La mémoire nationale en question : un eternel contentieux ! Un peuple sans mémoire, c’est comme un être humain sans langue

Le président de la République continue sa ferveur singulière en actions concrètes dans le cadre de la mise en valeur du patrimoine documentaire et la valorisation de la mémoire nationale, considérée une priorité comme prévu dans ses 54 engagements électoraux mis en application dès son investiture. Pour cela, après avoir institué une Journée nationale de la mémoire nationale coïncidant avec le 8 mai de chaque année, la nomination pour la première fois dans l’histoire politique de notre pays d’un conseiller chargé des archives et de la mémoire nationale, l’importance accordé à la mémoire nationale dans son discours à chaque occasion en rappelant à l’ancien occupant que la vérité résonne du côté Algérie en vue d’assumer sa responsabilité historique et ses conséquences, la réception des crânes des révolutionnaires résistants algériens déportés et exposés dans les musées en France depuis un siècle, et le combat continue ! Pis, il ne se passe pas un moment sans que la mémoire nationale soit évoquée avec dévouement.
Dans ce sillage, « les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de départ un respect profond au passé », dixit Renan Ernest En fait, aujourd’hui, la prise en charge du dossier de la mémoire nationale est considérée comme un cheval de bataille au plus haut niveau institutionnel de la pyramide de la gouvernance nationale plus que hier d’autant plus la négociation bilatérale remonte au début de notre indépendance avec des intervalles d’inaboutissement. Autrement dit, une mémoire rétablie signifie une dette sur nos fronts au regard des valeureux Martyrs.
Dans cette optique, suite à une diatribe voire polémique générée par le rapport sur des questions mémorielles de la colonisation française et la Guerre de libération nationale ordonné par le Président français et rendu public par l’éminent historien Benjamin Stora, il s’agit d’un travail unilatéral. A la lecture dudit rapport, la responsabilité est mal définie. Les droits et les devoirs sont similairement présentés. L’agression de la souveraineté nationale n’est pas mentionnée. Du côté Algérie, à l’exception des commentaires émis sur ledit rapport axés sur des avis à la fois, concourants et contradictoires, aucune investigation n’est entreprise en dépit de l’existence d’un potentiel expert en la matière. Faut-il attendre une instruction politique? Y a-t-il une école en archivistique en Algérie ? Sur ce même chapitre, on note aujourd’hui la mise en place d’un groupe mixte d’historiens algériens et français avec une feuille de route blanche. S’agit-il d’un examen ? Une période d’un semestre est accordée au groupe pour rendre sa feuille de route. Y aura-t-il un jury ? Qui est en mesure d’examiner cette feuille de route ?
D’une part, il s’agit d’une louable initiative venue au moment opportun. Le cadre juridique est favorable suite à l’expiration des délais instaurés pour la diffusion et/ou l’ouverture des archives scellés à la communication à la faveur des chercheurs, la communauté universitaire et des professionnels de souche. Les échanges interprofessionnels peuvent bénéficier des séjours de recherche pour établir des instruments de recherche et la consultation. L’accès libre sans restriction aux collections doit être garantie.
D’autre part, on relève une obscurité liée aux noms désignés et l’identité professionnelle de la composante des deux parties concurrentes. Ensuite, il s’agit d’une désignation politique et arbitraire. Quels sont les critères de sélection des candidats ? Il aurait pu lancer un appel à manifestation pour recueillir les candidatures et après un barème d’évaluation analytique et chiffrée, des lauréats seront classés. Est-ce une fuite en avant? A cela, beaucoup de questions taraudent l’esprit d’un véritable professionnel. Il parait que le profil de la composante est unie alors que le dossier est épineux et laborieux.
Le groupe devait être pluridisciplinaire en histoire, bibliothéconomie, juristes et diplomate. Le travail n’est plus au sens linéaire du terme. La réflexion est en profondeur et se joue dans les engrenages. Un vieux contentieux, pour son enrayage, nécessite un parrainage d’un organisme de renommée international ou une étoile en la matière. Le processus de négociation impose comme mécanismes plusieurs voies d’issue, à chaque fois, la salive se sèche en conversation. La résistance et le raisonnement sont les maîtres-mots de la réussite. Dans l’attente de contenu de cette fameuse feuille de route, l’écriture de l’histoire ne se réalise nullement sur une instruction politique. Le sujet est une matière pour investigation stimulée pour nos chercheurs et établissements de recherche avec de surcroît un prolongement au niveau local ou familial. La précision et l’objectivité sont de mise. Il s’agit d’un travail scientifique à réaliser par des efforts intellectuels à titre individuel ou collectif.
La remontée dans l’histoire de l’Algérie nécessite sa prise en charge par une institution spécialisée avec des structures de démembrement. Car, la mémoire nationale a comme point de départ la cellule familiale ou la tribu de ce vaste pays révolutionnaire. La collecte de témoignages des Moudjahidine en vie considérée une phase salvatrice et/ou une impérieuse nécessité comme point de départ de la préservation de la mémoire locale.
Les clubs locaux accompliront cet ouvrage avec satisfaction et constituent une interface à plus d’un titre. Puis, un travail de compilation et d’anthologie se réalise au fur et à mesure en obtenant une référence bibliographique et analytique appelée Mémoire nationale. Les liasses d’archives déportées à la veille de notre indépendance vers la France, se trouvant actuellement scellés et inaccessibles, composeront ce répertoire national. Par contrecoup, la dotation budgétaire, les moyens logistiques, le management, le potentiel humain et équipements nécessaires ne devraient nullement faire défauts. Et, le combat continue !
Nadir Hama