Les moutons bêlent de la dégradation du climat et des souks
A l’approche de Aid El Ad’ha

Le dix du mois dhou el hidja est une date qui rassemble tous les musulmans du monde sans équivoque même si certains n’ont observé le jeûne un jour avant ou un jour après. La charia dit youm siamakoum houa youm nahrikoum c’est-à-dire que le jour de votre jeûne est le jour du sacrifice. Comme l’aïd el Ad’ha a comme épicentre le Hedjaz en présence de toutes les nationalités d’où l’impact sur les pays des pèlerins.
Il y a deux points communs entre tous les hadjis du monde, la fête et le rituel du sacrifice en même temps. Si la fête y est tout le temps, le sacrifice dépend de la situation du cheptel et de la capacité des finances des citoyens pour acquérir le mouton du sacrifice. Ce n’est possible que lorsque l’offre est plus importante que la demande.
Dans le cas contraire les musulmans s’abstiennent de sacrifier le mouton du rituel. C’est le cas cette année tout comme l’année dernière, la sécheresse aidant, qui a pris la relève après la saison précédente avec la pandémie de l’épizootie par le virus de la peste des petits ruminants. La catastrophe fut telle que pratiquement tous les petits éleveurs de l’ovin avaient tout perdu. Ils sont devenus pauvres du jour au lendemain.
Ainsi, tout dépend de la disponibilité ou l’indisponibilité du cheptel destiné au rituel du sacrifice. Ces dernières années avec les changements climatiques causés, par les pays pollueurs, la sécheresse qui a impacté négativement l’économie de l’agriculture de l’Afrique du Nord.
Le mouton du sacrifice préparé pour le rituel de l’Aïd doit remplir des conditions qui consistent qu’il ne comporte aucune tare rendant obsolète son offre au divin. Le manque d’alimentation dans les parcours de pâturage pousse les éleveurs de recourir aux aliments de bétail exogènes tels que l’orge, du grain de farine ou du son. Ce qui rend le cheptel ovin faible et fragile. Ainsi, la conformité ou l’inaptitude du mouton du sacrifice est déclarée. Aussi, l’aliment du bétail qui influe sur les prix/poids des moutons ce qui influe négativement sur le prix de la bête. Afin de compenser les dépenses engagées pour alimenter les moutons du sacrifice les éleveurs se rabattent sur le foin comme aliment de gavage et d’engraissement. Ce qui ne va pas sans désagrément pour les bêtes. Le gavage sans vergogne cause l’anthérotoximie du mouton et sa perte par décès. Heureusement que les dernières pluies salvatrices ont boosté la régénération des couverts végétaux des parcours de pâturages. Aux souks spécialisés pour l’avoine et le foin il n’y a que très peu d’acquéreurs, seuls ceux qui pratiquent l’élevage intensif sédentaire qui en achètent. La Bourse est à son plus bas niveau. Le foin sans acheteurs alors que c’est l’aliment par excellence du gavage et de l’engraissement des moutons pour la prise de poids.
Les races ou phénotypes de moutons prisés pour le sacrifice du rituel. Il est recommandé selon les imams : «Le bélier qui doit être grand de taille doit avoir des cornes torsadés un museau noir et de la laine bien fournie.» N’ayant aucune tare anatomique qui puisse le disqualifier pour son sacrifice.
En Algérie comme dans pratiquement les pays musulmans, il y a des éleveurs spécialisés dans l’élevage des moutons du sacrifice. Les races qui évoluent en Algérie sont quatre principales et trois phénotypes nouveaux. Les races originales qui ont failli disparaître ne sont pas très demandées par les sacrificateurs. Il y en a deux qui s’installent sur le marché national. Le bélier djelfaoui ou bien El Baidha. Les deux sont issus de croisements entretenus par des éleveurs nailis. Dans les zones les plus reculées au Sud-Ouest la «race Srendi» et le sidaoune, qui font office de moutons hybrides et prisés pour le rituel du sacrifice. Les souks à bestiaux à travers l’Algérie et à travers les réseaux sociaux. Ici il y a une évolution effrénée dans la communication ce qui vient d’éliminer le «garant du souk» dhamen elsoug. Il n’y a plus de morale ni de parole d’honneur.
La bourse du mouton
Depuis l’avènement des maquignons aux cols blancs tout a été chamboulé. Il n’y a plus de règles.
La loi du libéralisme débridé a contaminé les différents acteurs.
Généralement, il y avait des étapes dans les échanges entre éleveurs et revendeurs et entre éleveurs ou revendeurs et acheteurs individuels.
Juste après l’Aïd el Fitr, des revendeurs achètent à tour de bras d’importants nombres de moutons pour les revendre lors des tenues de souks hebdomadaires des villes et villages du Nord du pays. Ils créent un effet de demande élevée entraînant une fluctuation très importante dans la bourse du mouton. Le marché se débride. On vous donnera les prix de cession des moutons les jours prochains.
Djilali Harfouche