Zemmouri El Bahri ou le Port aux poules

Boumerdès

Jamais les terres relevant des domaines forestiers n’ont attisé autant de convoitises que ces dernières années, et c’est justement dans la forêt de Sidi Ahmed Bel-Abbès, située du côté Est de la localité de Zemmouri El Bahri, celle que l’on surnommait à l’époque coloniale «le Port aux poules», une forêt allant jusqu’à la limite de Cap-Djinet et auquel les services de la Conservation des forêts de la wilaya de Boumerdès et de l’antenne de Bordj-Ménaïel doivent intervenir pour mettre fin aux actes de détournement et de squat des terres relevant des domaines forestiers et les constructions illicites.

Le phénomène a pris des proportions inquiétantes et énormes menaçant l’existence même des forêts, des individus aux visées expansionnistes et malsaines n’hésitent pas à perpétuer des véritables massacres sur la flore (les arbres et les forêts) en abattant des centaines, voire des milliers d’arbres, qui sont généralement constitués de chêne-liège, de chêne-vert et de pins d’Alep, trois espèces d’arbres forestiers qui prédominent dans les forêts de Sidi-Ahmed Bel-Abbès où repose le saint vénéré (pas très loin du douar Allal), et ce dans l’optique de transformer en un laps de temps un lieu boisé» et respirant» la verdure et la beauté en un endroit dégarnit «désertique» et désolant. De ce fait, il est constaté l’apparition de clairières en pleine forêts. Ces terres squattées sont transformées en propriétés privées par les squatteurs croyant échapper à la force de la loi.
L’écosystème maritime est menacé, pire encore, des terrains forestiers ont vu l’érection de constructions grand building et pour en revenir au passé, jusqu’à présent obscure alors que les premiers concernés face à ce problème sont les directeurs des Domaines, du Cadastre, de la Conservation foncière de Boumerdès qui n’ont rien fait pour protéger les biens de l’Etat… Dans quelques années, la forêt de Sidi-Ahmed Bel Abbès n’existera plus, les menaces sur le littoral est soulevées, et le phénomène des constructions illicites a pris des proportions inquiétantes menaçant la pérennité et l’existence même des forêts, d’après des sources bien fondées.
Des PV ont été dressés par des agents habilités à constater les infractions : les APC sont interpellées par ailleurs que les prérogatives du service de l’urbanisme sont limitées et ils agissent selon le décret 06-55 du 30 janvier 2006 fixant les conditions et les modalités de désignation des agents habilités à rechercher et constater les infractions à la législation et la réglementation en matière d’aménagement et d’urbanisme. En l’absence de sanctions fortes, les contrevenants sont de plus en plus nombreux à agir dans l’illégalité en défigurant l’aspect urbanistique et l’harmonie de notre environnement. Ne massacrez plus nos forêts s’il vous plaît !
En 1883, une pétition d’une notable fraction des habitants de Zemmouri demandait à ce que le territoire de la colonie soit érigé en commune distincte de celle de Si-Mustapha (Blad Guittoune). En date du 21 décembre 1885, le conseil municipal de Si Mustapha proposa d’ériger Zemmouri en commune et donna au centre le nom de Courbet en hommage aux services rendus par l’amiral Amédée Courbet (1827-1885), pendant l’expédition du Tonkin- cette décision fut approuvée par le décret présidentiel du 7 avril 1886, Zemmouri devint ainsi Courbet, une commune à part entière ne dépendant plus de Si-Mustapha qui, cette dernière, avait pris entre-temps du Président Felix Faure avec à sa tête, un maire, le premier qui fut élu était Ferdinand Moullet qui remplaça l’adjoint spécial M.Real et un conseil municipal composé de 5 conseillers européens et 5 conseillers indigènes, allusion faite à nos compatriotes Algériens. Les villes rattachées à la commune de Thenia (ex-Menerville) de 1962 à 1984 sont Thenia (Menerville) Souk El Haad, Tidjelabine (Belle fontaine) Si-Mustapha (Felix faure) Zemmouri (Courbet) et Boumerdès (Rocher noir). L’expédition du Tonkin est une suite d’opérations militaires françaises opérées sous la troisième république afin de poursuivre l’expansion coloniale en Asie du Sud Est et de mettre un terme aux attaques chinoises, elle constitue un élément du conflit avec la Chine. A la naissance de la troisième République, la France possède déjà