L’Occident a déclenché une guerre hybride contre Moscou pour longtemps

RUSSIE/ NOUVELLE DOCTRINE DE POLITIQUE ÉTRANGÈRE RUSSE

La Russie a adopté une nouvelle doctrine de politique étrangère en début d’avril 2023 désignant l’Occident comme une menace existentielle et dont Moscou doit combattre la domination. L’adoption de cette nouvelle stratégie témoigne la profonde rupture qui existe entre la Russie et les pays occidentaux depuis le début de l’opération russe contre l’Ukraine.

Dans un document de plus de 40 pages rappelant par son contenu l’ère de la confrontation entre l’Union soviétique et l’Amérique au siècle dernier, la Russie se pose en muraille du monde russophone face aux Occidentaux accusés de vouloir l’affaiblir par tous les moyens. Lors de la réunion de son Conseil de sécurité nationale, le Président Vladimir Poutine a justifié ces changements par les bouleversements sur la scène internationale qui obligent la Russie à adapter ses documents de planification stratégique. «La nouvelle doctrine relève la nature existentielle des menaces créées par les actions des pays inamicaux désignant les Etats-Unis comme l’instigateur principal et le chef d’orchestre de la ligne antirusse», a résumé le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. «De façon générale, la politique de l’Occident visant à affaiblir la Russie par tous les moyens est caractérisée comme une guerre hybride d’un nouveau genre», a-t-il ajouté aux médias russes. Le nouveau document, qui remplace une version datant de 2016 et a été publié sur le site du Kremlin. Sur la scène du conflit ukrainien, l’Otan a intensifié ses activités près des frontières russes et biélorusses, l’aviation de la Biélorussie a acquis désormais la capacité de réaliser des frappes avec des armes nucléaires. Selon des propos de la Défense russe du 4 avril 2023 cités par l’agence russe, le ministre russe de la Défense lors d’une réunion avec le commandement des forces armées Serguei choigou a indiqué que «une partie des avions d’attaque biélorusses ont acquis la capacité de frapper des cibles ennemies avec des armes nucléaires», la Russie a déjà livré à la Biélorussie un système russe de missiles balistiques de courte portée Iskander-M. Ces mesures sont prises en réponse à l’augmentation de l’état de préparation au combat des forces unies de l’Otan et à l’intensification des activités de reconnaissance de l’Alliance près des frontières de la Russie et de la Biélorussie.

Les objectifs du Kremlin
Le 25 mars 2023 dans un entretien accordé à la chaîne Rossiya 24, Vladimir Poutine a fait savoir que la Russie devrait achever la construction d’un dépôt destiné aux armes nucléaires tactiques russes sur le territoire biélorusse d’ici le 1er juillet 2023. En déployant ces armes en Biélorussie, Moscou fait ce que les États-Unis ont fait depuis des décennies. Le dirigeant russe a souligné que les aérodromes biélorusses abritaient déjà dix avions capables de porter des armes nucléaires tactiques à leurs bords. De son côté, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a noté que les sanctions occidentales n’affecteraient pas les plans de la Russie. Dans ses propos le ministère russe des affaires étrangères révéla que «le conflit en Ukraine aurait déjà pris fin sans l’implication de l’Occident, qui alimente l’armée de Kiev en armements sans lesquels elle ne pourrait pas tenir », dit Serguei Lavrov les livraisons d’armes à l’Ukraine de l’Occident sont responsables de la poursuite du conflit, qui serait terminé depuis longtemps «comme le disent les dirigeants ukrainiens eux-mêmes, sans la livraison continue d’armes de plus en plus offensives à l’Ukraine, ils perdront.
C’est un aveu caractéristique. Cela ne signifie qu’une chose : l’Occident participe directement à ce conflit. Sans cela, il aurait pris fin il y a longtemps», a ainsi expliqué le ministre russe des Affaires étrangères à l’agence cubaine Prensa Latina. L’Occident encourage les autorités ukrainiennes à détruire tout ce qui est russe dans l’histoire, la culture et les traditions du pays. Après les livraisons de chars à l’Ukraine, les Britanniques avaient fourni des munitions à uranium appauvri à Kiev. Des obus décriés pour leurs effets nocifs sur la santé des civils vivant sur les zones de conflit. L’Union européenne, elle-même, avait voté contre l’utilisation de ces munitions en 2008, précisa l’expert béninois Modeste Dossou. La formation de soldats ukrainiens par les forces européennes contribue à alimenter le conflit et se voit de plus en plus décriée. En France, l’ancien eurodéputé Florian Philippot a ainsi déclaré que les formations de pilotes sur des Mirage-2000 constituaient un pas de plus vers l’escalade générale. «Si vous parlez d’une guerre dans un contexte plus large, c’est une confrontation avec des États hostiles, avec des pays non-amicaux, c’est une guerre hybride qu’ils ont déclenchée contre notre pays, alors c’est pour longtemps», a déclaré mercredi dernier à la presse Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin.
«La Russie mène son opération militaire spéciale en Ukraine depuis le 24 février 2022. Son objectif principal est la sécurité des habitants de nouvelles régions russes», a répété le 29 mars Dmitri Peskov. En octobre 2022, la région de Zaporojié, celle de Kherson, ainsi que les Républiques populaires de Lougansk et de Donetsk ont été rattachées à la Russie à la suite d’un référendum, fait-t-on savoir.
Oki Faouzi