Un retour à l’importation encadré

Tayeb Zitouni revoit certaines mesures concernant l’importation

Les opérations d’importation, à préciser, des produits non fabriqués localement
et qui ne répondent pas à la demande nationale sont relancées. Les licences d’importations sont disponibles et téléchargeables depuis le mercredi 5 avril 2023 via la plate-forme numérique dédiée à cet effet, et les opérateurs économiques concernés peuvent procéder à la domiciliation bancaire de ces licences dès aujourd’hui. C’est ce qu’a annoncé le ministère du Commerce et de la Promotion des exportations dans un communiqué rendu public, il y a quelques jours.
Cette annonce intervient, seulement, quelques jours après les nouvelles directives données par le ministre de tutelle, Tayeb Zitouni en vue de faciliter les procédures d’importation et libérer les marchandises au niveau des ports destinées aux usines, à la production. Cette dernière permettra de renforcer la disponibilité des produits sur le marché, de réguler les prix et d’exporter. L’assouplissement de certaines procédures d’importation ne signifie pas l’abandon de dispositif de recadrage des importations visant à réorganiser le secteur, mettre un terme à l’anarchie et réduire la facture des importations.
Pour rappel, l’Etat a décidé, en 2022, de durcir davantage les conditions d’exercice de l’activité d’importation en vue de réorganiser le secteur des importations n’autorisant que l’importation des produits non fabriqués localement ou qui ne couvrent pas les besoins du marché. En parallèle, encourager la production nationale et l’exportation. C’est ce qu’a affirmé, le 27 mars dernier, le ministre de tutelle, Tayeb Zitouni, lors de son passage au Forum de la Radio algérienne assurant, à l’occasion, que «tous les produits achetés, domiciliés et autorisés, notamment les matières premières et les intrants doivent être libérés dans les meilleurs délais au vu de leur impact sur la production nationale». Il avait affirmé que les «les Douanes seront contactées à ce sujet».
Le constat est vite fait. Le marché national enregistre un ralentissement de sa production en raison de la pénurie des matières premières indispensables pour la fabrication de biens, de produits semi-finis ou finis et la lenteur de traitement des dossiers au niveau des organismes chargés d’examiner et de délivrer les documents nécessaires pour accélérer les opérations d’importations. Le ministre a tenu à rassurer les opérateurs économiques quant à la disposition de son département ministériel à relever les obstacles administratifs constatés, estimant que «la bureaucratie est la raison principale de cette situation». Pour venir à bout de ces obstacles, il a ordonné à l’’Agence nationale de promotion du commerce extérieur (Algex) d’accélérer le traitement des dossiers d’importation en suspens.
Pour rappel, au mois d’avril 2022, le ministère du Commerce avait exigé des importateurs l’obtention d’un document délivré par les services d’Algex, afin de domicilier leurs opérations auprès des banques pour l’importation des matières premières, marchandises et produits destinés à la vente en l’état.
Cette décision a créé l’incompréhension et le mécontentement des opérateurs économiques qui trouvaient déjà des difficultés à exercer leurs activités, en raison de la lenteur de traitement de leur dossier et du retard de sortie de leur marchandises des ports.
A ces déboires s’ajoutent ces nouvelles restrictions qui ont affecté leur rythme de production et encouragé la hausse des prix et la spéculation. Ce dispositif de recadrage d’importations a permis de réduire la facture des importations pour la revente en l’état de 5% en 2022, selon les chiffres avancés le 3 avril dernier par Souhila Abellache, chargée d’études et de synthèse auprès du Cabinet du ministre du Commerce, lors de son passage sur les ondes de la Radio algérienne. La facture des importations pour la revente en l’état était de 13 milliards et demi en 2022 contre plus de 14 milliards en 2023. Cette baisse s’est, par ailleurs, répercutée sur la production de certaines entreprises, notamment, les petites et moyennes, qui n’étaient pas en mesure d’acheter les intrants (agricoles, sidérurgiques…)
Les PME ont besoin de matières premières, notamment, transformées pour poursuivre et renforcer leurs activités. Les entreprises algériennes ne produisent pas leurs propres intrants. Elles sont dépendantes de l’étranger. D’où l’importance de réfléchir à encourager la production nationale des intrants localement. En attendant, l’importation de certaines matières premières restent indispensables pour produire et répondre aux besoins du marché. Il n’est plus question de tout importer. Le pays a fait de grands progrès et devrait poursuivre ses efforts pour encourager la production locale, mais il faut assurer la disponibilité des matières premières inexistantes sur le marché. M. Zitouni a dû intervenir dans ce sens. En plus d’appeler à accélérer le traitement des dossiers d’importation au niveau d’Algex, il a ordonné «la libération des marchandises et des équipements au niveau des ports, destinés aux usines notamment ceux bénéficiant de licences d’importation ». Samira Takharboucht