qui se présente chez l’ONILEV ne peut s’en procurer que de cinq litres d’huile de table pour sa famille, il en est aussi pour le lait en sachet où encore pour d’autres produits de base.

La traque aux spéculateurs s’amplifie
A la veille du mois de Ramadhan, les services de sécurité ont lancé de nombreuses opérations contre les milieux de la spéculation, l’objectif est d’anticiper les pénuries et la hausse excessive des prix des produits alimentaires sur les marchés pendant le mois sacré, surtout durant la première semaine où une forte demande des consommateurs est habituellement recensée.
Pas plus loin qu’hier, et dans la commune de Kessaba relevant de la wilaya d’El Bayadh, et lors d’une opération de contrôle effectuée par les éléments de la Sûreté de daïra de Kessaba, ont saisi près de 500 bonbonnes d’huile de table de cinq litres et arrêté un présumé spéculateur âgé de 45 ans qui transportait la marchandise sans facture et destinée au marché de la spéculation illicite. Le 16 mars passé et lors d’une opération de contrôle menée par les agents de contrôle et de répression des fraudes de la wilaya d’Alger en coordination avec les services de la Gendarmerie nationale du Groupement d’Alger, plus de 11 tonnes de sucre subventionné ont été saisies à l’intérieur d’une usine de production de produits chimiques et de matériaux de construction dans la commune de Sidi Moussa, selon un communiqué du ministère du Commerce et de la promotion des exportations. Selon la même source, le sucre était mélangé à d’autres éléments chimiques, avant d’être mixé avec le béton pour en ralentir et retarder le durcissement. En plus du nombre colossal des démantèlements des réseaux de spéculation et des arrestations de spéculateurs, les affaires liées au fléau de la spéculation ont connus, à leurs tours, une hausse considérable au niveau des tribunaux du pays.
Le 8 mars dernier, et lors de l’ouverture d’une audience judiciaire au tribunal criminel de première instance de Dar El Beïda à Alger, pour des affaires de spéculation illicite, six spéculateurs ont écopé des peines lourdes allant de la réclusion à perpétuité à 10 ans de prison ferme contre 6 accusés. En plus de la spéculation, il s’agit aussi d’un groupe criminel spécialisé dans la contrebande, auquel les six spéculateurs faisaient parties et activaient au niveau des frontières terrestres du pays. En raison de la gravité de la menace qu’il portait à l’économie nationale et à la santé et sécurité publique, puisque ce groupe criminel, composé de six spéculateurs et contrebandiers à la fois, faisait traverser des tonnes de denrées alimentaires hors des frontières du pays, des peines extrêmes ont été prononcées contre deux parmi eux. «Le tribunal criminel de première instance de Dar El Beïda a condamné, dans la nuit de mardi à mercredi (du 7 au 8 mars 2023), 2 accusés à la réclusion à perpétuité et 4 autres à 10 ans de prison ferme, pour délit de «spéculation illicite commise par un groupe criminel et contrebande constituant par sa gravité une menace sur l’économie nationale et la santé publique», avait rapporté le 8 mars dernier un communiqué du tribunal de Dar El Beida. Ces accusés ont été poursuivis également pour délit de «tromperie du consommateur et faux et usage de faux dans des documents administratifs», avait commenté la même institution judiciaire publique. La loi relative à la lutte contre la spéculation illicite prévoit l’application de peines sévères à l’encontre des individus impliqués dans ces crimes pouvant aller, désormais et au lieu de 30 ans à la peine maximale, voire à la réclusion à perpétuité si le crime est commis dans le cadre d’un groupe organisé.

Un jeûne sous haute surveillance
pour 4 millions d’Algériens
En Algérie, il existe plus de quatre millions de personnes souffrantes de maladies chroniques (d’asthme, du diabète, d’hypertension artérielle, d’infections chroniques ou encore d’autres formes allergiques chroniques), ces derniers vont entamer, comme tout le monde, leur premier jour du jeûne du Ramadhan, dans un carême qui s’annonce difficile à ce genre de maladie chronique. Le jeûne pendant le Ramadhan chez la population diabétique, asthmatique et celle souffrante de plusieurs formes allergiques, est constamment déconseillé par les médecins et autres professionnels de la santé. Les études ont, en effet, démontré une augmentation du risque de complications aiguës pendant cette période. En Algérie, on dénombre plus de quatre millions d’Algériens qui souffrent de différentes maladies chroniques. Un carême qui s’annonce donc, rude et difficile à la fois, pour ces catégories de la société, car pratiquer un jeûne répété sur plusieurs jours présente des risques majeurs, parfois mortels. Avec plus de 1,5 million d’Algériens qui sont asthmatiques et plus 2,8 millions de diabétiques, le carême durant ce Ramadhan sera compliqué pour ces malades chroniques. Ces quatre millions d’Algériens ne peuvent s’en passer de leurs médicaments devenus vitaux pour leur vie et leur survie à la fois. Indispensable à la vie d’un diabète, le glucose qui se pénètre dans les cellules malades, via l’action de l’insuline, va servir à fabriquer de l’énergie pour vivre. Pour les malades souffrant d’asthme, ces derniers utilisent des appareils respiratoires qu’ils leur permettent une dilatation des voies respiratoires pour favoriser une meilleure oxygénation de l’organisme. Ces millions de malades vont trouver, pendant ce mois de Ramadhan, d’énormes difficultés à suivre leur jeûne en raison de leurs états de santé dus à leur maladie chronique. Le diabète est la deuxième cause de mortalité en Algérie après le cancer.
Le nombre de diabétiques en Algérie est passé d’un million de personnes en 1993 à plus de deux millions en 2007, soit 10% de la population avant d’arriver à 2,8 millions à la fin de l’année 2019, selon l’Institut national des sciences et politiques (INSP). Pour une alimentation déséquilibrée, pour manque d’activité physique ou également pour surpoids (obésité), des centaines de milliers de personnes ont attrapé le diabète de type 1 ou type 2 au cours de ces trente dernières années.
Sofiane Abi