Un projet qui changera le Sahel

Gazoduc Nigeria-Algérie

C’est au courant de cette année 2023 que les travaux du gazoduc Ajaokuta-
Kaduna-Kano (AKK) seront achevés. Cette annonce a été faite au milieu de l’année écoulée par Mele Kyari, P-dg de la société pétrolière publique Nigériane NNPC. Une fois achevé ce gazoduc permettrait d’approvisionner en gaz naturel les régions Nord du Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique. D’une capacité de transport quotidienne de 56 millions de m3 par jour, soit plus de 20 milliards de m3 de gaz naturel par an, ce gazoduc doit poursuivre son trajet jusqu’au Niger et l’Algérie. La réalisation de ce projet est plus que stratégique pour le Nigeria. La première économie en Afrique a un faible taux d’électrification qui ne dépasse pas les 57%.
Le gaz naturel, et une fois qu’il traverserait le pays du Sud vers le Nord permettrait d’alimenter les centrales électriques qui fourniront les populations et les activités économiques en énergie.
A son arrivée aux frontières du Niger, le gazoduc doit traverser 1.170 km pour arriver à In Guezzam, frontière de l’Algérie. Concernant ce tronçon, le président de la République avait annoncé à la fin du mois de décembre de 2022 que l’Algérie avait convenu avec le Niger pour prendre en charge la réalisation du tronçon du gazoduc transsaharien TSGP qui relie le Nigeria à la frontière algérienne. Il est connu que Sonatrach et ses filiales ont une grande expérience dans la réalisation des oléoducs et des gazoducs. Tandis que l’industrie sidérurgique algérienne produit, et depuis longtemps, les canalisations en acier. De son côté, M. Arkab, ministre de l’Energie et des Mines avait assuré avant-hier que «le projet est à un stade avancé en termes d’études, et en terme de réalisation, seuls 1.800 km sur les 4,000km répartis sur les trois pays restent à achever». L’engagement de l’Algérie au Niger n’est pas seulement le résultat des forts liens qui existent depuis l’indépendance entre les deux pays.
Il y a aussi la contribution de Sonatrach au développement de ce pays voisin. En 2015, Sonatrach a découvert du pétrole dans la région de Kafra, située dans le Nord du Niger. Au mois de février de 2022 un contrat de partage de production a été signé entre la compagnie pétrolière nationale et le ministère du Pétrole, de l’énergie et des énergies renouvelables du Niger. Dans un avenir proche, Sonatrach produira du pétrole au Niger. Ce pays, l’un des plus pauvres au monde, mise sur le pétrole et le gazoduc transsaharien pour sortir du sous développement. En 2019 les travaux de réalisation d’un oléoduc reliant les puits de pétrole de l’Agadem au Niger au port béninois de Sèmè ont été lancés. Avec ses 2.000 km, ce pipeline est le plus grand en Afrique.
Une fois achevé, il doit transporter plus de 100.000 barils par jour. Une production qui va sensiblement améliorer les revenus de ce pays.
Pour les analystes, le passage du gazoduc par le Niger permettrait ainsi à ce pays de profiter du droit de passage et améliorer l’accès des populations à l’électricité.
Au Niger, seuls 17,5% des 26 millions d’habitants bénéficient du courant électrique. Il est attendu également que d’autres pays, comme le Mali, le Tchad est le Burkina Faso puissent être raccordé à ce futur gazoduc. Depuis des années, la région du Sahel, qui englobe entre autre le Tchad, le Niger, le Nord du Nigeria, le Mali et le Burkina Faso, est déstabilisée par l’insécurité créée par de nombreux groupes djihadistes. Ces groupes extrémistes profitent de la misère et le dénouement des populations de cette région pour recruter. L’option du tout militaire adoptée par la France et ses alliés a prouvé ses limites.
Seul le développement de ces pays permettrait de venir à bout de la menace terroriste. Investir dans le développement de ces régions coûterait moins cher aux Occidentaux que le tout militaire qui a mené les pays africains touchés à l’impasse.
M.Chermat