Pour un ordre multipolaire juste et démocratique

Russie

En visite en Turquie le 7 avril 2023, Sergueï Lavrov a abordé une des grandes causes de la diplomatie russe : la réalisation d’un nouvel équilibre international, fondé sur le multilatéralisme. En s’exprimant au côté de son homologue turc, Sergueï Lavrov a rappelé l’attachement de son pays à la fondation d’un nouvel ordre mondial, débarrassé de l’hégémonie américaine. Une condition nécessaire au règlement du conflit en Ukraine.Or, oour le ministre russe des Affaires étrangères, le règlement du conflit en Ukraine passe par la remise en cause de l’ordre international actuel dominé, selon lui, par Washington. «Certains experts internationaux, des représentants de certains pays tentent de présenter des initiatives du type mettons maintenant la Russie et l’Ukraine à la table des négociations. C’est un symptôme de la situation qui s’est développée à la suite de la mise en place par les Etats-Unis d’une supériorité totale dans les relations internationales», a jugé le chef de la diplomatie russe, s’exprimant devant la presse à l’issue d’un entretien avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu. Il a ajouté : «Par conséquent, il s’agit de définir les principes sur lesquels le nouvel ordre mondial sera fondé, dont nous avons tous besoin, au lieu de l’ordre mondial unilatéral, de l’ordre mondial d’un seul hégémon, comme l’a dit notre président.» Sergueï Lavrov a rappelé que son pays se prononçait, avec la majorité écrasante des autres Etats, pour que le nouvel ordre mondial repose sur les principes de la Charte des Nations unies principes qui, selon le chef de la diplomatie russe, sont directement violés par l’Occident dans son ensemble. La remise en cause de la suprématie américaine et l’émergence d’un monde multipolaire sont des leitmotivs du discours des autorités russes sur les relations internationales. Le 30 mars, en ouverture de l’entretien bilatéral avec son homologue chinois Wang Yi, Sergueï Lavrov avait déclaré que Moscou et Pékin, ainsi que d’autres partenaires, partageaient les mêmes idées, à savoir l’avancée d’un ordre mondial multipolaire, juste et démocratique. L’Ukraine, épicentre des tensions Russie-Occident. Les nations occidentales, de leur côté, reprochent à la Russie d’avoir lancé de manière unilatérale une guerre d’invasion violant le droit international, en intervenant militairement en Ukraine à partir de fin février 2022. Pour justifier son offensive, la Russie a invoqué la nécessité de protéger les populations du Donbass, mais aussi de contrer la progression de l’OTAN alliance militaire menée par Washington à ses portes, jugeant que cela menaçait directement sa sécurité. Avant de lancer son opération spéciale en Ukraine. Moscou avait d’ailleurs réclamé aux Occidentaux des garanties de sécurité, parmi lesquelles le retrait d’Europe centrale, orientale et des pays baltes des troupes et armes américaines. En outre, dans le contexte de guerre en Ukraine, les autorités russes accusent les Occidentaux de prolonger les hostilités en multipliant les livraisons d’armements aux autorités ukrainiennes. Kiev et ses alliés américains et européens dénoncent quant à eux un viol de la souveraineté de l’Ukraine et appellent la Russie à quitter les territoires qu’ils considèrent comme étant toujours ukrainiens, y compris la Crimée. Pour la chine, Pékin a proposé le 24 février dernier une feuille de route en 12 points pour tenter de mettre fin au conflit en Ukraine. Officiellement neutre, la Chine a ainsi appelé au dialogue entre les pays en promouvant le respect de la souveraineté des deux Etats, le retrait des sanctions unilatérales et également la fin de la surenchère guerrière. Si en Occident cette proposition a été accueillie avec plus ou moins de doute, la Russie avait apprécié les efforts de médiation chinois, a-t-on annoncé encore.
Oki Faouzi