Blocage Le nouveau mur de Berlin économique hissé par les États-Unis

Par les sanctions économiques imposées à la Russie par les États-Unis, approuvées servilement par l’Union Européenne, Washington érige un nouveau mur de Berlin, entraînant un blocage du commerce entre l’Est et l’Ouest. Ces sanctions ont, au vrai, deux objectifs. Ou plutôt visent deux blocs de pays : directement la Russie et indirectement l’Europe.
Pour la Russie, les mesures de sanction imposées par les États-Unis ont pour dessein de provoquer la désagrégation de l’économie russe et, corrélativement, la paupérisation absolue des Russes, acculant ces derniers, selon les espoirs de Washington, au soulèvement pour exiger un changement de régime inféodé à l’Occident.
Et comment faire saigner les Russes, sinon en faisant couler le sang des Ukrainiens dont les corps servent à épuiser les réserves de balles et de bombes de la Russie. En tout cas, les gangsters de la Maison Blanche sont déterminés à mener une guerre d’attrition en Ukraine, dans l’espoir de la transformer en un « nouvel Afghanistan » pour la Russie, autrement dit en tombeau de la puissance militaire russe. Pour l’Europe, les sanctions financières et commerciales visent à l’isoler et l’enfermer dans la dépendance économique et militaire des USA. À en faire la chasse gardée des États-Unis.
Force est de constater que les pénuries économiques créées en Europe profitent essentiellement aux États-Unis qui réalisent de substantiels profits grâce à la vente de leur pétrole et produits agricoles vendus à des prix exorbitants.
Sans oublier, pour réapprovisionner les stocks d’armes fournis à l’Ukraine, la vente de nouveaux matériels militaires, au grand bénéfice du complexe militaro-industriel américain dont les profits explosent au rythme de l’explosion des corps ukrainiens et russes, ces dindons de la farce, victimes consentantes du jeu de dupes américain.
Au vrai, l’aide militaire accordée par les Occidentaux à l’Ukraine relève d’une escroquerie diplomatique et polémologique. En fait d’aide, il s’agit d’une mise en déchetterie d’armements vétustes, autrement dit d’une opération de recyclage d’armes périmées.
En effet, les pays de l’OTAN, majoritairement européens, n’ont fait que se désencombrer de leurs stocks d’armes obsolètes en le refilant à l’Ukraine, pays-chair à canon, pour justifier la recomposition de leurs stocks par l’achat de nouvelles armes modernes américaines, acquises auprès du complexe militaro-industriel étasunien.
Au passage, il est utile de souligner que l’industrie israélienne de l’armement rafle également tout le marché militaire européen.
Les États européens multiplient les commandes de matériel militaire auprès de ces deux pays bellicistes pyromanes. Autrement dit, les deux pays – États criminels – qui tirent les marrons du feu de cette guerre fratricide intra-européenne sont les États-Unis et l’entité sioniste.
L’Europe flanquée du mur de la honte de la paupérisation
Néanmoins, pour pérenniser le conflit, hors de question de fournir un armement lourd et sophistiqué à l’Ukraine, encore moins d’envoyer des troupes otaniennes sur le territoire ukrainien susceptibles de neutraliser l’armée russe, de la renvoyer derrière ses frontières. L’objectif de Washington est de laisser la Russie occuper le Donbass pour justifier la continuation de la guerre défensive de l’Ukraine, permettant d’accélérer, par l’enlisement du conflit, l’affaiblissement militaire de la Russie. Mais également pour justifier le maintien des sanctions commerciales et financières décrétées par les États-Unis afin de renforcer durablement leur emprise économique sur l’Europe, réduite à vivre désormais derrière le rideau de fer dans le nouvel enfer social encerclé par « le mur de la honte de la paupérisation ».
Par un retournement de l’histoire, les pays européens de l’ouest, avec le nouveau mur de Berlin bâti à leur insu de plein gré, sont en train de basculer dans le mode de vie des anciens pays de l’Est, dont l’économie reposait sur la pénurie, l’indigence et l’austérité, sur fond de répressions policières et restrictions des libertés. On pourrait dire que l’Europe de l’Ouest s’Est-europe-mondise (comme on désigne certains pays qui se tiers-mondisent).