en indochine par le traité de 1862 avec l’empereur Tu Duc, trois provinces du sud de l’actuel Viet-nam qui forment la Cochichine française et bénéficie également de l’ouverture au commerce français de trois ports en Annam (Actuel Viet-nam). Durant les trois longues années de guerre franco-chinoise de 1883-1885, les marins de l’escalade par l’amiral Courbet, les soldats de l’infanterie de marine, des escadrons de spahis et chasseurs d’Afrique, des bataillons de Zouaves, de tirailleurs algériens et les légionnaires placés sous les ordres des généraux Millot, puis de Courcy opéreront au Tonkin en Anam et en Chine impériale. Courbet était un petit hameau qui prit le nom de Calanove et qui était plus connu par le port aux poules. Après la venue en 1830 des Français en Algérie plutôt l’agression barbare des français sur la Berberie de l’Algérie mettant un terme sur 315 ans de présence turque, c’était au tour d’un autre envahisseur qui avait pour nom la France, une présence qui dura de 1830 à 1962 (130 ans de colonisation, d’injustice, de mépris et de tuerie) laissons cela à l’histoire et revenons à Courbet, cette ville cotière qui doit son nom à Amédée Proper anatole Courbet ( 1827-1885) un Amiral qui a établi le protectorat sur l’Annam (Viet-Nam)- Après la venue en 1830 des Français en Algérie, le littoral algérien attira des marins pêcheurs émigrés qui par leur travail et leurs persévérances en firent des zones de pêches de grandes renommées. Vers 1914, des Balancelles et des tartanes pratiquait la pêche « aux bœufs » bien loin de l’est d’Alger, les pêcheurs découvrirent au large d’une plage, un nouveau parcours de traine (ou cale) pour leurs filets dont les prises s’avérèrent riches et très abondantes de poissons de fond mais aussi de surface comme les sardines et les anchois. Aussitôt, ces heureux pêcheurs baptisèrent ce lieu Cala Nove, qui veut dire en patois napolitain Nouvelle cale. Cette appellation persiste encore parmi les autochtones pour désigner la plage de Courbet marine, signalons que le mot cale était certainement employé par les maîtres de pêches de chalutiers algérois pour décrire un parcours de traine de leurs filets sur le fond de la mer, ne pas confondre avec la cale, partie la plus basse de l’intérieur d’un navire, comme le secret n’existe pas dans la pêche, les pêcheurs de lamparos du port d’Alger, pour la plupart originaire de la petite ville « Cetara » dans le golfe de Naples apprirent bien vite la présence de cet endroit de sardines et d’anchois dans la salaison était leur spécialité sur cette plage pour entreprendre une saison de pêche et c’est ainsi que venant d’Alger par la mer, les premiers pêcheurs débarquèrent à Courbet –Marine, autrefois port aux poules. A l’époque, aucune route carrossable ne desservait cette plage, ou au début, les pêcheurs s’abriteront dans des baraques de fortunes dépourvues de tout confort que des fonctionnaires français qualifièrent de gourbis. Dès la fin de la guerre mondiale 1914-1918, Courbet ville était devenue une commune de plein exercice (1872), la forêt du Sahel ou plus communément la forêt de Zemmouri abrite un écosystème dual unique en Algérie, ce patrimoine écologique appelé forêt du Sahel recèle une faune caractéristique des lieux ainsi qu’une flore distinguée, l’existence d’une nappe phréatique qui se trouve à 4 mètres de profondeur dont le site qu’est la forêt de Zemmouri El Bahri, la superficie de bois d’environ 1000 hectares abrite l’hippodrome de Zemmouri, un village de 295 bungalows, divers centres de colonies de vacances, la forêt du Sahel est menacée par le défrichement sauvage. La ville de Zemmouri ou de Zemmouri El Bahri a été frappée de plein fouet lors du séisme du 21 mai 2003, l’épicentre du tremblement de terre s’est situé à quelques kilomètres à l’intérieur de la mer et à causé beaucoup de dégâts matériels causant la mort à des milliers de personnes dans toute la wilaya de Boumerdès. C’est une ville qui a vu beaucoup de maisons, de bâtiments s’effondrer, entre autre l’hôtel de Mairie, un patrimoine légué par la colonisation et qui tarde jusqu’à ce jour à être reconstruit. Zemmouri est l’une des localités les plus proches de l’épicentre et a donc énormément souffert du séisme du 21 mai 2003. C’est une localité qui tarde à se reconstruire.

Kouider Djouab