Grande concertation des Gouverneurs des Banques centrales arabes à Alger

Excédents budgétaires, inflation, numérisation et développement économique

Les hauts responsables de la politique de gestion financière des pays arabes se sont convenus, hier à Alger et lors de la 47e réunion annuelle du Conseil des Gouverneurs des Banques centrales et institutions monétaires arabes, à un accord important et décisif à savoir : le recours aux investissements des excédants budgétaires réalisés par les nations arabes pour diversifier leurs économies, voire la mise en valeur des recettes supérieures aux dépenses pour le développement économique, monétaire et financier arabes.Au deuxième jour de la 47e réunion annuelle du Conseil des Gouverneurs des Banques centrales et des institutions monétaires arabes (FMA), qui se déroule depuis avant-hier à Alger, les hauts responsables des Banques centrales et du secteur financier arabe, ont débattus et partagés à la fois leurs stratégies concernant la situation monétaire, financière et économique des pays arabes, tout en décidant le renforcement du rôle des organisations de développement économique et financier arabes dans la coordination des politiques économiques communes.
En effet, les Gouverneurs des Banques centrales et les hauts responsables du Fonds monétaire arabe (FMA) d’Irak, Yémen, Tunisie et Oman, ont tous appelés à l’unification financière arabe, tout en appelant les Etats arabes à accélérer la mise en œuvre des réformes économiques pour diversifier leurs économies et faire face à la conjoncture économique actuelle qui a accentué les niveaux d’inflation et d’endettement, et ce, à travers la coordination des efforts pour limiter les répercussions de l’inflation importée.
Le représentant de la Banque centrale irakienne, en l’occurrence Ali Mohsen Ismail, a appelé, pour sa part, à une coopération et coordination des positions des pays arabes face à la situation économique mondiale, tout en plaidant pour des «réformes structurelles importantes en matière de diversification de l’économie».
La concrétisation de cet objectif passe, selon l’intervenant irakien, par le dialogue et des mesures réglementaires, législatives et structurelles en vue de protéger ces investissements, tout en regrettant le niveau des investissements arabes en dehors des Etats arabes, «plus importants que ceux à l’intérieur de ces Etats», a signalé Ali Mohsen Ismail.
Citant le modèle algérien comme un exemple démonstratif et réel, le haut responsable de la Banque centrale irakienne a, par ailleurs, estimé, que l’Algérie engageait des réformes structurelles pour diversifier son économie et capter les investissements, soulignant que l’Algérie jouissait de «grandes potentialités qui peuvent contribuer à la réalisation d’une économie plus importante et une meilleure diversification», dira Ali Mohsen Ismail lors de son intervention à la 47e réunion annuelle du Conseil des Banques centrales arabes.
En face, le Gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, Merouane Abassi, et lors de son intervention prononcée devant les participants à la 47e réunion annuelle du CGBC, a rappelé que les grandes augmentations des taux d’intérêt en Europe et aux Etats-Unis décidées pour juguler l’inflation, avaient des répercussions négatives sur les pays débiteurs, les pays arabes.
Le haut responsable tunisien des Finances a relevé l’importance d’une «coordination des politiques monétaires et financières entre les Etats arabes, avec un retour à la production et à l’investissement, en vue de relancer la dynamique de croissance et trouver une solution à l’inflation importée», indique-t-il.
Le représentant tunisien a insisté sur la nécessité de développer le Fonds monétaire arabe (FMA), afin qu’il puisse devenir un outil pour résoudre les problèmes financiers et monétaires des pays arabes, Merouane Abassi a appelé à une coordination entre les politiques financières et monétaires arabes, à une plus grande solidarité entre les Etats arabes dans ce contexte économique mondial très particulier.
De son côté, le Gouverneur de la Banque centrale du Yémen, en l’occurrence Ahmed Ahmed Ghaleb, a affirmé que la digitalisation du secteur financier figurait parmi les plus importants points évoqués lors de la 47e réunion des Banques centrales arabes.
Le haut responsable yéménite a également mis en avant «les atouts économiques de l’Algérie sur le plan régional» relevant que le pays dispose d’«une économie prometteuse capable de sortir de toute crise qui pourrait surgir», a-t-il estimé.
Pour sa part, le vice-gouverneur de la Banque centrale d’Oman, Qais Issa Mohammed Al Yahyai, a jugé qu’il est temps pour les économies arabes d’entreprendre des réformes financières dans le cadre d’un équilibre entre la croissance économique et la politique monétaire.
Sofiane Abi