Investir en Afrique, l’Algérie prête à prendre le risque !

Malgré les contraintes et les défis multiples à relever

Depuis plusieurs semaines, les pluies ont été fortes sur plusieurs wilayas du pays, provoquant des glissements de terrains, des crues soudaines et des inondations.
L’Algérie n’est pas le seul pays touché par le changement climatique qui devrait, selon de nombreuses études et chercheurs, rendre ces épisodes de fortes précipitations et de grandes chaleurs intenses et fréquentes.

Les pays africains subissent déjà l’impact de ce changement qui affecte négativement aussi bien le secteur agricole, de pêche que celui de l’élevage. Cette situation illustre les défis auxquels ces pays auront à faire face à l’avenir et devront repenser leurs stratégies de production agricole et promouvoir l’assurance agricole contre les risques climatiques. Cette question était au centre des préoccupations et des échanges entre les participants des pays africains aux travaux de la 49ème Conférence et de l’Assemblée générale de l’Organisation des Assurances Africaines (OAA), tenue à Alger, avant-hier.
Les intervenants ont abordé le fond de la problématique qui est comment promouvoir davantage le marché africain de l’assurance et trouver des financements pour développer de nouvelles cultures plus résistantes aux changements climatiques. Les compagnies d’assurances du continent devaient, en effet, orienter leur processus d’assurance vers la digitalisation pour faciliter les échanges d’information, mais aussi encourager les investissements verts. La conférence a mis l’accent sur les mesures et les actions communes que les pays africains doivent prendre pour un accompagnement renforcé du développement du marché des assurances, du secteur agricole et des mécanismes de financements des projets stratégiques en Afrique.
L’objectif est de parvenir à adapter les réglementations des pays africains, à l’instar de l’Algérie, à l’évolution du secteur financier et bancaire, mais aussi celui des assurances pour partager les risques contre les bouleversements climatiques. Et, de renforcer le financement et le suivi-évaluation du secteur agricole (agriculture intelligente) afin de relever le défi de la sécurité alimentaire.
L’urgence actuelle est de limiter l’impact de la sécheresse sur le secteur agricole qui entraîne une réduction des superficies cultivables, le manque d’eau, des ressources halieutiques et fragilise l’activité de l’élevage.
La lutte contre le changement climatique fait consensus. L’Algérie est prête à investir davantage dans le développement du continent. Pour rappel, dans sa dernière entrevue avec les médias algériens, le Président Tebboune a annoncé «un (1) milliard de dollars pour soutenir le développement en Afrique».
L’objectif est de soutenir les pays africains, notamment surendettés, pour suivre le rythme de développement des autres pays et exploiter leur fort potentiel naturel et humain.
La priorité devrait être accordée, principalement, à la lutte contre le changement climatique qui exige des investissements stratégiques, intelligents et verts. Les banques, les assureurs et les agriculteurs en particulier devraient suivre.
«Les défis de la sécurité alimentaire en Afrique, ayant trait essentiellement aux changements climatiques, à la pérennisation et l’efficience des politiques d’assurance et la modernisation des filières agricoles, exigent du secteur des industries d’assurance des solutions innovantes», a indiqué, à ce sujet, dans son discours d’ouverture de la conférence, le Premier ministre,
M. Aïmene Benabderrahmane.
Il a souligné, l’importance de soutenir «la modernisation des filières agricoles pour préserver le revenu des agriculteurs tout en soutenant le pouvoir d’achat du citoyen, à travers l’activation des dispositifs de régulation», assurant que «l’objectif escompté est de mettre les agriculteurs et les investisseurs à l’abri de toute appréhension ou réticence à l’investissement dans le secteur agricole, en raison de l’impact des changements climatiques y compris la sécheresse, les inondations et les feux de forêt, souvent à l’origine de l’exacerbation de la précarité financière des agriculteurs et travailleurs dans le secteur agricole».
Cette conférence intervient quelques jours après la tenue des 58èmes Assemblées annuelles de la Banque Africaine de Développement (BAD), en Egypte, lors desquelles, l’Algérie a réitéré son soutien à cette institution financière.
Les participants à cet événement ont recommandé et invité les banques et institutions financières de développement à être «moins averses au risque, en réduisant prudemment leurs ratios d’adéquation du capital, en établissant des mécanismes en matière de capital et de liquidités taillés sur mesure et en réévaluant les normes réglementaires existantes en matière de capitaux et autres normes prudentielles, pour passer progressivement d’un financement par projet au financement d’une transition durable à l’échelle du système». Ainsi «dérisquer l’investissement vert pour encourager ce secteur à s’impliquer davantage dans l’action climatique en Afrique, tout en accélérant la mise en œuvre des initiatives encourageant son épanouissement, à l’instar de l’accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf)».
Samira Takharboucht