Dans l’art, on dialogue avec les autres
Parole d’artiste

Parole d’artiste qui se justifie pleinement par le fait que toute œuvre portant une signature entre en communication avec les autres : ceux qui l’admirent ou qui l’écoutent parler. Et chacun de s’interroger sur l’utilité de chaque objet qu’il a réalisé, sa valeur réelle, sa place par rapport à l’ensemble de sa production, la peine qu’il s’est donnée pour la mettre au point, le temps que cela a nécessité, quel profit pense-t-il en tirer.
En ce qui concerne l’art, c’est un autre sujet de discussion avec les autres. On a la possibilité de le définir pour le public et tous les novices en la matière, de plusieurs manières comme par exemple la capacité qu’a une personne de produire un objet original dont on n’a jamais d’équivalent et qui correspond à l’artiste défini comme quelqu’un qui fait des objets hors du commun et pouvant susciter un dialogue interminable entre l’art et les autres, c’est-à-dire une communication sous la forme de questions réponses perpétuelles entre l’art et le public qui cherche à comprendre le pourquoi des choses. Le public est fait de plusieurs catégories de gens pouvant aller de ceux qui ont un réel esprit de curiosité, qualité intellectuel qui pousse la personne à connaitre toujours plus sur l’art et les objets d’art, à ceux qui ne connaissent rien en ces matières et qui cherchent à comprendre le domaine artistique plein de mystères. Prenons l’art d’écrire pour faire de belles phrases ou de versifier et qui n’est pas donné à tout le monde. Par la magie du verbe, on peut communiquer en alignant des mots dans le respect des règles syntaxiques et qui, associés, vont véhiculer des idées discutables qui doivent susciter des réponses et des réactions. L’art d’écrire sous entend l’art de bien parler qui laisse supposer l’art de l’écoute attentive, condition nécessaire pour comprendre les mots qui changent de sens selon les contextes, compte tenu de la polysémie des mots clefs : verbes, substantifs, qualifiants.
L’art d’écrire et de parler pour dialoguer avec les autres
Pour qu’il y ait dialogue, il faut un émetteur capable de s’exprimer et un ou des récepteurs ayant le sens de l’écoute et de la compréhension des messages par un échange écrit ou oral et sur un sujet donné. Et pour qu’il n’y ait pas d’ambiguïté, le contenu sémantique de chaque élément du code doit être saisi dans sa totalité. Chaque élément n’a de sens que dans un contexte précis, par exemple le mot « pièce » n’a pas le même sens dans : pièce d’eau, pièce de monnaie, pièce de théâtre, habiter dans une pièce et la liste n’est pas close. Autre exemple, le verbe prendre a une cinquantaine de sens, comme prendre froid et prendre la fuite. En arabe, c’est pareil, le verbe frapper peut avoir le sens de parcourir des distances, ou donner des exemples et donner des coups. Reste à comprendre le problème des connotations sur lesquelles jouent beaucoup les meilleurs hommes de plume quand il leur arrive de vouloir rehausser le niveau de langue, donner du mal à comprendre ce qu’ils écrivent ou parler en style indirect. On écrit non pas pour soi-même mais pour les autres, ceux qui nous liront et nous jugeront si nous sommes du niveau, qu’ils nous fassent part de leurs remarques quelles qu’elles soient, elles sont considérées comme constructives à tous égards. Dans l’art, on parle aux autres. Mais qui sont ces autres, c’est tous ceux qui sont intéressés par les objets d’art, ils les admirent en essayant de décrypter les messages qu’ils peuvent véhiculer, en faisant l’effort de comprendre chaque petit détail pouvant être la clef du mystère, compte tenu du fait qu’il y a toujours une part de mystère dans tout art. On se pose la question sur les capacités de l’homme de plume qui arrive à se faire une renommée et sous prétexte qu’il a réussi à avoir un large lectorat. Il a certes un bon niveau mais il a aussi le don d’écrire de belles œuvres que la plupart des lecteurs apprécient. Donc, dans toute activité culturelle, il y a ceux qui réussissent à la perfection et qui produisent des œuvres parfaitement esthétiques et ceux qui réussissent par le temps et le travail acharné. Et dans tous les domaines artistiques, les auteurs d’ouvrages de valeur sont beaucoup plus à admirer qu’à discuter.
