Kais Saied : «La Tunisie est un Etat souverain, elle n’est pas à vendre»

Tunisie / Devant la crise cruciale économique, politique et sociale

23 ans après sa disparition, l’ombre de Bourguiba plane toujours sur la vie politique, et son souvenir est ancré dans l’imaginaire collectif. Leader du Mouvement de libération nationale, et premier Président de la Tunisie indépendante, celui qu’on nommait le combattant suprême parmi les bâtisseurs de la Tunisie moderne. Dès le lendemain de l’indépendance, Bourguiba s’est attaqué, d’emblée, aux archaïsmes qui rongeaient la société post-coloniale, en agissant sur deux leviers, la libération de la femme et la promotion de l’éducation de masses. Son règne était marqué par de successifs discours aux différentes étapes de l’histoire nationale, régionale et internationale qui sont gravés dans les mémoires. la Tunisie s’est retrouvée face à une crise économico-financière aigüe en 1986, et un Plan d’ajustement structurel (PAS) lui a été imposé par le FMI. L’histoire se reproduit, avec des différences. Le pays est à ce stade, aux prises avec une crise économique et financière redoutable, dont les facteurs sont multiples, mais qui n’est pas sans rappeler celle survenue il y a 37 ans, avec une incertitude quant à son dénouement. Ainsi le président de la République, Kais Saied, a souligné, jeudi dernier dans un discours prononcé, à Monastir, au Mausolée Habib-Bourguiba, à l’occasion de la commémoration du 23e anniversaire du décès du leader Habib Bourguiba, que «la Tunisie est un État indépendant souverain et ne peut recevoir des instructions de l’étranger, la Tunisie n’est pas à vendre, elle est pour les Tunisiens», a-t-il dit. «La Tunisie dispose de plusieurs ressources pour faire face aux défis économiques et sociaux actuels», a-t-il déclaré, soulignant que le pays n’acceptera, en aucun cas, des diktats de l’étranger. Il a appelé les Tunisiens à faire preuve de responsabilité et à préserver la paix sociale. D’après lui, «le problème de la dette se pose chaque année. Il faut que le Fonds monétaire international (FMI), les institutions monétaires et le monde entier comprennent que l’être humain n’est pas juste un chiffre. Il faut donc respecter la volonté du peuple et prendre en considération la dimension humaine», a-t-il plaidé. Le chef de l’État a, par ailleurs, critiqué «ceux qui comptent sur des parties étrangères, avides de pouvoir et complotant contre la sécurité de l’État, après avoir spolié des milliards. Leur but était de faire imploser l’État de l’intérieur» a-t-il accusé. À ce propos, il a souligné l’impératif de restituer les fonds spoliés et détournés à l’étranger. Le président de la République a critiqué l’appel au retour à la Constitution de 2014 et la non reconnaissance du nouveau Parlement, estimant qu’évoquer un dialogue national n’a aucun fondement après la mise en place d’un Parlement élu. «Le dialogue est du ressort du législateur qui adopte les projets de loi», a-t-il ajouté. Évoquant l’arrestation de certains politiques, il a expliqué qu’ils sont détenus pour différents motifs qui n’ont rien à avoir avec la liberté d’expression, citant notamment, blanchiment d’argent, assassinat et spéculation, informe certains médias tunisiens. Le président de la République Kaïs Saïed a affirmé que les prochaines échéances électorales auront lieu dans les délais. Il a ajouté que sa candidature à l’élection présidentielle est une question prématurée mais qu’il n’abandonnera pas la responsabilité à des personnes dépourvues de patriotisme. Dans une déclaration aux médias dans la ville de Monastir où il s’est rendu au mausolée de la famille Bourguiba, à l’occasion de la commémoration du 23e anniversaire du décès du leader Habib Bourguiba, Saïed a ajouté qu’il passera le flambeau à celui que le peuple choisira. Il a insisté sur le sens de responsabilité envers la patrie, rejetant tout intérêt pour les postes. «La question ne concerne pas les personnes, mais plutôt l’impératif de commencer une nouvelle étape de l’histoire du pays», a-t-il soutenu dans ses propos récents.
Oki Faouzi