Pour preuve de la détermination belliciste des pays atlantistes à mener une guerre d’attrition à outrance, lors du Sommet du G7 réuni le 26 juin 2022 à Elmau (en Allemagne), les dirigeants occidentaux avaient déclaré être prêts pour la guerre d’usure face à Vladimir Poutine. Pour ce faire, les puissances impérialistes occidentales avaient annoncé de nouvelles sanctions, « pour asphyxier la machine de guerre russe », comme l’avait martelé Charles Michel, le président du Conseil européen.
Pour autant, si les Américains exigent des Européens de partager leur politique de sanctions économiques imposées à la Russie, en revanche ils s’abstiennent de partager leurs profits tirés des pénuries irrationnelles provoquées en Europe, encore moins d’investir leurs profits en Europe.
Bien au contraire. Grâce, entre autres, à la nouvelle loi sur la réduction de l’inflation de 2022 (Inflation Reduction Act), pénalisante pour les entreprises de l’Europe, les États-Unis sont sur le point de procéder à la liquidation de l’industrie européenne, en particulier allemande, exclue dorénavant du marché américain en raison des mesures protectionnistes pour le climat. Du fait des subventions versées uniquement pour des produits fabriqués aux États-Unis, et de la flambée du prix de l’énergie en Europe orchestré par Washington, de plus en plus de grands groupes européens installent leurs usines en Amérique.
C’est-à-dire délocalisent massivement leurs entreprises pour pouvoir bénéficier et d’un prix de l’énergie faible et des « aides vertes » américaines.
En fait, les États-Unis sont en train d’euthanasier au plan économique l’Europe, cette entité vassalisée par la puissance étasunienne. Globalement, les sanctions des États-Unis sont dirigées contre l’Europe, principale victime de cette nouvelle guerre économique américaine pour la domination énergétique, alimentaire et financière.
Pour ne citer que la première puissance économique européenne, l’Allemagne, ses commandes industrielles allemandes ont chuté de 11%.
Son secteur manufacturier périclite, augmentant le risque de récession dans toute l’Europe. Cette perspective est corroborée par la présidente de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde. Récemment, elle a déclaré que « les perspectives se détériorent » pour les fabricants de la zone euro dans un contexte de « divergence entre les secteurs de l’économie ». Ce recul du secteur industriel est confirmé par une étude publiée par S & P Global, qui a observé une accélération de l’activité dans le secteur des services en Allemagne, tandis que les usines tournent au ralenti en raison de la baisse de la demande.
Désormais, dans cette conjoncture d’économie de guerre et de militarisation de la société, les États européens sont gouvernés ouvertement par l’OTAN, bras armé des États-Unis. De même, les Parlements nationaux européens sont régentés par l’OTAN, dont l’agenda est tracé par Washington.
In fine, dans cette guerre par procuration, les seuls gagnants sont les États-Unis (et l’entité sioniste). L’ultime cible de Washington demeure toujours la Chine, cet allié de la Russie.
Aussi, par l’affaiblissement économique et l’anéantissement militaire de la Russie, les États-Unis visent l’endiguement du soutien militaire et des matières premières de la Russie à la Chine, pour pouvoir mener librement, sans entraves, leur guerre contre Pékin.
Cette guerre contre la Chine sera conduite par des troupes militaires prélevées essentiellement de l’Europe de l’Ouest, dont la population massivement paupérisée et littéralement tétanisée par le despotisme actuellement en érection par des régimes militaristes en voie de fascisation, servira de chair à canon des États-Unis.
En effet, comme les Ukrainiens auront servi de chair à canon dans l’actuelle guerre menée par l’OTAN contre la Russie, les Européens serviront de « bétails soldatesques » dans l’imminente guerre menée par Washington contre la Chine.

Khider Mesloub