France de Macron Un régime sécuritaire bâti sur la répression

En France, les officiants de l’appareil répressif ont toujours eu le sens de l’ordre avant celui de la légalité, le sens de l’État avant le souci du citoyen ». Philippe Boucher

Aussi, en France, assistons-nous à la banalisation de la répression, à la généralisation des violences policières. Ces exactions et brutalités policières ne sont en rien une exception. En France, les contrôles et interpellations de la police « démocratique », notamment contre les jeunes ou les immigrés, s’effectuent quotidiennement avec des méthodes vexatoires et avilissantes, dans le mépris de la loi et de la personne, assorties des coutumières insultes racistes et propos humiliants.
Certes, initialement, les répressions policières violentes s’étaient exercées, en guise d’expérimentation et d’entraînement, uniquement contre les marges de la société, les couches pauvres des cités populaires, notamment contre les jeunes livrés à eux-mêmes, sans emploi ni perspective d’insertion professionnelle, horizon devenu, aujourd’hui, en France la norme. Cependant, avec l’aggravation de la crise économique et sociale sur fond de précarisation et de paupérisation des classes moyennes désormais en pleine prolétarisation mais, également, régulièrement en pleine agitation sociale, ces répressions se sont étendues de plus en plus à l’ensemble de la population laborieuse fréquemment mobilisée pour protester contre la dégradation de ses conditions de vie et de travail.
Ainsi, en France, après avoir sévi longtemps contre les manifestations politiques et les quartiers populaires en ébullition, les répressions policières se sont généralisées à toute la « société civile » mobilisée dans les mouvements sociaux. Elles s’abattent désormais sans distinction sur tous les rassemblements et manifestations, quel que soit le but des revendications. Comme on l’observe actuellement à la faveur des mobilisations contre la réforme des retraites.
Ainsi va la société sécuritaire française, fondée sur une insécurité sociale et économique généralisée. Incapable de nourrir sa population paupérisée, le gouvernement Macron est réduit à la nourrir de terreur, de matraques et de LBD, de restrictions de ses libertés et de répressions généralisées. Quoi qu’il en soit, le renforcement de l’usage de la force contre les manifestants est un aveu de faiblesse de la bourgeoisie française sénile, incapable de perpétuer le règne de sa domination sans répression systématique. Avec l’approfondissement de la crise économique et sociale doublée de son lot de chômage et de misère, le gouvernement Macron n’ignore pas que les prolétaires ne demeurent jamais inactifs. Leur imminente riposte sera à la hauteur de leur détresse sociale : radicale. Dans un article publié par l’hebdomadaire Challenges, ce média rapporte la terreur qu’inspire au président Macron la crise multidimensionnelle actuelle : « L’exécutif est tétanisé par le risque d’explosion sociale », écrit Challenges. De là s’explique le durcissement autoritaire du pouvoir, le récent « tournant répressif » du gouvernement Macron.
Au reste, le régime macronien a profité de la pandémie de Covid-19 pour accentuer son volet répressif dans les quartiers, les espaces publics, les transports. Et contre les manifestations. À cet égard, il est important de rappeler qu’entre 2015 et 2022, la population française aura été soumise au régime de l’état d’urgence plus de la moitié de ces six années. Preuve de la militarisation de la société française, illustrée avec la gestion sécuritaire de la crise sanitaire : dès l’apparition de la pandémie, Macron avait érigé le Conseil de défense (où siègent des généraux) en organe de direction politique de la gestion de la crise, transformant le Conseil des ministres en simple instance de figuration, et l’Assemblée nationale en simple chambre d’enregistrement (aujourd’hui chambre de figuration, à observer le rythme effréné de lois votées par le recours au despotique 49.3, ce dispositif dictatorial « constitutionnel » dégainé systématiquement par le cow-boy Macron, ce vacher du Capital atlantiste, aussi prompt à user de l’arme coercitive et répressive pour faire plier « son peuple » que l’arme exécutive 49.3 pour neutraliser l’Assemblée nationale. Avec la loi « sécurité globale », les institutions étatiques disposent désormais d’instruments technologiques sophistiqués pour intensifier le contrôle de la population française, dignes des pays totalitaires comme la Chine. Cette loi « sécurité globale » va permettre la généralisation de technologies de surveillance, notamment par la densification du quadrillage des populations grâce à la mobilisation de drones, l’usage massif de caméras et de technologies de reconnaissance faciale. Symptomatique de la tournure despotique du régime français, même l’ONU, ordinairement chargée à se prononcer sur les violations des droits humains dans les pays dictatoriaux, a déclaré que la Loi globale est « incompatible avec le droit international des droits de l’Homme ».
De toute évidence, les mois de confinement avaient constitué un terrain d’expérimentation idéal à la militarisation de la société française. En effet, les périodes de confinement totalitaire furent accompagnées d’un durcissement autoritaire du comportement de la police. Ces multiples confinements pénitentiaires dessinèrent les prémices de la future société spartiate fondée sur le triptyque « boulot, métro/auto, dodo », sur fond de limitation stricte des droits de circulation, de manifestation et de réunion des personnes, voués à se généraliser et pérenniser en France.

