L’arbitrage et des questions

Football

Ce vendredi, on a joué à Chlef les quarts de finale de la Coupe d’Algérie de football. L’arbitre Bouekassa, officiait la rencontre ASO Chlef – Olympique d’Akbou. Une partie dominée par les visiteurs. Mais à la fin, l’arbitrage n’a pas gagné en image.

L’équipe d’Akbou éliminée (1-0) contestait dans un calme olympien la non observation des minutes de prolongations, préférant n’accorder que trois minutes. La partie fut pourtant entachée par plusieurs sorties de blessés pour des soins, des changements de joueurs, un arrêt de jeu pour dispute entre joueurs, pertes de temps sanctionnées causées par le gardien de l’ASO et par des simulations… Dans cette histoire qui marque la majorité des rencontres de football, les experts et anciens arbitres internationaux soutiennent qu’«il faut 30 secondes pour faire un changement en moyenne. De même pour l’intervention d’un soigneur : c’est une minute pour un soigneur et 30 secondes pour un remplacement. Mais ce n’est pas la règle».

Les ex-arbitres internationaux témoignent
L’équipe de l’Olympique Akbou, éliminée, serait-elle victime d’erreurs d’arbitrage ? Elle quitte le terrain avec des interrogations. A l’extérieur, c’est la déception. On murmure «l’arbitrage, continu de malmener notre football». Les professionnels témoignent que «le temps additionnel est situé, en moyenne, entre 3 et 5 minutes, déclarait un ancien arbitre international aujourd’hui consultant pour Canal+. Dès que ça dépasse 5 minutes, ça devient du hors-norme». Le feuilleton de l’arbitrage explose de par ses erreurs.

Le temps additionnel ?
Qu’est-ce que le temps additionnel ? Les lois du jeu rédigées par l’Ifab, l’instance qui gère l’évolution des règles du football, le définissent ainsi : «Temps ajouté à la fin de chaque période pour compenser le temps «perdu» en raison des remplacements, blessures, sanctions disciplinaires, célébrations de buts, etc.» Contrairement à la croyance populaire, le quatrième arbitre, situé sur la touche entre les bancs des deux équipes, n’est pas le responsable du nombre de minutes supplémentaires. Les lois du jeu précisent qu’il est «chargé d’indiquer le minimum de temps additionnel décidé par l’arbitre à la fin de chaque période de jeu (y compris la prolongation… 30 secondes pour un changement, 1 minute pour un soigneur», l’arbitre central de calculer ce temps additionnel.
C’est donc à l’arbitre central de calculer ce temps additionnel. Pour ce faire, aucun point du règlement ne lui montre la voie. Mais il est communément accepté, par exemple, qu’un remplacement de joueur équivaut à 30 secondes en plus. «C’est une préconisation, précise un ex-arbitre international en retraite. On a donné ce repère, qui est un repère basique. En gros, il faut 30 secondes pour faire un changement en moyenne.
De même pour l’intervention d’un soigneur : c’est une minute pour un soigneur et 30 secondes pour un remplacement. Mais ce n’est pas la règle».

Le temps additionnel est-il calculé ?
A la question de savoir concrètement, comment l’arbitre fait-il pour calculer le temps additionnel ? Sa réponse détaille la manière «vous faites de tête, répondra l’arbitre. En fonction de l’état d’esprit des uns et des autres, de l’évolution du score… Je crois que c’est aussi le ressenti du match. Tout n’est pas calculé à la seconde près parce qu’il y a aussi une sensibilité.» S’il lui est possible d’arrêter son chronomètre pour un calcul précis, l’arbitre n’y a quasiment jamais recours. D’abord, parce que les lois du jeu rappellent que «de nombreux arrêts de jeu sont tout à fait normaux (rentrées de touche, coups de pied de but, etc.). Il convient donc de n’accorder de temps additionnel que si ces arrêts de jeu sont excessifs».

«Le droit de punir les traînards»
Ensuite «si vous arrêtez le chrono, parfois vous oubliez de le remettre en route», sourit Tony Chapron. L’instinct est donc privilégié. Et peut varier selon la bonne ou mauvaise volonté d’une équipe qui mène au score : «Dès lors qu’il y a un comportement d’une équipe dont on sait que son objectif est de faire perdre du temps, oui, on en tient compte, et on se dit qu’on va leur mettre 2 ou 3 minutes de plus à la fin. Mais on n’est pas à la seconde près.»
Dans certains cas, c’est aussi une question de bon sens. «Imaginons que vous ayez un score de 6-0, que des joueurs commencent à souffrir de crampes, quel serait l’intérêt de donner 4 minutes de temps additionnel ? Parfois, les deux équipes elles-mêmes vous disent qu’on peut s’arrêter là», dépeint l’ancien international.

Cas du match Algérie – Qatar en Coupe arabe 2022
Algérie – Qatar (2-1) pour se qualifier pour la finale de la Coupe arabe 2022. Une rencontre au scénario complètement fou qui s’est achevée par 18 minutes de temps additionnel. Tout d’abord, neuf minutes de temps additionnel ont été annoncées par le quatrième arbitre, ce qui a provoqué la stupeur sur le banc algérien. D’autant que les Fennecs ont failli voir la qualification s’envoler lorsque le Qatar est revenu grâce à Mohammed Muntari (90’+6). «La tension était grande du côté de la sélection algérienne, qui allait droit vers une séance de tirs au but. Mais l’arbitre a été indulgent. En plus des neuf minutes de temps additionnel, il a laissé le chronomètre tourner alors que la partie n’était pas forcément plus hachée qu’une autre par plusieurs arrêts de jeu». C’est sûrement ce qu’aurait souhaité l’Algérie, qui menait 1-0 après 90 minutes, face au Qatar. Les locaux ont égalisé par Muntari après 7 minutes d’arrêt de jeu… avant d’encaisser un but 10 minutes plus tard, toujours dans le temps additionnel, par Belaïli.

En résumé
La citation de Pierluigi Collina susmentionnée inscrite dans les annales de l’arbitrage restera pour longtemps une école. «L’arbitre sait qu’il est imparfait, et que pour faire progresser sa connaissance du jeu et sa prise de décision, il doit accepter ses erreurs… et apprendre à faire confiance à ses assistants». n
Synthèse de H. Hichem