Etienne devenu Nasreddine Dinet

Grande figure de la peinture orientaliste

Il est sorti de l’Ecole supérieure des Beaux-Arts de Paris avant de se destiner à la civilisation et à la religion musulmanes. Bousâada a été pour lui un lieu féérique pour son ciel d’un bleu pur et son soleil ardent.

Les Algériens ont connu des étrangers qui ont aimé les Musulmans et leur pays au point de se convertir à leur religion avec tout ce que cela implique comme rites et pratiques au quotidien. Dinet en a fait partie comme fervent pratiquant de l’Islam alors qu’il pouvait, s’il l’avait voulu, se faire connaître sous d’autres cieux comme l’un des plus grands peintres qu’ait connu le monde dans le domaine des arts picturaux. Il a préféré consacrer sa vie et sa peinture à Bousâada, pratiquer la religion musulmane dans toute son authenticité, en prenant même soin d’accomplir le pèlerinage à la Mecque.

Des convictions religieuses et un regard d’humaniste

Un homme fraîchement arrivé, vers le début du 20e siècle d’un pays à coloration longtemps coloniale, et qui a été un sincère converti à l’Islam. Il en a apporté les preuves par son comportement dans sa société d’adoption. Dinet s’est converti parce qu’il a eu les preuves certaines que l’Islam est la religion la plus parfaite et que le Coran est un livre sacré par excellence. Que de peintres ont pourtant fait la traversée de la Méditerranée sous le prétexte d’être en mal d’inspiration ou de servir la cause des colons. Leurs tableaux ont été décryptés dans ce sens et loin d’eux l’idée de devenir musulmans. Nasreddine est le prénom choisi par l’ami des Algériens à une époque difficile dans les relations entre les deux communautés opposées en Algérie à l’époque en tous points de vue : statut, langue, religion. Ses prédispositions à faire des choix ne souffraient d’aucune équivoque. Aussi, les concitoyens de Bousâada ont su lui rendre la réciproque : ils l’ont considéré comme un des leurs, ils l’ont aimé si bien qu’un mausolée lui a été érigé à l’endroit de sa tombe. En bon musulman, il a fait le pèlerinage à la Mecque. Son visage d’Européen a failli lui coûter le refoulement des Lieux saints, lorsque l’automobile essaya de franchir la frontière. Heureusement qu’il avait à ses côtés El hadj Slimane dont les paroles aimables en arabe lui facilitent la délivrance du visa.
Le pèlerinage est décrit avec minutie, depuis le 1er jour et rien n’est omis jusqu’à l’heure du retour. Il insiste sur quelques moments forts : ville de tentes multicolores qui se dresse pour le rite d’Arafat située sur une élévation sur laquelle passent toutes les caravanes. On peut retenir la journée du sacrifice, précédée de la lapidation de Satan, le tour de la kouba en prononçant des paroles rituelles : « Me voici tout à toi, Ô Allah ! Tout à Toi Tu n’as point d’associé ». L’auteur semble avoir été admiratif des cheqdefs, sorte de lits doubles montés sur des chameaux qui assurent le déplacement à une époque où le transport se faisait à dos de bête. On peut imaginer l’ambiance pour Nasreddine Dinet qui a fait son pèlerinage en 1929.
Il parle dans son livre de 200.000 pèlerins, alors qu’ils sont des millions de nos jours. Les phénomènes naturels font aussi partie de la description du pèlerinage. Des nuages noirs ont soudainement fait leur apparition. « L’orage a vite fait de nous rejoindre, dit-il, et cela pour notre bien, car il déverse une ondée aux gouttes énormes sur nos corps alanguis par la chaleur torride de ces journées ».
L’auteur-pèlerin a eu aussi pendant son séjour dans les Lieux saints, le privilège de voir le roi d’Arabie, Ibn Saoud, dans ses palais, sur invitation et en compagnie des pèlerins connus : « Nous nous rendons à l’invitation du malik Ibn Saoud dans une automobile qui nous prend au palais d’El Hamadyie pour nous conduire à celui du malik situé hors de la ville sur la route de Mina ».
Dinet, en cette heureuse occasion a pu côtoyer des musulmans de tous les continents. Il en parle comme quelque chose de merveilleux. C’est dans les lieux saints de l’Islam que ces milliers de pèlerins venus de tous les horizons, retrouvent l’unité. Dinet cite aussi en tant qu’homme de culture des hommes de lettres ou de science qui reconnaissent la grandeur de l’Islam : « Un savant consciencieux, le professeur E. Montet ayant reconnu que le Coran est peut être le livre religieux le plus monothéiste qui ait jamais été écrit ».

Napoléon, empereur des Français, auteur d’un ouvrage : Bonaparte et l’islam
Il l’a écrit pour dire toute sa sympathie pour l’islam puis aux musulmans. Jamais on aurait imaginé un tel comportement émanant d’un empereur d’origine corse et qui a failli dominer le monde. Napoléon devait se trouver au Caire, à l’occasion de son entrée, longuement préparée, dans cette ville qu’il n’avait jamais connue auparavant et qui l’avait sans doute émerveillé. C’était en 1792 sinon un peu plus. Avant de s’y rendre, l’empereur prit soin d’emmener avec lui des spécialistes de tous les domaines de la science et de la connaissance. Il paraît qu’il avait même emporté avec lui l’imprimerie qui avait été inventée. Des géographes historiens, agronomes, médecins, étaient là pour recueillir toutes les informations concernant les découvertes et inventions qui avaient marqué la civilisation arabo-musulmane.
On disait à l’époque que l’islam uni à l’Europe pouvait constituer une barrière sûre à tous les périls, comme le péril jaune. Et Napoéon lui-même appelait Mohamed, notre prophète. Dans sa célèbre proclamation du Caire, il se déclarait lui-même « mouslimoune ». Il avait selon Nassereddine Dinet, conçu le grandiose projet de devenir l’empereur Khalife de tout l’Orient en convertissant son armée à l’Islam et en prenant le chérif de Mekka comme chef religieux de son empire, lorsque, tout à coup, il fut rappelé en Europe.
Abed Boumediene