Son efficacité doit s’insérer dans le cadre d’une planification stratégique
Le Gouvernement algérien a décidé l’ouverture du capital des entreprises publiques

Lors de plusieurs Conseils des ministres entre 2021/2023, le président de la République a ordonné au Gouvernement d’accélérer l’ouverture du capital des banques publiques, après des études sérieuses, dans l’objectif de relancer l’investissement et mettre fin au terrorisme bureaucratique en libérant les énergies créatrices. Depuis de longues décennies, combien de codes d’investissements, de réunions, de commissions ont eu lieu pour relancer le tissu économique sans résultats palpables.
Aussi, outre les réformes institutionnelles dans le cadre d’une vision claire et datée des réformes structurelles, renvoyant à la refonte de l’Etat pour de nouvelles missions adaptées des relations dialectiques Etat-Marché, pour l’Algérie, enjeu énorme de pouvoir, les grand défis du gouvernement 2023/2025 sont la réforme de Sonatrach lieu de la production de la rente et le système financier dans son ensemble (douane, fiscalité, domaine, banques) lieu de distribution de la rente, afin de s’autonomiser et l’affranchir des sphères de clientèles. Il est nécessaire de s’attaquer à l’essence du blocage du développement et non à des actions conjoncturelles ou demain les mêmes causes produiront les mêmes effets (voir A.Mebtoul www.google 2009, démocratisation et l’impérieuse réforme du système financier algérien). La réforme urgente, étant une question de sécurité nationale, doit toucher toutes les structures du ministère des Finances les banques, à travers la récente décision du président de la République d’ouvrir le capital des banques publiques : les directions et sous directions de crédit ; les Caisses de garanties octroyant parfois des garanties de complaisance comme cela a été constaté récemment ; la DG de la fiscalité avec des non recouvrements faramineux inexplicables les seuls pénalisés étant les salariés et fonctionnaires dont la retenue est à la source ; les domaines incapables d’avoir un registre cadastre transparent. Une réforme nécessaire pour éviter le bradage du patrimoine national. Combien d’habitations ont des titres de propriété et allez demander un livret foncier avec des marchandages que vivent dramatiquement des millions de citoyens confrontés à une bureaucratie néfaste. Imaginez que seulement 5 millions d’unités payent seulement 10.000 DA par an d’impôts fonciers. Une réforme des Douanes sans tableaux de la valeur reliés aux réseaux tant nationaux internationaux, est nécessaire comme je l’ai préconisée entre 1982/ 1983 en tant que haut magistrat et DG des études économiques à la Cour des comptes. Dans le contexte actuel, l’Algérie a une économie de nature publique avec une gestion administrée centralisée, la presque totalité des activités quelle que soit leur nature, y compris, la sphère informelle indirectement, se nourrissent de flux budgétaires c’est à dire que l’essence même du financement est lié à la capacité réelle ou supposée du Trésor public via la rente des hydrocarbures. On peut considérer que les conduits d’irrigation, les banques commerciales et d’investissement en Algérie opèrent non plus à partir d’une épargne puisée du marché, éventuellement un reliquat du travail, mais par les avances récurrentes (tirage : réescompte) auprès de la Banque d’Algérie pour les entreprises publiques qui sont ensuite refinancées par le Trésor public sous la forme d’assainissement : rachat des engagements financiers des EPE auprès de la Banque d’Algérie, alors que plus de 70% de ces entreprises sont revenues à la case de départ montrant que ce n’est pas une question de capital argent. C’est que la richesse ne peut apparaître que dans le cadre de la transformation du stock de monnaie en stock de capital, et là est toute la problématique du développement. Puisque pour l’Algérie, cette transformation n’est plus dans le champ de l’entreprise, mais se déplace dans le champ institutionnel (répartition de la rente des hydrocarbures), dans cette relation, le système financier algérien est passif. Comme conséquence, le système financier algérien est actuellement dans l’incapacité de s’autonomiser, la sphère financière étant totalement articulée à la sphère publique. Le marché bancaire algérien est totalement dominé par les banques publiques, ce qui fait que la crise bancaire mondiale actuelle ne touche pas directement le système financier algérien. Mais nous ne devons pas nous réjouir, parce que nous n’avons pas un véritable système financier relié aux réseaux internationaux comme l’a mis en relief le président de la République mais de simples guichets administratifs. Quant à la finance islamique comme moyen de financement, qui est de promouvoir l’investissement dans des actifs tangibles, il faut éviter l’utopie représentant cumulé entre 2021/2022 moins de 1% du financement global de l’économie mondiale, encore qu’il faille l’encourager, sa réussite impliquant une visibilité, la maîtrise de l’inflation, et la stabilité de la cotation du dinar par rapport aux devises euro et dollar (voir notre interview mensuel Capital Fr/AFP –France 24-11/08/2020). Quant à la bourse d’Alger, l’important pour une bourse est le nombre d’acteurs au niveau de ce marché. Imaginez un très beau stade de football pouvant accueillir plus de 100 000 spectateurs sans une équipe pour disputer la partie.
En résumé, chaque pays, en fonction de ses réalités et de ses contraintes, a mis en place les techniques les plus adaptées à son contexte, les objectifs pouvant varier et être adaptés en fonction de l’activité ou de l’entreprise. Il ne faut pas être utopique, Sonatrach sera encore pour longtemps, la principale société pourvoyeuse de devises ayant permis avec les dérivés en 2022, une recette de 60 milliards de dollars, à ne pas confondre avec le profit , dont 90% dû à des facteurs exogènes, hausse du prix du pétrole et du gaz en 2022, avec une moyenne de plus de 100 dollars le baril pour le pétrole et de 12/13 dollars le MBTU pour le gaz, Pour 2023, nos prévisions, pour une hypothèse de 75/80 dollars le baril et 10/12 dollars le MBTU de gaz les recettes fluctuent entre 45/50 milliards de dollars. D’où l’importance de profondes réformes axées sur plus de cohérence et de visibilité, de la nécessaire transition numérique et énergétique. Le compromis et les objectifs stratégiques des années 2023/2030 devront concilier l’impératif de productivité et la cohérence sociale, les principes d’une société ouverte et le devoir de solidarité, en un mot l’efficacité et l’équité. L’on doit éviter toute ambiguïté : la nécessaire justice sociale ne doit pas se fonder sur le modèle de l963-2023, mais doit recouvrer la nécessité d’une transformation de l’Etat gestionnaire à l’Etat régulateur, par la formulation d’un nouveau contrat social. Afin que l’Algérie devienne un pays pivot et facteur de stabilité de la région méditerranéenne et africaine.
Pr des universités, expert international Abderrahmane Mebtoul
(Suite et fin)