Claude Puel entraîneur malgré lui

Dans un entretien à Onze Mondial

,Il est considéré comme l’un des entraîneurs français les plus réputés. Claude Puel cultive son côté atypique. Devenu coach sans le vouloir, le natif de Castres comptabilise près de 1.500 matches à son actif dont 600 comme joueur. Éloigné des bancs depuis son départ de l’AS Saint-Étienne, le technicien passé par Monaco, Lille, Lyon, Nice, mais aussi la Premiere League (Southampton et Leicester) en a profité pour dévoiler son autobiographie «Libre». En attendant de retrouver un banc, «CP» s’est prêté au jeu de «L’instant tactique» avec Onze Mondial.Il n’a jamais eu comme objectif de devenir entraîneur. Et pourtant, il finira par l’être. Comment a-t-il réussi ce pari surprise ? «Je n’avais pas d’idée préconçue pour devenir footballeur professionnel. Je ne pensais pas en faire mon métier et encore moins devenir entraîneur». Les aléas ont fait que… son premier contrat est signé avec Monaco et tout a démarré. Quelques semaines de formation puis le voilà devenu entraîneur adjoint avant de décrocher le titre d’entraîneur principal. Un parcours riche en expériences, lui qui n’était pas destiné à être entraîneur, son souhait était plutôt de devenir directeur du centre de formation de l’AS Monaco. «C’était le deal avec le président Campora. Finalement, ça ne s’est pas fait pour différentes raisons. Jean Tigana m’a ensuite emmené dans son staff. J’ai commencé comme préparateur physique. Je n’ai jamais été dans la perspective de faire carrière à ce poste».

Il n’y pas d’exclusivité aux anciens joueurs
Puis vint le moment où il découvre que «beaucoup d’entraîneurs de haut niveau n’ont pas vécu de carrière de joueur». Il estime alors que «ce n’est pas une obligation. Souvent, ce sont des gars qui n’ont pas fait carrière… Donc non, il n’y pas d’exclusivité aux anciens joueurs pour ce métier. Mais, dira-t-il, c’est positif, ça permet de voir différentes approches du football».
Les joueurs ont besoin de communiquer
Il reconnaît que la mission de l’entraîneur n’est pas de tout repos. Pour réussir, il faudrait, selon lui, qu’il soit psychologue… car les générations évoluent, la société évolue, les joueurs évoluent. Ils ont besoin de plus de compréhension, devait-il insister. L’entraîneur est celui qui doit ramer à contre-courant. Il a une somme d’individualités à sa disposition et il doit composer un collectif. Il doit penser collectif et leur faire penser collectif. C’est toute la difficulté du métier d’entraîneur. Un peu loin dans cette interview, il donne les raisons pourquoi faudrait-il des staffs élargis dans un club «chaque joueur a besoin d’être considéré, il a besoin qu’on s’occupe de lui pour l’aider à s’imposer et s’intégrer dans le collectif.»
Les causeries sont indispensables
Les causeries ? Pour lui «il ne faut pas être répétitif. Elle se prépare plus ou moins en avance. Beaucoup de choses peuvent entrer dans une causerie. On peut rappeler des principes travaillés et préparés par rapport à un adversaire. On peut aussi jouer sur le côté solennel. Une causerie n’est jamais identique.» Il insistera sur le fait qu’elle soit vraie. «La causerie d’avant-match est faite de motivation et de rappels des principes. La causerie de la mi-temps est très importante, elle sert à corriger des détails, corriger des principes ou rameuter. La causerie d’après-match permet aux joueurs d’avoir une vue d’ensemble de leur prestation pour ne pas les laisser partir devant les médias sans aucun élément». L’autre facette importante est celle d’après-le match où les joueurs peuvent être sollicité pour des déclarations, à ce sujet il dira «si on questionne les joueurs après un match sur leur prestation individuelle ou collective, il peut y avoir beaucoup de différences dans les analyses selon la maturité des joueurs. C’est important de sortir du vestiaire avec le moins de divergences possibles. Il faut des réponses communes pour avancer ensemble».
La nouvelle génération
et les réseaux sociaux
«C’est quelque chose de difficile à gérer. La nouvelle génération est née avec ça. Moi, je ne suis pas né avec ça, et je n’y suis jamais allé (rires). Ça m’a simplifié la tâche. Les joueurs sont assidus à ce genre de choses. Et parfois, ça peut être difficile, car il y a énormément de méchanceté là-dedans». Il trouve que «les jeunes joueurs sont beaucoup plus prêts à réaliser des choses tôt. Ils sont désinhibés par rapport à la pression, par rapport à l’attente, ils ont envie de débuter très vite en professionnel. Ils affichent une certaine maturité dès qu’ils disputent leur premier match. Mais à contrario, je trouve qu’ils sont plus fragiles, car ils sont sujets à tellement de pression, notamment avec les réseaux sociaux. C’est dire qu’ils ont besoin d’être entourés, soutenus».
Synthèse de H. Hichem