Il y a des domaines artistiques où on discute beaucoup avec les autres, comme la peinture
En ce qui concerne les livres bien écrits, on organise souvent des rencontres avec l’écrivain pour des dédicaces ou pour parler avec les autres, le public des lecteurs désireux de voir en personne l’auteur de celui qui fait une œuvre sensationnelle et on le fait parler sur les raisons qui ont motivé le choix d’un titre et des personnages atypiques dont les rôles sont assez singuliers pour certains d’entre eux. La plupart des curieux qui cherchent à en connaitre beaucoup plus sur la situation sociale qui a inspiré l’auteur pour élaborer l’histoire de son livre, compte tenu du fait que la majorité des contenus sont à caractère fictif. En peinture, on peut faire aussi des toiles prémonitoires avec des sujets qui n’ont rien à voir avec le présent, et étonnés de voir ce type de tableau, on ne peut pas se retenir de considérer que cela soit possible ; le peintre interrogé sur ce type de tableau, répond tout de go en affirmant que par le pouvoir des couleurs, on peut tout faire en peinture comme la fiction sous toutes ses formes. Comme en écriture, la peinture peut réaliser des chefs d’œuvre immenses, immortaliser quelques péripéties d’un évènement, l’état d’une région ou d’un édifice à une époque donnée de son histoire, présenter un paysage fictif tel qu’on peut le désirer. Les couleurs comme la plume sont capables de raconter une vie d’un grand personnage, par exemple ce personnage assis au bord de la mer et qui rêve peut- être de voyager au loin. Un paysage en hiver et au printemps avec des couleurs spécifiques à chaque saison traduisent la tristesse ou la joie et ce à comme ces romanciers qui peignent admirablement avec des mots, des tableaux champêtres à l’image des personnages qui s’y trouvent, des tableaux décrits avec minutie en rendant bien les couleurs du moment. On se croirait face à un chef d’œuvre pictural en bon et dû forme. Une toile pour celui qui sait observer avec beaucoup d’attention, se lit comme on lit un livre, sauf qu’on n’a pas les mêmes signifiants. En peinture, on a des couleurs avec toutes sortes de nuances signifiantes, des formes, des traits, des visages aux traits différents.
Que chaque lecteur apprenne à lire les visages qui en disent plus long qu’on ne pense. Sachez aussi que la tenue vestimentaire est porteuse de sens, il y a des façons infinies de s’habiller et l’artiste peintre peut soit faire porter à chaque personnage des habits qu’il a coutume d’avoir sur lui, soit lui choisir une tenue en nette adéquation avec l’ensemble et qui apporte un complément de sens à l’œuvre voulue . En art, il y a tout un monde qu’il faut savoir ménager. Pour mettre en chantier une toile, on doit savoir quel sujet on va développer, quels types de personnages on mettra en scène, réels ou fictifs ou avec des individus désireux de figurer dans l’œuvre avec toutes sortes de couleurs employées en fonction de leur valeur symbolique.
Symbolique des couleurs à l’image du langage des fleurs
On suppose que toutes les couleurs que connait le peintre ne sont qu’une reproduction de l’immense variété des couleurs de la nature que personne ne connait à la perfection, mis à part les botanistes et les peintres. Nul ne peut se vanter de connaitre les couleurs dans toutes leurs nuances et qui changent selon les moments et les saisons. Le vrai artiste qui a l’habitude de peindre des portraits ou divers paysages qui changent selon les saisons, des situations sociales sous toutes ses formes, à l’exemple d’un marché en plein air et en pleine effervescence, une rencontre de femmes à la fontaine où elles vont chercher de l’eau, deux hommes habillés en tenue traditionnelle, en un lieu précis et pour échanger leurs confidences et d’autres situations plus ou moins pittoresques que l’on peut imaginer. Il connait parfaitement les couleurs qui lui permettent de reproduire fidèlement des tableaux inspirés de la réalité. Chacune des couleurs est porteuse de langage comme toutes celles des fleurs à grande valeur symbolique. Le blanc, par exemple est le symbole à la fois de la pureté, de l’innocence et de la perfection. Le rouge, couleur chaude et dynamique, en plus de sa valeur symbolique de la chaleur sous toutes ses formes à l’exemple de son sens métaphorique « chaleur maternelle », a aussi un fort potentiel de communication. Et dans la société le rouge est indicateur de danger et de colère, voire de l’enthousiasme. Que de variétés de rouge dans les fleurs qui nous font penser à la reine des fleurs : la rose. Le bleu qui symbolise la force et la vie ou la mélancolie, est associé en matière de logo à l’informatique et à toutes les nouvelles technologies. Ainsi, la symbolique des couleurs, extrêmement vaste, donne beaucoup à apprendre surtout auprès des peintres qui en usent chaque fois qu’ils veulent se rapprocher de l’authentique.
Boumediene Abed