La fin du pétrole n’est pas pour demain !
Le G20 Finances en désaccord sur la fin du recours aux énergies fossiles
Après plusieurs semaines dans le rouge, les cours du pétrole se ressaisissent et enchaînent la quatrième séance de gain, soutenus par la baisse de l’offre sur le marché mondial et la chute des stocks du brut américain, mais aussi par l’amélioration des indicateurs économiques de la Chine qui s’engage à aider le secteur immobilier en crise depuis des mois. Les prix du pétrole ont franchi, ces trois derniers jours, la barre des 80 dollars et pourraient atteindre encore de nouveaux sommets dans les mois à venir, si l’Arabie saoudite, l’Algérie et la Russie et les autres membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés non-Opep maintiendraient le statu quo dans un contexte international très instable.
Si l’Algérie, l’Arabie saoudite et plusieurs autres pays producteurs de l’or noir avaient décidé de réduire davantage leurs extractions, c’est à cause des décisions unilatérales prises par les Occidentaux contre la Russie (embargo sur les hydrocarbures russes et plafonnement des prix), ayant un impact direct sur le marché mondial du pétrole (production, exportaion et transports). Des décisions dénoncées par les pays membres de l’Opep+ qui ont dû intervenir pour stabiliser le marché de l’or noir et enrayer la chute des cours du pétrole qui sont passés sous la barre des 70 dollars. Le cartel a décidé, de ce fait, de couper jusqu’à plus de 3 millions de barils par jour (Mbj) pour sauver le marché pétrolier.
C’est, également, une réponse à certains politiques qui parient sur la baisse des cours de l’or noir, provoquant une aversion des investisseurs au risque. L’Arabie saoudite a mis en garde les investisseurs contre l’impact de ces spéculations sur l’économie mondiale. Le pétrole demeure le produit-clé de l’économie moderne, aucun pays ne peut se passer des hydrocarbures dans son développement économique et social. Toutes les tentatives menées par les Occidentaux pour s’affranchir de cette énergie s’avèrent vaines. La transition énergétique nécessite des moyens financiers importants, mais aussi de l’énergie et du temps. L’Opep a déjà averti les consommateurs d’hydrocarbures quant à l’impact de leur stratégie et sanction contre la Russie sur le marché mondial de l’énergie et sur la stabilité sociale des pays. Aujourd’hui, plusieurs pays, notamment européens, se trouvent dans l’impasse. Le 22 juillet dernier, après plusieurs heures de discussions et de négociations, les ministres de l’Energie des pays du groupe G20 sortent sans aucune décision commune sur un calendrier permettant de réduire le recours aux énergies fossiles. L’abandon des hydrocarbures n’est pas pour demain. La Chine et l’Inde demandent plus d’hydrocarbures pour soutenir leur économie qui pourrait faire de l’ombre à l’économie américaine et européenne. Des rivaux historiques, toujours en duel pour maintenir leur positionnement et influence sur les marchés émergents. La demande de pétrole reste plus ferme. Intervenant au cours du Sommet du G20 Finances qui s’est tenu en Inde, le secrétaire général de l’Opep, Haitham Al Ghais, a réaffirmé l’engagement des pays producteurs à appliquer l’Accord de Paris pour réduire les émissions à effet de serre, mettant en garde contre la politique des Occidentaux qui «refusent de financer de projets d’investissements dans le secteur des hydrocarbures», estimant, à ce sujet que «ce n’est ni pragmatique ni constructif pour la voie à suivre. Suivre cette voie affecterait gravement les économies, limiterait la mobilité sociale, limiterait l’accès abordable à l’énergie et exacerberait la pauvreté énergétique». Les pays producteurs de pétrole membres de l’Opep+ sont plus coopératifs et investissent de plus en plus dans la lutte contre les aléas climatiques et dans la transition énergétique. Samira Tk