La drogue, arme de guerre du Makhzen

Cette entité belligérante qui nous veut du mal

Lorsque des parties tierces essayent de rendre compte du conflit algéro-marocain, elles s’efforcent de rester au milieu plus par commodité diplomatique et complaisance politique que par justesse de vue, car, pour complexe qu’il soit, ce conflit et tous les désaccords qui le sous-tendent affichent bien leurs points de torsion et, donc, aussi, de façon évidente, la partie source de tension : le Makhzen.

A énumérer les précédents, souvent actualisés par des sorties médiatiques marocaines à l’initiative du Makhzen, le Maroc a, à son actif nombre d’agressions contre l’Algérie, alors que l’Algérie, pour sa part, n’a jamais été active, en termes d’agression, contre le Maroc, se contentant de demeurer dans une position défensive, certes ferme et vigilante, mais une position défensive tout de même, cela même si le Makhzen estime être une agression le fait que l’Algérie, selon le principe qui fonde ses origines républicaines révolutionnaires, se tient du côté du peuple sahraoui dans son combat, de plusieurs décennies, pour son autodétermination.
Et voilà que le Maroc, dans une énième tentative de surenchérir sur les lignes de fracture de ce conflit politique, renouvelle sa revendication absurde de territoires qui se trouvent à l’intérieur des lignes frontalières algériennes, onces de poussière sacrées arrosées par le sang des millions de martyrs qui ont consenti le sacrifice ultime pour ce pays, dont les Algériens ne concéderont pas un grain. Une manière presque enfantine de déplacer le conflit de l’espace où il devrait rester et qui révélerait une Algérie, comme tant d’autres acteurs internationaux, en dehors de la sphère conflictuelle, puisque la question sahraouie oppose un peuple qui entend acquérir son émancipation et un colonisateur qui refuse d’appliquer, depuis presque cinquante ans, les résolutions de l’ONU appelant à l’organisation d’un référendum d’autodétermination pour permettre à un peuple, libre par le cœur, de prendre en main son destin.
Aujourd’hui, l’ONU qui représente l’ensemble des pays du globe vient de produire sa nouvelle carte officielle du monde où la RASD se tient distinctement sur ses tracés frontaliers. Un coup dur pour le Makhzen qui se soutient, dans sa manœuvre coloniale, de la complaisance politique intéressée de partenaires néocoloniaux, et qui constate, au fur et à mesure que les années passent, qu’un droit porté par un peuple ne peut pas être étouffé par le temps et encore moins par des soutiens de la part d’Etats complaisants qui ont des vues sur les richesses du peuple marocain.
Puisqu’il est question d’équité dans la définition des positions de chacun des deux pays dans ce conflit, il faut rappeler que l’Algérie est la partie la plus apaisée, qui n’a jamais été offensive, se contentant de réagir aux attaques répétées du Makhzen. Il faut rappeler que le Maroc, certain d’être victorieux contre un pays saigné par la guerre contre le colonisateur français, avait attaqué l’Algérie au lendemain de son indépendance dans ce qui a été appelé, à l’époque, la guerre des sables.
Mal lui en prit, car il avait découvert qu’il avait en face de lui un peuple aguerri capable d’inverser le sens de l’offensive.
Autre agression opérée par le Makhzen au beau milieu des années de braise, celle qui a consisté dans l’expulsion de près d’un million de touristes algériens, en visite au Maroc, au nom d’une précaution sécuritaire discriminatoire et hautement injuste envers des citoyens qui tentaient de s’éloigner, un tant soit peu, de leur quotidien ponctué, alors, par les violences terroristes.
Refusant de présenter des excuses officielles pour cette agression absurde et injustifiée que l’Algérie exigeait comme condition préalable à toute reprise de discussions sur les sujets contentieux, le Makhzen n’avait pas prévu le durcissement qui s’opérait dans la politique algérienne du Maroc, notamment à travers le maintien de la fermeture hermétique des frontières terrestres et le refus d’entendre parler d’une quelconque coopération bilatérale ou dans le cadre maghrébin, tant que le Makhzen refuse d’évacuer la question sahraouie du contentieux qui oppose les deux pays, notre pays n’étant et n’ayant jamais été une partie au conflit.
