Un premier pas vers le confort sonore

Motos et véhicules bruyants à l’index

Les plaintes de citoyens contre les nuisances sonores ont été entendues par les autorités qui ont fait un premier pas vers le respect du cadre juridique en la matière. C’est un premier pas car il ne s’agit que de la wilaya d’Alger et de certaines motos et voitures très bruyantes interdites de circulation la nuit.

Il reste encore du chemin à faire pour que le confort sonore soit intégré dans la qualité de vie des citoyens, conformément aux dispositions législatives et réglementaires qui bannissent le bruit mais ne sont pas encore mises en œuvre.
C’est donc seulement depuis hier, sur la base de deux arrêtés émis par le wali d’Alger le 18 avril 2023, que les motos dont la cylindrée est supérieure à 125 cm3 et les véhicules qui ont été modifiés et qui sont à l’origine de nuisances sonores, sont interdits de circulation de 22h00 à 6h00. Le but est de préserver la quiétude et l’ordre publics. L’émission de ces deux arrêtés intervient suite aux «plaintes de citoyens déposées auprès des services de sécurité à cause des forts bruits de ces véhicules qui gênent les résidents et les piétons», des sanctions sont encourues en cas de violation de ces mesures. Tout contrevenant à ces mesures verra son véhicule mis en fourrière pendant une durée de 8 jours qui pourrait être doublée en cas de récidive.
Cela fait quelque temps déjà que les fauteurs de bruit au volant de leurs motos ou de leurs véhicules, faisaient pétarader leurs moteurs troublant l’ordre public, le plus souvent sans être inquiétés, alors qu’il n’était nul besoin de plaintes de citoyens puisque le cadre juridique punissant ces pratiques existe et n’est pas nouveau. Mais, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Jeudi, une campagne médiatique a été organisée par les services du groupement territorial de la Gendarmerie nationale et de la Sûreté d’Alger, pour informer les conducteurs concernés et expliquer les deux arrêtés. Les services du ministère chargé de l’Environnement devraient, à leur tour, lancer une campagne d’information et d’explication, vers la population mais aussi vers les autorités concernées, sur le cadre juridique relatif aux nuisances sonores et sur les effets de celles-ci sur la santé. La complaisance observée à l’égard des fauteurs de bruit est due à l’ignorance des effets des nuisances sonores sur la santé : risque de troubles de l’audition, troubles du sommeil (allant des réveils intempestifs à l’insomnie), troubles psychologiques ou encore les troubles de l’apprentissage chez les enfants ; une exposition chronique à un niveau sonore trop élevé peut, en outre, entraîner des maladies cardiovasculaires. Les organisateurs et les animateurs (qui tiennent le micro pour hurler et non parler) des activités musicales en plein air en milieu urbain devraient le savoir : les décibels dégagés par les hauts parleurs ont des effets désastreux sur la santé des riverains, et encore plus sur les élèves qui préparent leurs examens, que ce soit le Bac ou le BEM, ou encore les examens universitaires. On sait que l’isolation acoustique des façades des habitations n’existe pas, encore moins dans leurs parties vitrées et les bruits perçus à l’intérieur des domiciles sont largement supérieurs aux seuils fixés par la réglementation algérienne. Il n’y a pas de vide juridique en Algérie concernant les nuisances sonores. Seulement, en matière de protection de l’environnement, c’est l’état de fait qui continue de dominer, comme dans le champ économique où règne le secteur informel. Les pratiques informelles qui font fi de la loi, caractérisent les activités de loisirs et musicales qui se déroulent sur la voie publique et en plein air, en milieu urbain. Aucune mesure n’est prise pour éviter les nuisances sonores qui sont infligées aux riverains et aux passants. Au contraire, très souvent le son est porté à un niveau infernal, causant des vibrations à l’intérieur des habitations. Les inspecteurs de wilaya de l’environnement sont-ils attentifs aux atteintes à l’environnement provoquées par le bruit? Comment laissent-ils passer des activités bruyantes (et substituables) sur la voie publique assimilées par la loi à des installations classées ? Comment améliorer le cadre de vie du citoyen et laisser faire les fauteurs de bruit qui, en plus, prétendent avoir une autorisation ? Est-ce que l’interdiction de circulation de 22h00 à 06h00 de certaines motos et voitures très bruyantes constitue le début de la mise à niveau de la capitale dans ce domaine ? On verra.
Lakhdar A.