Revoir le fonctionnement de l’Université en relation avec la réforme du système socio-éducatif

Le savoir, fondement de la richesse des Nations

Je tiens à saluer la dernière réunion du Conseil des ministres où le président de la République a décidé de revoir le statut des enseignants du supérieur, en espérant également celui du primaire et du secondaire.

1.-Cette proposition de revalorisation des salaires de l’Université, que j’ai faite en 2008, lorsque la présidence de l’époque m’avait confié le dossier de l’emploi et des salaires
( 7 volumes 680 pages), ayant proposé que le salaire du plus haut grade de l’université soit aligné sur celui de ministre, le Premier ministre de l’époque s’étant opposé à cette proposition.

Cette proposition a été également rééditée lors de l’audit sous ma direction sur les axes de la relance de l’économie algérienne 2015/2025/2030 (huit volumes 900 pages), remis au Premier ministère, le 15 janvier 2013 au sein du volume consacré au capital humain rédigé par trois experts, le professeur Abdelkader Djeflat, les docteurs Mohamed Bahloul et Abdelhak Lamiri sur la nécessité d’insérer l’Algérie dans un nouveau régime de croissance tiré par l’économie du savoir et de l’innovation. Le monde connaît un bouleversement par l’innovation scientifique et technologique. Or, malheureusement, on a fonctionnarisé l’Université, une faction d’enseignants ayant besoin d’une mise à niveau, d’où l’importance d’étroites collaborations avec de s universités et centres de recherche de renom, la diaspora pouvant y contribuer. Actuellement, lors du concours de professeur d’université, aussitôt le grade obtenu, le salaire devient le même durant toute la carrière entre un professeur qui publie et celui qui ne publie presque rien , jouissant ainsi d ’une éternelle, de ce fait ne favorisant guère la recherche et démotivant ceux qui cherchent qui sont contraints à évoluer vers un autre environnement favorisant l’exode des meilleures compétences. Aussi, la réforme de l’Université ne doit pas concerner uniquement le salaire, ce qui aurait un impact limité, mais tout son fonctionnement, devant établir des grades de professeurs A, B, C, D, en fonction de leurs publications et de leurs créations avec un impact sur l’environnement. Mais il ne faut pas se tromper de cibles pour paraphraser les stratèges militaires. La réforme de l‘université doit s’inscrire dans le cadre d’une vision globale de la réforme de toute le système socio-éducatif, y compris al formation socio-professionnelle car si le niveau est bas à l’école primaire, faisant passer la majorité au secondaire , avec un niveau toujours faible, l’Université héritera d’un niveau faible. Or, le savoir favorisant le transfert technologique, combiné avec une bonne gouvernance est le fondement de la richesse d’une Nation.
2.-Un élément fondamental du savoir est la maîtrise du transfert de technologie, fondement du développement, devant se prémunir contre les nouvelles technologies à travers les cyber-attaques, ce qui renvoie à l’organisation de la société algérienne d’une manière générale face aux mutations tant internes que mondiales.
Dans le domaine militaire, le chef d’Etat-major de l’ANP, le général d’Armée, a mis en exergue la valorisation du savoir à travers l’innovation technologique, lors de la présidence de la 16e session du conseil d’orientation de l’Ecole supérieure de guerre le 25 avril 2023, ayant souligné que les guerres modernes que connaît le monde d’aujourd’hui sont totalement différentes des guerres précédentes, où nous assistons à des guerres qui évoluent à une vitesse effrénée, faisant de celui qui ne peut en suivre le rythme, ou s’y adapter sur les plans de la planification stratégique et la virtuosité combative, une proie facile. Selon l’OMPI (Organisation mondiale de la propriété intellectuelle), le transfert technologique est le processus désignant le transfert formel à l’industrie de découvertes résultant de la recherche universitaire et la commercialisation de ces découvertes sous la forme de nouveaux produits et services. Pour la recherche académique, le transfert de technologie est une opération qui consiste à transmettre les connaissances issues d’une recherche, formalisées ou non sous forme de brevet(s) ou de droits de propriété déposés, à un autre centre de recherche, public ou privé, destiné à les poursuivre à des fins de développement industriel ou à transformer la recherche en innovation industrielle, en cédant ses découvertes à une société. On ne doit pas confondre un transfert de technologie avec une cession de licence, le transfert de technologie incluant la communication d’un savoir-faire adapté au contexte de l’acquéreur. Droit public ou privé. Quelles sont les différentes formes de transfert de technologie ? D’abord, la diffusion des connaissances, parfois nommée diffusion et transfert de connaissances, qui est une discipline pratiquée par les centres de recherche à des fins d’information des organismes publics, des entreprises. Cette diffusion est pratiquée lors de congrès, par des publications constituant une des sources d’information de la veille technologique, veille qui permet de surveiller l’évolution des connaissances, du savoir-faire, de la faisabilité et des inventions dans un domaine et ses environnements de développement. Mais à proprement parler la veille technologique n’est pas un transfert de technologie mais facilite le transfert.
Vient ensuite le siphonage technologique qui consiste à déterrer les projets somnolents dans les laboratoires de recherche, les universités, qui n’ont pas trouvé de débouchés industriels, pour les promouvoir à fin de créations d’entreprises. Une autre méthode de transfert souvent utilisée dans l’industrie pour faciliter la maîtrise du savoir-faire est le recrutement des cadres et des spécialistes d’une technologie. C’est une des activités des chasseurs de têtes, des cabinets de recrutement où parfois cela débouche sur l’espionnage industriel si les bénéficiaires des informations savent les exploiter. Egalement, on peut citer comme facilité de transfert dans une première phase la rétro-ingénierie appliquée dans l’enseignement technique, la contrefaçon ou piratage, prohibée selon les clauses de l’OMC qui a introduit la protection de la propriété intellectuelle, débouchant parfois sur une acquisition du savoir-faire, par la méthode des tâtonnements. Enfin, nous avons le transfert partiel de technologie à travers la licence de production accordée à l’acquéreur mais exclut certaines technologies comme la protection du secret d’un savoir-faire.
3.- Face à la pression de la concurrence par l’innovation, du développement de produits sur mesure et de technologies de plus en plus complexes, les directions d’entreprises demandent aux cadres et salariés de produire la connaissance de leur propre travail, d’où l’importance d’une formation permanente.
Cette production de connaissances repose sur des formes d’engagement et d’implication qui font jouer un rôle central à l’initiative, à l’intuition, aux jugements (la fameuse boîte à outils japonaise source d’innovation par le collectif des travailleurs), mais aussi aux capacités des individus et plus largement aux «savoirs sociaux ». Le Knowledge Management est stratégique pour chaque entreprise qui veut continuer à réussir.

Pr des universités,
Abderrahmane Mebtoul
(A suivre…)