L’ancien international Éric Mouloungui dit tout sur le foot gabonais
Dans une interview accordée à «Afrik foot»

L’ancien international Gabonais Éric Mouloungui, en retraite depuis 2019 (39 sélections), fustige dans une interview accordée à «Afrik Foot», «la gestion désastreuse de leur Championnat par les instances du football gabonais».
Le football national gabonais aura du mal à sortir la tête de l‘eau, estime-t-il notamment avec une fédération qu’il considère incapable d’assumer sa mission et un sélectionneur national qui ne pourra pas atteindre ses objectifs en Côte d’ivoire, lors de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations 2023, qui aura lieu dans 6 mois. Pour illustrer ce pessimisme, il qualifie la situation du foot gabonais de désastreuse et pour preuve «l’arrêt du Championnat, ces derniers temps, pour des salaires impayés».
«La situation est catastrophique»
A une question relative à cette instabilité qui secoue le football gabonais, Mouloungui aura une réponse sèche : «La situation du football gabonais est dans un état lamentable, voire même catastrophique. Je me rappelle d’où nous étions, même si nous étions amateurs. C’est le jour et la nuit». Il rendra hommage à l’État gabonais qui est «l’un de ceux en Afrique qui a mis le plus de moyens dans le football d’élite». Il regrette vivement qu’ils ne soient pas clairement utilisés à bon escient pour différentes raisons. Ne pouvant taire ce que le foot endure, il dénonce les entraves qui sont à l’origine du climat morose qui étouffe son développement vers un meilleur climat. Il saisira cette opportunité pour briser le silence et évoque, les fréquents arrêts du Championnat pour des salaires impayés, d’une part et d’autre part, «le détournement de l’argent, versé par l’Etat au profit du football, cet argent, dira-t-il, n’a pas été utilisé pour profiter aux premiers acteurs qui sont les joueurs. Cela a profité à des dirigeants de clubs».
«Le football gabonais est financé
à 100% par l’Etat»
Non sans preuve, il avancera que la fédération n’accorde aucun centime aux clubs, et la défie de démontrer le contraire de ses dires. «Le football gabonais est financé à 100% par le gouvernement du Gabon, ce qui ne se fait pas ailleurs», alors que «l’instance footballistique ne met aucun centime pour subventionner les clubs, tout est supporté par l’Etat… C’est la Fédération, qui est l’instance faîtière du football gabonais. C’est elle qui représente notre pays à la FIFA et à la CAF. Elle devrait réfléchir via la Ligue nationale de football pour trouver des mécanismes pour financer notre football». Et d’ajouter «les clubs qui ne remplissent pas les critères reçoivent quand même des subventions».
«L’ANFPG est complice, j’ai déjà vu
des arrangements»
Les premières victimes de ce football en déliquescence sont les joueurs locaux qui, certains, se trouvent dans une véritable galère. Et s’interroge sur le rôle de l’Association nationale des footballeurs professionnels du Gabon, fait-elle ce qu’il faut pour protéger ces acteurs ? «Je m’exprime peu il est vrai, je pense avoir un peu d’expérience de mon vécu en France. L’Union nationale des footballeurs professionnels en France discute des droits et intérêts des joueurs. Ça fait plusieurs années, je décris la gestion de l’ANFPG parce que celle-ci encourage et je pèse mes mots, ce qui se passe par rapport à nos jeunes footballeurs. Je suis outré de voir ce que vivent mes jeunes compatriotes depuis plusieurs années. Entre les arriérés de salaire et le reste pour des jeunes qui ont choisi le football comme métier».
Ils jouent sans être payés
Ces révélations longtemps gardées au silence démontrent le mal qui ronge le football qui «est censé être un ascenseur social pour le football, des jeunes gens qui sont dans des situations très difficiles», dira-t-il et d’ajouter que «l’ANFPG ne fait pas son travail. Je fustige la gestion de l’association que dirige un petit frère et ancien coéquipier en équipe nationale (Remy Ebanega, ndlr). Il y a un premier constat sur l’ANFPG, qui est devenue une association pérenne, autonome, qui a son siège et des salariés. Si elle existe, c’est pour régler les difficultés que vivent les footballeurs gabonais. Je vois que l’association, elle, devient autonome mais la situation du footballeur gabonais est de pire en pire. Il y a un problème dans ce sens… Je suis très déçu, j’ai déjà vu des arrangements où les clubs doivent plusieurs mois d’arriérés à leurs joueurs… qui continuent de jouer sans être payés».
«La CAN, rien n’est encore joué»
Les Panthères étaient en tête avant la journée des qualifications à la CAN et cette défaite face à la RDC. Comment voyez-vous la situation, défavorable, avant la dernière journée de septembre ? Question posée par notre confrère de «Afrik Foot». Il a eu comme réponse, celle de démontrer que l’amateurisme est partout dans le football, «particulièrement au sein de l’équipe nationale du Gabon», Ce dernier n’étant toujours pas qualifié (deux victoires, deux défaites et un nul : 3e au classement avec 7 points et à un point du premier la Mauritanie) (ndlr). «On était premier et là on se retrouve et pour le moment pas qualifiés». Il explique : «On va devoir affronter la Mauritanie chez elle… devant leur public alors, eux aussi jouent la qualification».
«Cela va être difficile mais je reste optimiste»
Retours en sélection d’Aubameyang, Lemina, Nuance «ils ont été expulsés de la sélection. Ils n’ont pas quitté volontairement le regroupement. On a décidé leur départ parce qu’ils avaient le Covid… Quand on a une Fédération forte, un sélectionneur national fort, les dérives n’arrivent pas. J’ai déjà eu par le passé un joueur comme Edmond Mouele qui a été écarté de la sélection pour un cas d’indiscipline. Alors que d’autres ont été indisciplinés mais n’ont pas été punis».
Synthèse de H. Hichem