Une nouvelle campagne contre l’Algérie

Le Pib par habitant

Les récents chiffres de la Banque mondiale concernant le produit intérieur brut (PIB) par habitant pour l’année 2021 ont été une occasion pour lancer une campagne de dénigrement contre l’Algérie. Dans certains médias et dans les réseaux sociaux, des plumes et des voix, se sont déchaînés pour détruire toutes les réalisations économiques et sociales de notre pays.

Certains sont allés même jusqu’à prédire que «l’Algérie risque un effondrement et la faillite en 2029». Comment un pays comme l’Algérie, dont la dette extérieure ne dépasse pas les 3 milliards de dollars, des réserves de changes dépassant les 64 milliards de dollars à fin février 2023 et 11 autres milliards de dollars de réserves en or, risquerait la faillite dans quatre ans ? En 2020 et malgré un prix moyen du baril de pétrole à 42 dollars, l’Algérie ne s’est pas effondrée.
Mais qu’en est-il de cette histoire du Pib par habitant calculé par la Banque mondiale qui fait couler beaucoup d’encre et de salive ?
A la fin de ce mois de mai, la Banque mondiale a rendue public le Pib par habitant de tous les pays du monde. Dans ces chiffres, il ressort que le Pib par habitant de l’Algérie en 2021 n’était que de 3.691 dollars, tandis que celui de la Tunisie était de 3.807 dollars et du Maroc de 3.795 dollars. Evidemment, les milieux hostiles vont alors se déchaîner sur l’Algérie. «L’Algérie est devenue le pays le moins riche du Maghreb» lit-on dans certains titres ? Tandis qu’un autre analysait : «Les gigantesques richesses naturelles de l’Algérie ne suffisent donc plus à masquer la réalité économique du pays, très en retard par rapport à ses voisins du Maghreb, et qui devrait connaître de graves difficultés vers 2028», lit-on dans les colonnes de la revue tunisienne Kapitalis. Pourtant, il aurait suffit à l’auteur de cet article de prendre connaissance de la définition du Pib pour modérer ses conclusions. La définition précise que «le Pib est égal à la somme des valeurs ajoutées brutes des différents secteurs institutionnels ou des différentes branches d’activités, augmentée des impôts moins les subventions sur les produits». Et il s’avère que les subventions et les transferts sociaux en Algérie sont très élevés. En 2021 et selon les chiffres communiqués par le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, les montants des transferts sociaux directs se sont élevés à 5.131 milliards de dinars., soit l’équivalent de 37 milliards de dollars. Ce montant est le plus élevé jamais consacré aux subventions par l’Algérie depuis son indépendance en 1962. A titre de comparaison la Caisse des compensations du Maroc, qui ne soutien que les prix de trois produits (gaz butane, le pain et le sucre) n’avait dépensé que 2,41 milliards de dollars en 2021 et seulement 1,80 milliard de dollars ont été consacrés par la Tunisie au soutien aux produits de base.
Concernant l’Egypte, ce pays est sous programme d’ajustement structurel du Fmi. Une réduction drastique des montants des subventions est opérée depuis prés de deux ans. Au Nigeria, premier producteur de pétrole en Afrique, une décision de l’arrêt des subventions des carburants a été prise ce 1er juin 2023. En 24 heures, le prix de l’essence a été multiplié par trois. Le litre est ainsi passé de l’équivalent de 50 dinars algériens à plus de 150 dinars. L’Etat nigérian n’a plus les moyens pour consacrer 11 milliards de dollars annuellement au soutien des prix des carburants. Il est connu que quand un pays en difficultés financière et économique s’adresse au Fmi, les premières mesures à appliquer touchent à la dévaluation de la monnaie locale et à l’arrêt de toutes les subventions.
La hausse du montant des transferts sociaux en 2021 s’explique par les mesures prises par le Gouvernement algérien pour faire face aux conséquences de la pandémie du Covid-19. Plus de 80% des transferts sociaux directs vont à l’énergie (électricité, gaz de ville, gaz butane et carburants). Ces subventions permettent à un Algérien de payer trois fois moins cher son énergie électrique et cinq fois moins cher son litre de gasoil par rapport à un Marocain. Les subventions concernent aussi le prix de l’eau, les produits alimentaires, le logement social, la gratuité des soins, les œuvres sociales scolaires et universitaire et l’ensemble des aides directes qu’accordent l’Etat aux couches défavorisées et fragiles et qui sont directement financé par le Trésor public et non pas par un système de protection sociale qui implique les cotisations des travailleurs et des employeurs. Même l’allocation-
chômage au profit des jeunes est financée directement sur budget de l’Etat et non pas par une caisse spécifique. En 2021, chaque Algérie a bénéficié de 637 dollars de subvention direct. Et ce montant a évidemment été amputé du Pib de l’Algérie par les calculs de la Banque mondiale.
En réalité, le Pib par habitant de l’Algérie en 2021 était de 4.328 dollars et non pas 3.618 dollars. Malgré les contraintes et la manipulation des données économique par des milieux malveillants et hostiles, le Gouvernement algérien maintien sa politique sociale adopté depuis l’indépendance du pays. La réflexion engagée ces deux dernières années concernant la réforme du système national des subventions devrait permettre de réguler et de rationaliser les montants financiers alloués aux transferts sociaux. Il est temps de mettre un terme à ses subventions qui profitent autant aux pauvres qu’aux riches. Cette réflexion doit s’accompagner par la numérisation de tous les secteurs économiques et financiers pour avoir des données exactes sur la production des richesses du pays. Des mesures qui devraient permettre également d’intégrer une bonne partie de l’économie informelle dans l’économie réelle. Concernant ceux qui prédisent un effondrement et une faillite de l’Algérie en 2028, ils n’ont qu’à revoir leur copie.
M. Chermat

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