L’entraîneur de la JS Kabylie Miloud Hamdi n’a pas été épargné. Tous les ingrédients pour mettre le feu à la baraque y sont encore. Le pessimisme traîne partout, il est sur tous les trottoirs, comme s’il fleurissait au bon gré des rumeurs. Celles qui empoisonnent les clubs et nourrissent ses auteurs.

Annoncé comme partant, mis à l’écart, limogé, les qualificatifs cavalent et la nouvelle est mise en scène. Ce n’est qu’après que la direction s’est rendue compte que l’huile a pris feu et qu’il fallait vite l’éteindre avant que la rumeur n’échappe au feu.
Hamdi a-t-il échoué depuis sa venue
à la JSK ?
Pour une majorité de professionnels rencontrés, la réponse est non. Il a hérité d’une grave dérive de la gestion du club. Il espérait que le licenciement serait le coup de fouet qui réveillerait les troupes, c’est manqué. Pour redresser la barre, un entraîneur a besoin de connaître et découvrir les dessous de l’environnement dans lequel il est appelé à évoluer. Cependant, un ex-joueur nous dira : «Comment expliquer que ses joueurs s’accrochent à la Ligue des champions et pas au Championnat. C’est là où il faudrait piocher pour comprendre le pourquoi de la chose, et pour moi forcément l’entraîneur n’est pas responsable».

Prendre un nouvel entraîneur fait quasiment identique
Plusieurs études statistiques ont été consacrées à l’effet d’un changement d’entraîneur en pleine saison, qui ont toutes mené à la même conclusion : l’idée du «rebond» est une chimère, explique un technique du foot et rapporte le journal Eurosport. Les changements observés dans les performances des clubs qui ont changé de manager ne diffèrent pas de ceux qu’on constate dans les équipes qui restent fidèles au même technicien. Les statisticiens appellent ce phénomène un «retour (ou une régression) à la moyenne». L’universitaire et économiste néerlandais Bas ter Weel a pu ainsi procéder à une étude sur dix-huit saisons qui montrait clairement que sur la durée, «les variations enregistrées dans le nombre de points recueillis par une équipe qui avait pris un nouveau manager en cours d’exercice étaient en fait quasiment identiques à celles qu’on remarque au cours de n’importe quelle saison».

Le facteur chance plutôt
«Bien souvent, en regardant de beaucoup plus près, on se rendait compte que ces variations dépendent d’abord du plus mystérieux de ces facteurs : la chance». Mieux encore, il explique «poteau sortant, poteau rentrant, carton jaune plutôt que rouge, faute dans la surface, faute en dehors, à cause d’un écart de quelques millimètres ou d’un coup de vent. Mais notre désir de rationaliser le chaos du football est si puissant que nous sous-estimons presque toujours ce «facteur chance», pour une raison toute simple : nous ne le contrôlons pas. Il n’y a rien à «comprendre» ou «analyser» ; et combien de journalistes ont dû revoir leur copie à la 5e minute du temps additionnel à cause d’un but concédé sur une bourde qui ne prouvait rien, sinon que le football lui aussi avait sa part d’aléatoire. Pourquoi, alors, est-ce si difficile à accepter ? Comment s’imaginer qu’il existe vraiment des recettes miraculeuses pour sauver une équipe qui sombre ?»

Hamdi serait-il victime
d’une campagne ?
Un exemple n’est pas une preuve, dans un sens comme dans l’autre, ce qui, en clair, signifie que changer d’entraîneur peut aboutir au résultat espéré… mais un résultat qui aurait pu être aussi obtenu si l’entraîneur en question était demeuré en fonction. La réaction de Miloud Hamdi est salutaire selon quelques avis recueillis çà et là. Il n’a pas l’intention de jeter l’éponge «c’est faux, je suis toujours en poste», a-t-il déclaré à un confrère. Lors de sa dernière conférence de presse, il ne cessait de répéter qu’il est confiant et optimiste d’atteindre son objectif en sauvant la JSK de la relégation. «Je suis un compétiteur et je ne lâche rien». Hamdi pense qu’il est victime d’une campagne de dénigrement. «Les gens habités par le mal ne changeront pas», a conclu l’actuel entraîneur de la JSK. «La leçon ? Peut-être que ceux qui privilégient le long terme tendent à mieux s’en sortir sur le court terme également et que, pour un club, le changement brutal de personnel n’est pas en lui-même la garantie d’un changement de son destin».

H. Hichem