Un retard et des interrogations !

Après six mois, aucun bilan de l’ONS concernant le 6e RGPH

A ce rythme, il faut compter jusqu’à l’été prochain, le bilan du 6ème Recensement général tarde à voir le jour, pourtant lancé le 26 septembre 2022, soit dès le début de la saison d’automne et qui a pris fin le 16 octobre de la même année et après le passage de toute une saison d’hiver et après un mois depuis l’entrée de la saison de printemps, puisque nous sommes à la fin du mois d’avril de l’année 2023, et toujours pas de résultats préliminaires. Pourquoi tout ce retard concédé par l’Office national des statistiques (ONS) ?

Faut-il le rappeler, dès la fin de la grande opération du 6ème Recensement général de la population et de l’Habitat (RGPH), plus précisément le 7 décembre 2022, la Direction des relations publiques auprès du Premier ministre et dans un communiqué rendu public avait annoncé, que « les résultats préliminaires du 6ème Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) qui s’est déroulé du 25 septembre au 16 octobre 2022, seront dévoilées vers la mi-janvier prochain », lit-on dans le communiqué des services du Premier ministre. Pourtant, et après plus de trois mois de la date-
butoir telle qu’avait révélé le communiqué des servies du Premier ministre, les premiers résultats du 6ème Recensement général ne sont toujours pas dévoilés.
Quelques mois après, plus précisément en février dernier et lors du Conseil des ministres, présidé par le chef de l’Etat, il a été convenu le dévoilement, entre les mois de mars passé et avril en cours, des résultats préliminaires du 6ème Recensement général, cependant rien n’a été fait du côté de l’Office national des statistiques, l’établissement public est en retard flagrant par rapport au bilan de l’opération complexe.
Certes, il s’agit d’une opération complexe, où beaucoup de difficultés avaient été rencontrées par les 53.000 agents de recensement, engagés par l’ONS durant le déroulement de la grande opération du 6ème Recensement général de la population et de l’Habitat, et de nombreuses lacunes avaient été soulevées lors de ce grand événement national, notamment dans l’organisation et la logistique.
Relevant le grand défi, l’ONS a été confronté à une opération très compliquée sur le terrain, il semble même que l’Office national des statistiques n’était pas vraiment bien préparé pour ouvrir un tel événement pour diverses raisons, et aujourd’hui, cette réalité s’est traduite sur le terrain, après six mois d’attente, l’ONS n’a toujours pas publié les résultats préliminaires du 6ème RGPH. Faut-il le signaler, ce recensement général de la Population et de l’Habitat a pour objectifs le dénombrement, avec haute précision, des logements et de la population résidant au pays et la connaissance de leurs principales caractéristiques : sexe, âge, activité, professions exercées, nombre de membres des ménages, taille et type de logement et modes de transport, soit un véritable catalogue rempli de questions importantes et très précises, qui ont un lien direct avec la véritable situation socio-économique des Algériens, leur nombre exacte, et les commodités quotidiennes offertes aux citoyens, dont l’objectif des hautes autorités du pays est de parvenir à bien mener la politique générale de l’Algérie pour les années à venir.
Des difficultés dès le début
l’opération
Ils étaient comme des dizaines de milliers de fourmis qui sillonnaient dans toutes les directions, armés d’un haut sens de responsabilité et d’une grande volonté d’accomplir leur mission avec succès, malgré les multiples difficultés rencontrées sur un terrain « miné », voire dès le début du lancement de la grande opération, les 53.000 agents de recensement mobilisés par l’Office national des statistiques (ONS), dans le cadre d’une vaste opération du recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) pour l’année 2022, la sixième dans l’histoire du pays, avaient accomplit avec bravoure et professionnalisme leur mission, mais à quel prix ? Du 25 septembre au 16 octobre 2022, l’Algérie avait abrité son sixième recensement général de la population et de l’habitat (GRPH) depuis son indépendance en 1962, lancé, ce jour-là par, le ministère de la Numérisation et des Statistiques et ce, sur décision du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. L’objectif pour l’Etat est de déterminer, avec une plus grande précision, le nombre exact des citoyens vivant au pays et celui de l’habitat également mais, également, d’autres objectifs sont cherchés par l’Etat, tels que le nombre des Algériens possédant un véhicule et celui du nombre précis du parc national d’automobile. Une précision juste du nombre de la population et de l’habitat et, dans la foulée, du parc automobile, qui va servir à déterminer, avec exactitude, la politique générale du pays pour les prochaines échéances. Un recensement général à travers lequel l’Office national des statistiques (ONS), tributaire de cette grande mission, avait mobilisé de grands moyens et plus de 53.000 agents de recensement pour couvrir l’ensemble du territoire national. Sur le terrain, et dès le premier jour du recensement, soit le 25 septembre 2022, la grande mobilisation à laquelle les dizaines de milliers d’agents de l’ONS avaient participé, avait connu de multiples difficultés. Tout d’abord, le casse-tête chinois des logements fermés, voire inoccupés. Les agents de l’ONS avaient fait face à la grande problématique des logements fermés, il s’agit des dizaines de milliers de cas, selon quelques agents de recensement rencontrés lors de cette période. C’est le cas d’Amina. T., une jeune femme trentenaire travaillant comme agent de recensement à l’Office national des statistiques.
Rencontrée dans le cadre d’un reportage réalisé sur le déroulement de la sixième opération de recensement général de la population et de l’habitat, l’agent de recensement avait rencontré de grands obstacles au cours de sa mission. Couvrant les communes de l’Ouest d’Alger, Chéraga et Ouled Fayet, la jeune Amina avait couvert une moyenne de 200 familles par jour. Une grosse performance provenant d’une volonté de fer. Amina, cet agent de recensement de l’ONS avait été tributaire d’une mission de dénombrement de la population et de l’habitat des sites AADL d’Ouled Fayet 3 ainsi que les cités vertes situées dans la même commune. Ici, et dès les premiers jours de cette périple mission, Amina avait été frappée par le nombre considérable des logements inhabités.
« Dans un immeuble abritant une vingtaine de logements, seuls huit sont habités et le reste, soit douze au total, sont fermés, vides et inoccupés. J’étais en face à une situation inattendue et presqu’impossible à réaliser et j’étais contrainte de faire des allez et retour plusieurs fois pour tenter de toucher les familles qui n’ont pas été encore recensées pour des raisons qui m’échappent. J’étais contrainte, également, de faire appel au bureau local du site AADL Ouled Fayet 3 pour pouvoir recenser les familles, dont leurs logements sont inhabités. Fort heureusement, la contribution de ces derniers m’a été salutaire », avait relaté l’agent de recensement de l’ONS, la jeune Amina.

