La police parisienne a utilisé des gaz lacrymogènes lors des émeutes

Réforme des retraites

Un groupe de radicaux a commencé à jeter des pierres et des bouteilles sur les policiers lors d’un rassemblement dans la capitale française organisé contre la réforme des retraites, rapporte un journaliste de TASS se trouvant sur place.Les affrontements ont commencé à environ un demi-kilomètre du point final de la marche, la place de la Nation. Les radicaux ont mis le feu à des poubelles et ont commencé à lancer des pierres, des bouteilles, des pétards et des torches sur les forces de l’ordre. La police a répondu par des gaz lacrymogènes et a commencé à arrêter les participants les plus actifs aux émeutes.
Des représentants d’associations radicales ont brisé plusieurs vitrines de banques sur le parcours des colonnes de manifestants. Par ailleurs, des casseurs ont tenté de s’emparer des téléphones et des micros des journalistes qui se déplaçaient avec les manifestants.
Gérald Darmanin, ministre français de l’Intérieur et de l’Outre-mer, a déclaré que quelque 13 000 policiers et gendarmes, dont 5 500 à Paris, assuraient la sécurité des rassemblements dans tout le pays.

Histoire de la réforme des retraites
Depuis 1982 où sous la présidence du socialiste François Mitterrand, l’âge légal de départ à la retraite a été baissé de 65 à 60 ans (en France, ce paramètre est le même pour les hommes et les femmes), le gouvernement français a tenté plus d’une fois de réformer le système des retraites en prenant en compte la hausse de l’espérance de vie et du nombre de retraités. Cependant à chaque fois, la proposition de réformer le système des retraites se confrontait à la résistance des syndicats et de la société. Ainsi en 1995, sous la présidence de Jacques Chirac, la tentative entreprise par le gouvernement d’Alain Juppé a échoué. Après quelques mois de grèves, le gouvernement Juppé a donné sa démission. En 2003 malgré une vague de manifestations, le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin a réussi à prolonger la durée de cotisation nécessaire pour les salariés de 37,5 à 42 ans. En 2010, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, l’âge légal de départ à la retraite a été prolongé de 60 à 62 ans, une première en France en 28 ans. Le président suivant, le socialiste François Hollande, a su obtenir en 2012 l’annulation partielle de la réforme impopulaire de Nicolas Sarkozy en baissant de deux ans l’âge de départ à la retraite pour les personnes ayant commencé à travailler à 18 ou à 19 ans.

Réforme d’Emmanuel Macron
Emmanuel Macron a promis de mener une réforme des retraites peu après son élection en 2017 mais le projet a été gelé à cause de la pandémie de 2020. Les grandes lignes de la réforme ont été présentées le 10 janvier 2023 par la Première ministre Élisabeth Borne. La réforme prévoit l’augmentation de l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans vers 2030 (avec un prolongement progressif de trois mois par an). Les salariés effectuant un travail dur garderont leur droit de partir à la retraite plus tôt. Ainsi, aujourd’hui, les policiers, les gardiens de prison, les contrôleurs aériens font partie de ceux qui peuvent prendre leur retraite à 52 ans. À partir du 1er septembre 2023, le montant minimum garanti de retraite sera de 85% du salaire minimum, soit 1 200 euros (actuellement, il est de 75%). À partir de 2027, pour pouvoir toucher la retraite complète, les salariés devront verser les cotisations nécessaires pendant 43 ans au lieu de 42 ans. La réforme prévoit également d’annuler des régimes spéciaux dans plusieurs domaines, notamment pour les cheminots, les salariés des secteurs énergétique et gazier et pour ceux de la Banque centrale. Ce changement ne concernera que de nouveaux employés).
Le 16 mars, la version finale de la réforme a été approuvée par le Sénat. Le même jour, par crainte que le projet de loi ne soit pas approuvé par l’Assemblée nationale, Élisabeth Borne a eu recours à l’article 49.3 de la Constitution en engageant sa responsabilité sur le texte de la loi. Cette procédure spéciale permet de considérer le projet de loi comme adopté si les députés ne votent pas une motion de censure dans les 24 heures qui suivent.

Réactions dans la société française
La réforme a provoqué une vague de protestations dans tout le pays. Les premières manifestations ayant rassemblé entre 1,1 et 2 millions de personnes ont eu lieu le 19 janvier 2023. Ensuite les Français sont descendus dans la rue le 31 janvier, le 7 et le 11 février, le 7, le 11, le 15 et le 23 mars. La dernière manifestation a réuni entre 1 et 3 millions de personnes. Les manifestations les plus importantes se sont déroulées à Paris, Bordeaux et Strasbourg. Selon les sondages, deux tiers des Français s’opposent à la réforme mais tout en étant certains qu’ils ne seront pas entendus par le gouvernement.

Position du gouvernement
Le président Emmanuel Macron explique la nécessité d’augmenter l’âge de départ à la retraite par la hausse de l’espérance de vie et du nombre de retraités aussi bien que par la nécessité de réduire les paiements pour trouver les ressources afin de financer d’autres réformes. Selon les autorités, en 2030, le nombre de retraités passera de 17 à 20 millions, et la pénurie du budget destiné au financement des retraites oscillera entre 15 et 20 milliards d’euros.

Le blocus d’une faculté
à Bordeaux perdure
À l’entrée de la faculté de la médecine de l’université Bordeaux située sur la place de la Victoire, une centaine de jeunes portant des foulards qui cachent leurs visages montent la garde et réagissent agressivement à tous ceux qui tentent de les interpeller. Tous ne sont pas étudiants de l’université : nombreux sont ceux qui ne parlent même pas français, ils viennent d’autres pays européens.
Un correspondant de TASS a réussi quand même à pénétrer dans le bâtiment pour parler à l’un des perturbateurs de l’ordre qui a répondu à ses questions sous couvert d’anonymat. Selon ce dernier, le blocus de la faculté continue en vue de protester contre la réforme des retraites imposée par le gouvernement sans recours au vote parlementaire.
À l’intérieur de la faculté, les murs sont couverts de graffiti, des déchets traînent partout.
Les radicaux revendiquent occuper l’édifice depuis le 15 mars. L’administration de l’université se dit être en train de chercher une issue de cette situation.
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