En apothéose

Tiaret : clôture du 4e Festival national de la chanson engagée

Contre vents et marées, les troupes, poètes et associations se sont relayés et succédés sur la scène de la maison de la culture « Ali Maâchi ». Trois jours durant et avec beaucoup d’enthousiasme, les vingt et une formations se sont relayées pour s’exploser et dire ce qu’il fallait dire. Parfois les mots sortaient des tripes et du cœur pour aller trouver d’autres cœurs.La salle n’a pas désemplie.,le jury est drivé par le chantre des poètes arabes d’Algérie Slimane Djouadi. A qui il faut reconnaître son engagement et son amour du monde et de l’humanité à travers et par l’Algérie toute entière.
La quatrième édition du Festival national de la chanson engagée a été lancée, lundi dernier à Tiaret, avec la participation de 21 troupes musicales de 19 wilayas du pays, qui ont concouru pendant trois soirées. Il a été enregistré l’absence de trois wilayas : Ghardaïa, Batna et Khenchela. Selon certains participants sur les réseaux sociaux, la principale cause de cette absence est la participation de certains concurrents aux examens de fin d’année scolaire.
La chanson engagée a de bonnes perspectives devant elle du moment que les lycéens sont de la partie. Selon monsieur Benaouda Belkacem, commissaire du festival, c’est difficile de remobiliser des troupes qui avaient beaucoup d’espoirs en le festival mais ont pendant quatre années n’ont plus eu d’espaces d’expression. (Ndlr : le hirak et la covid ont été des éléments défavorables). Si, aujourd’hui, il y a eu cet engagement des associations et des troupes à chanter avec conviction, c’est très important. Les troupes participantes ont toutes été prises en charge sur les plans de l’hébergement, de la restauration et du transport. C’est sous forme d’un concours que les joutes se sont déroulées. Des chèques ont été remis aux heureux lauréats. Le prix mis en concurrence est intitulé le «Prix du Festival» aurait pu porter un nom d’autant plus que Tiaret est la ville des militants engagés par le geste, le poème et par la parole. Au nom de « Ali Maâchi» aurait été bien à propos avec l’édition en ajout.
La cérémonie d’ouverture de cette manifestation culturelle de trois jours, qui a eu lieu à la maison de la culture « Ali Maâchi» a été rehaussée par la présence d’élus locaux et surtout par un public passionné de cet art dont il est le digne héritier. Le wali s’est fait représenter par la directrice de la culture et des arts et par le directeur des anciens moudjahidines. Les Tiaretis ont de tout temps été attentifs aux problèmes de la vie et surtout se sont exprimés en rejetant l’injustice. D’où l’enracinement des médias de progrès comme « Alger républicain », avec le correspondant d’alors, Taibi le libraire qui signait Ibiat, durant l’occupation coloniale. La culture du citoyen de la wilaya de Tiaret est dans le subconscient et elle puise ses racines dans les dires, poèmes et chants des scouts. Le repère c’est le chanteur révolutionnaire le martyr Ali Maâchi.
Si l’ouverture s’est déroulée avec beaucoup de sérénité, la clôture a par contre connu une présence de tous les participants dont personne n’avait la certitude d’être l’heureux élu. Le jury n’a laissé filtrer ou échapper aucune fumée qu’elle soit grise ou bleue. C’est la marque du sérieux des membres qui le composent. Un bon point pour le festival, d’ailleurs c’est une réussite totale. Notre confrère Slimane Djouadi n’a voulu nous transmettre les résultats du concours qu’après que le public les ait eus. Il a tenu à nous informer que c’était difficile de départager les différents participants en ajoutant que tous étaient sérieux et que les paroles, qu’elles aient été peu ou elles très engagées, nous avions su entendre et bien écouter. Le fond de chaque chanson est une leçon de vie. Au compte du jury, nous avions après concertation avec le commissariat du festival ajouté quelques prix d’encouragement et spéciaux du jury : Les paroles percutantes du poète Bachir Belhadj de la troupe «el Tarab el Assil Mecheria wilaya de Naama» Celui de la meilleure composition est revenu au groupe fantasia de Mostaganem. Quant au meilleur interprète, il n’est autre que l’homme aux sept octaves dont le mot ne sort pas uniquement de la bouche mais s’exprime par le geste corporel et l’expression faciale. C’est pour dire que les tripes ont bien réagit. La concurrence fut âpre et sans merci entre les différents groupes.
Quant aux résultats du prix du festival de la chanson engagée, ils sont comme suit : le premier prix a été décerné au groupe « Les sources de l’art » de Tiaret, la seconde place du podium a été arrachée à des détails près par le « groupe fantasia » de Mostaganem et en troisième place, c’est le groupe Chourouk » de Biskra qui a été porté par son chanteur Tarek Djenan.
Les groupes et autres interprètes n’ont pas démérités nous dira le driver du jury. Il y a eu des moments merveilleux qui nous ont permis de découvrir les énormes potentialités que recèle notre jeunesse. Je retiens dira-t-il l’engouement et la maîtrise de l’artiste local, Noureddine Taïbi, qui a interprété un répertoire digne des grands compositeurs interprètes. Parmi les plus importantes, le public a vécu avec émerveillement des extraits d’Iliada El-Djazaïr, Tiaret Ya Lahbiba et Saha.
Le programme du concours a débuté avec l’Association El-Anwar de la wilaya de Relizane, plusieurs troupes et groupes se sont illustrés durant les soirées qui ont fait le plein dont «Ness Zeman» de Frenda (Tiaret) et l’Association des Sept Arts de Sougueur (Tiaret), qui ont interprété leurs compositions, chantant l’amour de la patrie.
Selon le Commissaire du Festival, Benaouda Belkacem, qui a déclaré aux membres de la presse venus couvrir l’événement que «cette quatrième édition, qui revient après une interruption de quatre ans, est accompagnée de prix d’encouragements pour la meilleure interprétation, les meilleures paroles et la meilleure mélodie, d’une valeur de 40.000 dinars, en plus de trois autres prix pour les arrangements de la meilleure chanson engagée, d’une valeur comprise entre 100.000 et 250.000 dinars ».
Il a expliqué que «le Commissariat du Festival, au cours des éditions passées, a constaté l’attachement des jeunes artistes à ce genre de chant, qui chante l’amour de la patrie, exhortant ainsi les jeunes à la servir». Pour sa part, Slimane Djouadi, membre du jury, a souligné que « les récompenses incitatives créées seront une motivation supplémentaire pour les participants, après avoir remarqué qu’il y a une unicité dans les chansons interprétées avec mélodie, paroles ou performance, car l’objectif est de faire aimer ce genre aux jeunes artistes, appelant à la création de festivals similaires dans d’autres wilayas.»
Tout est bien qui finit bien. Ce festival mérite un peu plus d’attention car les luttes menées aujourd’hui sur plusieurs plans par la patrie contre les influences négatives doivent être soutenues. Ali Maâchi peut dormir en paix.
Djilali Harfouche