Revivifier les traditions ancestrales

Célébration de la fête de l’Achoura à Ghardaïa

Les habitants de la région du M’Zab (Ghardaïa) s’appliquent à revivifier les coutumes ancestrales pour célébrer la fête de Achoura, évènement religieux et spirituel très cher aux Algériens. De nombreuses familles profitent de cette occasion pour préparer des recettes authentiques dont notamment deux plats typiquement traditionnels et ancestraux appelés le couscous avec «Tichourdasine», en tamazight locale, «El Kourdas» en arabe dialectal, un met à base de couscous plombs et de tripes séchées et salées du mouton de l’Aïd El Adha, ainsi qu’un plat dénommé «Ibaoun» en Tamazight (fèves bouillies au cumin). Le plat de couscous, riche en saveur est préparé d’une sauce rouge composée d’une variété de légumes frais, de pois chiches, d’abricot sec assaisonné de gingembre, de poivre, de curcuma, cumin, piment et des petites herbes potagères pour rehausser le goût.Ce met est dégusté dans un grand plat en présence de tous les parents et grands-parents, a expliqué, Hadj Ayoub, un habitant du quartier Salm Ouaissa. La célébration de cette fête religieuse est accueillie également par la préparation du plat populaire «Ibaoun» dont l’art de préparer exige minutie, « petits calculs » ainsi que des touches exceptionnelles pour plaire aux papilles gustatives. Traditionnellement ce plat du terroir incontournable se prépare la veille où la ménagère trempe dans l’eau douce des fèves sèches et les fait bouillir à petit feu toute la nuit.
Décortiqué et assaisonné avec du sel, cumin et de l’huile d’olive, ce plat se déguste dans la matinée. Les enfants le distribuent aux voisins et passants en chantant une chanson célèbre dénommée «Abyanou». Perçue comme une fête de l’enfance, la tradition veut que la veille de la fête de achoura, les femmes mettent à leurs enfants du «khôl» (poudre d’antimoine que l’on met sur le contour des yeux afin de les mettre en valeur). La portée religieuse de Achoura favorise l’échange des visites entre proches et voisins dans une ambiance de détente, de convivialité et de générosité envers les nécessiteux et les orphelins de leur entourage, signale-t-on. C’est aussi une occasion pour se recueillir sur les tombes des défunts proches et procéder au remplacement des palmes pennées que l’on place sur la tombe pour identifier le défunt et agrémenter l’environnement. La visite au cimetière est souvent accompagnée d’une distribution de dattes et de pain pour les passants. Tous les aspects festifs d’achoura ne devraient en aucun cas faire oublier sa portée religieuse, a fait savoir Ammi Ahmed, un notable de la région, ajoutant que c’est l’occasion pour les fidèles et pieux d’accomplir davantage de bonnes actions tels que le jeûne.
R.C.