Tout a commencé avec l’alerte de Fodil Ourabah

Récupération d’un manuscrit rare

Les autorités algériennes ont récupéré un manuscrit islamique rare qui remonte à 1659 dont les autorités coloniales se sont accaparées en 1842, a indiqué, mercredi, un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger.

Le ministère «porte à la connaissance des Algériennes et des Algériens à l’intérieur et à l’extérieur du pays que les autorités algériennes ont réussi à récupérer un manuscrit islamique rare qui remonte à 1659 dont les autorités coloniales se sont accaparées en 1842, après une attaque menée par l’armée française contre l’Emir Abdelkader dans les montagnes de l’Ouarsenis», lit-on dans le communiqué.
La récupération de ce manuscrit «de haute valeur historique et d’une grande symbolique, a été rendue possible grâce à la conjugaison des efforts des pouvoirs publics, sur orientations directes du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, ainsi qu’aux membres de notre communauté en France qui se sont mobilisés, animés d’un haut sens de patriotisme, pour empêcher la vente aux enchères de ce manuscrit», affirme le communiqué.
En fait, tout a commencé par l’alerte lancée le 5 mars par Fodil Ourabah, un journaliste algérien qui vit en France: «Appel pour bloquer une vente aux enchères de manuscrits historiques algériens datant de 1620, volés en 1842 par la France la vente est prévue le 11 mars 2023 à Vannes (France). la France veut gommer notre mémoire, l’Algérie doit réagir en urgence», écrivait-il sur son mur Facebook. Journaliste professionnel, son information était précise : «Ce manuscrit est au catalogue d’une vente aux enchères qui aura lieu samedi prochain 11 mars à Vannes en France. Il s’agit d’un ouvrage de jurisprudence de l’École Chafiïte rédigé en 1620 par El Hadi Abou Sourour El Abadi. Un colophon indique le nom du copiste, Mohamed Ben Qassim Ben Aissa, et la date d’achèvement de la copie, le 20 Safar 1070 correspondant au 6 novembre 1659».
Il ajoutait : «Une note rédigée en 1842 (dans le «français» de l’époque) dans une calligraphie médiévale et dans un style ampoulé, triomphal et prétentieux accompagne ce manuscrit et
indique sa provenance» et publiait cette note. Une information complète, il ne restait plus aux autorités algériennes qu’à intervenir, d’autant que Fodil Ourabah terminait son message par des paroles instantes et suffisamment éloquentes : «Vous qui me lisez, observez ces photos, regardez bien ces feuillets incomplets, rescapés des flammes, ils sont le seul vestige qu’il reste d’une tragédie muette et d’un drame recouvert par l’oubli.»
«Les autorités algériennes qui apprécient hautement ce sursaut nationaliste qui honore les membres de notre communauté à l’étranger, saluent en eux leur esprit nationaliste élevé et leur attachement à l’histoire de leur pays et au patrimoine de leurs grands aïeuls, et rappellent que la récupération de ce manuscrit et son rapatriement au pays, s’inscrivent dans le cadre des efforts inlassables et des démarches continues que les plus hautes autorités du pays n’ont eu de cesse de déployer, en vue de récupérer tout le patrimoine algérien spolié, par souci de préserver et de sauvegarder la mémoire nationale», ajoute la même source.
«Il s’agit d’un objectif suprême qui revêt une dimension souveraine et constitue une priorité absolue parmi les engagements du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, d’édifier une Algérie Nouvelle fidèle aux sacrifices des chouhada et aux valeurs et principes du message de Novembre», a conclu le communiqué. Sur Facebook, Mohamed Zaoui, lui aussi ancien journaliste, a rappelé comment Fodil Ourabah a, depuis sa ville natale en Algérie, lancé la première mise en garde et notification concernant ce manuscrit l’accompagnant d’une fiche technique et d’un texte présentant l’histoire de ce manuscrit et son contexte historique.
Il a montré également comment les sites algériens et arabes ont copié son texte sans mentionner son nom. Mohamed Zaoui dit avoir essayé, via Facebook, de rendre justice à Fodil Ourabah, qui est à l’origine de cet événement.
En soulignant les qualités humaines que tous ses amis connaissent à Fodil Ourabah, il demande qu’il soit cité nommément et que l’on mette en évidence son action qui a été à l’origine de l’intervention des autorités pour récupérer le manuscrit.
Lakhdar A.