Les couples qui travaillent, un casse-tête pour les agents de l’ONS
Les obstacles rencontrés par les 53.000 agents du recensement de l’ONS lors du dernier recensement général ne se limitaient pas uniquement sur les logements fermés, bien plus que ça, ils ont aussi concernés les logements loués, dont les jeunes locataires, les nouveaux mariés, voire les jeunes couples travaillent. Absents pendant toute la journée, chose qui rend la mission des agents de l’ONS encore plus difficile et rude à réaliser, de nombreux jeunes couples risquaient de rater leurs recensements. « Il s’agit d’une autre difficulté pour nous les agents de recensement. Elle nous a causé beaucoup de peines. On a vraiment trop soufferts pour arriver à recenser l’ensemble des jeunes familles. J’étais contrainte de passer toute une journée dans un site pour attendre le retour des jeunes couples, parfois jusqu’à 18 heures, soit le début de la soirée », avait expliqué encore la jeune Amina de l’ONS. Souvent, de jeunes couples locataires, l’homme comme son épouse travaillent jusqu’à des heures tardives de la journée, voire certains jusqu’à la tombée de la nuit, ces derniers avaient-ils été recensés ?
« Finalement oui, puisque j’étais contrainte de repasser pendant les week-ends, et c’est là que j’ai pu les recenser, sinon pour les autres jours c’était impossible », avait rassuré l’agent de recensement, Amina T. Cette dernière, qui est à sa première expérience avec le recensement général, avait fait preuve d’une grande détermination, d’un vrai combat de terrain et d’un haut sens de responsabilité, au cours de sa longue et fatidique mission de recensement. « C’était vraiment une pénible mission, fort heureusement que j’ai fini par la réaliser et je suis très fière et contente de mon travail », s’est exprimé Amina avec un grand soulagement et dans un sentiment de joie mijoté par une fierté.

Des tablettes vétustes, l’autre embarras
Avant le lancement de l’opération du Recensement général de la population et de l’habitat, le ministère de la Numérisation et des Statistiques avait annoncé la mobilisation de grands moyens, ainsi que ceux liés aux technologies modernes pour assurer des conditions excellentes et un bon déroulement de l’opération du recensement général 2022.
Effectivement et après cette bonne nouvelle, et à quelques heures seulement du début de la grande opération couvrant la totalité du territoire national, les 53.000 agents de recensement avaient été équipés de tablettes numériques. Ces appareils technologiques mobilisés pour l’opération permettaient de rendre plus facile et rapide le travail des agents de recensement, et assuraient, surtout, une excellente banque de données numérique de la population et de l’habitat.
Cependant, et dès les premiers jours du lancement de la grande opération du recensement, de nombreux agents de l’ONS avaient rencontré de grands problèmes pour faire fonctionner les tablettes numériques, car certaines sont vétustes. « Dès que j’ai allumé la tablette numérique, j’ai attendu plusieurs minutes pour pouvoir enfin l’utiliser. Ça c’est le premier souci, le second c’est la disparition totale de l’écran et le troisième souci c’est la batterie, trop faible pour tenir une autonomie de plusieurs heures », avait affirmé un agent de recensement de l’ONS.
Ce dernier, également engagé dans la partie Ouest d’Alger, avait souvent recourut à la méthode classique en attendant une solution durable pour sa tablette numérique. Le travail manuel avait été salutaire. « J’ai rarement utilisé la tablette numérique, j’ai laissé ça pour plus tard, plus précisément durant les nuits, et j’étais concentré et occupé à remplir, avec mon stylo et sur des questionnaires, les réponses des familles que j’ai recensé. Savoir le nombre exact des membres d’une famille, s’ils possèdent ou pas une voiture, leurs âges, leurs fonctions, leurs situations de travail, c’était un panel de questions bien rempli et précis à la fois », avait relaté Mourad B., un agent de recensement de l’ONS.
Un effort de trop pour les 53.000 agents de recensement, ces soldats de l’ONS avaient fait preuve d’un moral solide, de véritables guerriers sur le terrain. Un vibrant hommage à ces 53.000 agents de l’ONS.
Sofiane Abi