Investir dans les cultures stratégiques, une priorité nationale

Le défi de la sécurité alimentaire exige d’accélérer la transformation agricole

L’Algérie veut mener une véritable révolution agraire et développer une agriculture moderne et diversifiée pour répondre aux exigences du marché et assurer sa sécurité alimentaire et renforcer sa souveraineté alimentaire. C’est un défi national à relever, notamment, en ces temps d’incertitude économique au niveau mondial.Les autorités sont aujourd’hui conscientes de l’urgence et de la nécessité de remodeler l’agriculture nationale à travers le renforcement de l’investissement agricole et encourager l’émergence de l’exploitation agricole industrielle. D’où l’impératif de remembrer les exploitations agricoles existantes pour les transformer en grandes exploitations agricoles industrielles modernes et plus rentables.
«Aujourd’hui, la tendance est tournée vers l’investissement et la transformation agricole», a indiqué, hier, sur les ondes de la Radio nationale, le directeur général (DG) du Bureau National d’Etudes pour le Développement Rural (Bneder), Khaled Ben Mohamed, soulignant l’importance du troisième recensement général agricole qui sera lancé au mois d’octobre prochain dans la mise en œuvre de la politique du secteur.
«La profondeur territoriale de l’Algérie nous offre l’opportunité d’engager la nouvelle vision d’exploiter les grands espaces pour asseoir une agriculture à grande échelle, et de type industriel», a-t-il précisé, mettant en avant l’importance de restructurer les petites et moyennes exploitations agricoles et de faciliter l’accès au foncier agricole en vue de construire de véritables exploitations industrielles, indispensables pour relever le défi de la sécurité alimentaire.
Les investisseurs nationaux et même étrangers sont invités à investir dans les cultures stratégiques. L’Algérie s’efforce depuis des années de trouver des solutions aux problèmes d’irrigation qui se sont aggravés, ces dernières années, à cause du manque de pluviométrie et de la sécheresse qui menacent le rendement des filières agricoles, notamment, céréalières.
«Nous vivons un retour des séquences de sécheresse qui ressemble à celui des années 1993-2021. Actuellement nous sommes à notre deuxième année de creux de la vague», a-t-il déploré, relevant la nécessité d’un nouveau recensement général de l’agriculture afin d’identifier «le nombre d’exploitants actifs, les systèmes d’irrigation utilisés et connaître les superficies des exploitations pour connaître les quantités d’eau à mobiliser pour leur culture», a-t-il précisé, affirmant que des progrès ont été réalisés dans ce sens, mais beaucoup reste à faire.
Selon lui, «les surfaces irriguées des cultures maraîchères ont atteint largement les 2 millions d’hectares», indiquant, par ailleurs, que l’objectif des autorités est d’atteindre les «600.000 hectares de surfaces irriguées des cultures céréalières».
«Si nous atteignons cet objectif, nous pouvons sécuriser la production céréalière de 36 à 40 millions de quintaux», a-t-il ajouté. Concernant, la production de pomme de terre, l’invité de la rédaction a assuré que «le pays a réalisé des performances au niveau de production de la production de la pomme de terre entre 750 et 800 quintaux/hectare».
Pour augmenter le volume de production agricole, il est primordial de restructurer les exploitations agricoles à travers le territoire national et encourager le développement de l’agriculture saharienne, dans le Sud du pays.
Evoquant les résultats du dernier recensement en 2001,
M. Ben Mohamed a affirmé que «plus de 70% des superficies des exploitations avaient une superficies inférieures à 5 hectares, ce qui ne permettait pas d’asseoir une stratégie de la mécanisation», affirmant que «développer des filières agricoles avec des petites superficies est ardu».
«La politique actuelle du secteur de tutelle s’oriente vers le remembrement et la tendance est beaucoup plus vers l’investissement agricole, notamment, dans la construction d’unité de transformation au niveau des exploitations», a-t-il indiqué précisant que «les textes réglementent les niveaux de construction, justement pour encourager les investisseurs à ne pas dépasser les seuils de construction, mais à acquérir plus de foncier agricole pour renforcer leurs investissements». «Le nouveau recensement apportera les réponses attendues en termes de visibilité sur la structure agraire du pays», selon lui.
Samira Takharboucht