La France de Macron : système militaro-sécuritaire construit sur la rente impérialiste
Dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire et la proposition de loi sécurité globale, la dérive autoritaire du gouvernement Macron devient flagrante. Le gouvernement français ne dissimule plus ses projets liberticides : trois décrets furent publiés en décembre 2020 permettant le fichage des personnes en raison de leurs « opinions politiques, des convictions philosophiques, religieuses ou une appartenance syndicale », décrets entérinés par le Conseil d’État le 4 janvier 2021. Ainsi, la police et la gendarmerie pourront ficher les opinions politiques, les convictions philosophiques, religieuses, l’appartenance syndicale et données de santé au nom de la « sûreté de l’État ». Le spectre de Big Brother est ressuscité, symbole de l’État totalitaire et du contrôle drastique des libertés et de la vie privée, dont la devise est « Big Brother is watching you » (« Big Brother vous regarde »). Bienvenue dans la France despotique de Macron. Le scénario du futur drame de la France pourrait s’intituler : Silence, on vous surveille ! Motus, on vous réprime !
En tout état de cause, la crise sanitaire tout comme le confinement constituèrent, plus qu’un révélateur, un aggravateur des clivages sociaux. Et la loi sur le séparatisme, intervenue dans une période de crise économique et sociale aiguë, n’est pas innocente : elle permet de diviser le front des exploités (du prolétariat de France d’origine et d’obédience diverse), de jeter à la vindicte populeuse raciste les « citoyens » d’origine étrangère, les populations de confession musulmane.
Force est de constater que la militarisation de l’État français s’explique par sa crainte d’une explosion sociale, et non par les menaces (fantasmagoriques) terroristes islamistes (par ailleurs politiquement instrumentalisées par le pouvoir). Actuellement, en France, la militarisation de la société se manifeste par l’armement des polices municipales (véritables milices), le suréquipement des forces de l’ordre, la multiplication des caméras de vidéos surveillance dans les lieux publics, la modernisation de tout l’arsenal répressif : armes, blindés, renseignements. En l’espèce, pour la bourgeoisie française décadente apeurée, dans un contexte de tensions sociales accrues, il s’agit de l’adaptation de son appareil répressif aux futures imminentes luttes sociales, affrontements de classes.
Sans nul doute, avec l’aggravation de la crise économique, l’augmentation exponentielle de la misère et du chômage, le prolétariat et ses jeunes générations sacrifiées n’auront pas d’autre choix que de s’engager dans la lutte pour défendre leurs conditions de vie et de travail dramatiquement dégradées, comme on le constate avec la relance du mouvement de lutte actuel. Immanquablement, ces prolétaires se heurteront, lors des manifestations et protestations, aux forces de l’ordre de l’État.
C’est dans cette perspective d’affrontements de classe qu’il faut inscrire la politique d’augmentation exponentielle des budgets de la police et de l’armée.
Après la phase de militarisation de la répression exécutée avec des instruments de neutralisation technologiques rudimentaires, l’État français rentre désormais dans la phase de la répression militaire opérée avec des moyens matériels et humains exceptionnellement sophistiqués et meurtriers.
(A suivre…)
Khider Mesloub