La colère du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin

Des émeutes en France éclatent avec 800 000 manifestants

En France, le soulèvement syndical et populaire contre la crise sociale se poursuit d’ores et déjà dans plusieurs villes de France où des affrontements ont eu lieu entre des manifestants et les forces de l’ordre lors des mobilisations contre la réforme des retraites. Des bâtiments symbolisant l’Etat ont été vandalisés. Au cours des mobilisations contre la réforme des retraites, des heurts ont opposé le 23 mars 2023 des manifestants aux forces de l’ordre, qui ont répondu aux dégradations et jets de projectiles par des tirs de gaz lacrymogène, ont signalé des journalistes français, à paris, Nantes, Rennes et Lorient. A Nantes, certains se sont introduits dans le tribunal administratif saccageant l’accueil et brisant vitres et portes. Les pompiers ont rapidement éteint un départ de feu dans une salle d’audience. Plusieurs enseignes emblématiques, comme la Fnac et Uniqlo, ont également été prises pour cibles par des manifestants qui ont brisé leurs vitrines et pillé une boutique de téléphonie. La police, qui semblait dépassée par l’affluence et les jeunes radicalisés, a annoncé 25 000 manifestants mais les syndicats revendiquent 80 000 manifestants, soit la plus grosse mobilisation depuis le début du mouvement. La manifestation avait débuté dans le calme mais s’est tendue deux heures plus tard : aux jets de projectiles, les forces de l’ordre ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogène, quasiment en continu. De nombreux individus ont scandé des slogans agressifs contre les forces de l’ordre comme «flics violeurs assassins». A Lorient, la manifestation s’est marquée par des troubles inédits, le commissariat de la ville et les forces de l’ordre ayant été pris pour cibles par des manifestants, en grande partie des jeunes au visage dissimulé. Des vitres du bâtiment, voisin de la sous-préfecture, ont été cassées par des jets de projectiles et des feux allumés contre le portail, avant que les gendarmes n’interviennent pour disperser la foule.
«Inacceptables attaques et dégradations contre la sous-préfecture et le commissariat de Lorient. Ces actes ne peuvent rester impunis», a réagi sur Twitter le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Des membres de forces de l’ordre blessés à Rennes, le syndicat Force Ouvrière a annoncé 35 000 participants, 22 200 selon la préfecture. Les premiers heurts ont éclaté entre jeunes masqués et encapuchonnés, qui s’étaient postés en amont de la tête du cortège. Des tirs de grenades lacrymogènes ont répondu aux jets de projectiles et feux de poubelles se sont répondus rapidement. Un bilan provisoire de la préfecture d’Ille-et-Vilaine fait état d’un manifestant de 41 ans qui aurait subi un traumatisme au genou, ainsi que trois membres des forces de l’ordre auraient été impactés par des jets de projectiles. Quatre personnes ont été interpellées. De nombreuses vitrines et abribus ont été vandalisés. Après la fin de la manifestation, de petits groupes se sont dispersés dans le centre historique pour poursuivre les dégradations. A Paris, où la CGT a annoncé 800 000 manifestants, des violences ont rapidement éclaté en tête de cortège : pavés, bouteilles et feux d’artifice lancés sur les forces de l’ordre, vitrines et abribus brisés et feux de poubelles.

La censure populaire
«La première consigne, c’est que chacun et chacune garde son sang-froid mais ne se laisse intimider d’aucune façon», a lancé Jean-Luc Mélenchon à Marseille, dénonçant un président jouant la stratégie de la paralysie, de la provocation et du chaos. Après sa verte critique à l’encontre de l’intervention télévisuelle d’Emmanuel Macron le 22 mars, Jean-Luc Mélenchon a adressé un message de soutien aux manifestants ce 23 mars depuis Marseille. Appelant chacun à jeter toutes ses forces dans la bataille contre la réforme des retraites, le leader de La France insoumise a ironisé sur ceux qui : «Il n’y a pas de violence dans le mouvement que nous sommes en train de vivre et qu’il y ait ici ou là quatre ou cinq poubelles qui brûlent n’est rien par rapport à ce qu’on a vu dans le passé.» L’ancien candidat à la présidentielle a demandé aux manifestants de ne se laisser intimider d’aucune façon face à un Emmanuel Macron qui jouerait la stratégie de la paralysie, de la provocation et du chaos. Réaffirmant que ce qui pourrait surtout empoisonner le pouvoir, c’est un peuple intensément mobilisé et franchement radicalisé dans son opposition à la réforme de la retraite à 64 ans, Jean-Luc Mélenchon a appelé les manifestants à continuer à maîtriser les formes de leur action. Ceci s’appelle la censure populaire. Parallèlement, l’Insoumis a dénoncé un chef de l’Etat et un gouvernement qui voudraient mettre en place un état de droit conditionnel et conditionné, rapporte la presse «on ne peut pas vivre dans un pays où on a la liberté de participer à des rassemblements sauf si il y a une arrestation préventive, dans un pays où s’applique le droit de grève sauf si le préfet décide de réquisitionner», comme cela a par exemple été fait par la préfecture de police des Bouches-du-Rhône au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer, près de Marseille. Une certitude pour Jean-Luc Mélenchon : «Le soi-disant essoufflement du mouvement n’aura pas lieu, les gens ne céderont pas, même si vous leur parlez avec autant d’arrogance, ils ne baisseront pas le nez. Ceci s’appelle la censure populaire», a-t-il conclu lors de son intervention sur le Vieux-Port, avant le départ de la manifestation, en référence à la motion de censure rejetée de justesse le 20 mars à l’Assemblée nationale, à neuf voix près. A Marseille, les transports sont perturbés et un des sites de l’université d’Aix-Marseille, près de la gare Saint-Charles, est bloqué par des étudiants. Un cortège fourni a commencé à s’élancer. Sur la coupole de la cathédrale de la Major, près de la mer, une banderole a été apposée : «Grève générale», explique-t-on.
Oki Faouzi