Désespéré de voir l’Algérie se prêter à un jeu hypocrite de fraternité et de bon voisinage éphémère qui lui permettait de régler ses problèmes de décroissance territoriale à l’Est du Maroc grâce à la contrebande et autres trafics, mais aussi grâce à la circulation de la main d’œuvre agricole et du bâtiment, le Maroc a redoublé d’agressivité vis-à-vis de l’Algérie qu’il accuse, à tort, d’être la source de tous ses maux, dans un pays où le mode de répartition des richesses entre les populations a été érigé en principe inégalitaire et où la principale richesse du pays est la chasse gardée de compradores à la solde du Makhzen et d’opérateurs étrangers à qui des pans entiers de la prospérité marocaine ont été cédés.
L’agressivité extrême du Maroc contre l’Algérie s’illustre selon trois démarches du Makhzen qui révèlent la grande inimitié que voue le régime à son voisin de l’Est,
l’Algérie, et aux Algériens.
La première démarche du Makhzen est d’œuvrer en permanence, à travers un trafic libéré, depuis, des contraintes de la clandestinité pour devenir une véritable arme de guerre, à inonder l’Algérie de quantités astronomiques de kif traité pour attaquer, dans ses forces vives, la nation algérienne en transformant ses jeunes en toxicomanes. Stratégie que l’Algérie est en train de contrer par des moyens sécuritaires conséquents et une politique de coercition contre les trafiquants interne, et de sensibilisation et de communication ciblant les jeunes.
La deuxième démarche du Makhzen consiste dans une politique de communication multipolaire qui tend à mobiliser les médias et les réseaux sociaux pour fomenter et ourdir des machinations de différents ordres contre notre pays pour déposséder les Algériens de leur patrimoine et se l’approprier symboliquement, pour abattre le moral des jeunes en donnant une image dévalorisante de leur pays, pour entretenir quotidiennement une guerre médiatique qui apporte, à chaque fois, aux devants de l’actualité des topics sociologiques, politiques, sportifs, etc. Ce à quoi, spontanément et par une espèce de génie populaire propre à la jeunesse algérienne, y compris celle disséminée à travers le monde, les Algériens, médias et réseaux sociaux confondus, ont réagi, prenant en main cette guerre médiatique frontale pour se défendre, se prémunir contre les tentatives de saper le moral des plus vulnérables, et mettre en valeur le grand patrimoine, l’histoire glorieuse de l’Algérie, sa marche inéluctable vers la modernité et son présent politique et social fait d’audace, de prospérité retrouvée et de justice sociale.
La troisième démarche, elle, est une erreur historique du Makhzen. Elle a consisté à amener le loup dans la bergerie, à savoir l’Etat d’Israël pour jouer les épouvantails face à son voisin algérien et donner à croire que cette normalisation allait lui valoir, encore une fois, la complaisance de l’Occident acquis à Israël. Mais la présence d’Israël et ces noces de fiel que célèbre le Maroc avec l’entité sioniste se révèlent être l’amorce de la création d’un véritable front socio-politique interne contre la normalisation, les Marocains, à l’opposé du Makhzen, étant par le cœur et l’esprit, avec la Palestine, d’autant que leur fierté de Marocains, arabo-amazighs et musulmans demeure blessée, au plus haut point, en les faisant réagir contre cette décision de faire de l’ennemi numéro 1 des causes arabes un «partenaire» très envahissant et très compromettant.
Le niveau d’immoralité de cette guerre qui se livre à l’Algérie sous les conseils malveillants d’un partenaire porteur de chaos, a atteint son paroxysme avec la montée en puissance du trafic de stupéfiants et autres psychotropes qui arrivent de l’Ouest. Cette recrudescence renseigne bien sur la forme d’agression la plus dangereuse que le Maroc entend pérenniser contre notre pays. C’est un combat de tous les instants qui est véritablement, et sans jeu de mots, un combat du bien contre le mal.
Ahmed Rehani