Le réchauffement climatique, une menace pour la sécurité mondiale

Réunion de la COP 28 du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï

Le monde connaît un bouleversement inégal depuis des siècles, d’un côté pluies diluviennes, inondations de l’autre côté, sécheresse et incendies. Le réchauffement climatique n’est pas une vue de l’esprit. Étant une question de sécurité mondiale, les dirigeants sont appelés à avoir une autre gouvernance, non seulement locale mais mondiale. Fondamentalement, si nous échouons à passer à un monde à faible émission de carbone, c’est l’intégrité globale de l’économie mondiale qui sera menacée, car le climat mondial est un vaste système interconnecté.

Des estimations plus larges sont réalisées pour chiffrer les investissements nécessaires à plus long terme. Morgan Stanley prévoit par exemple qu’il faudrait 50 000 milliards de $ pour transformer ce que le groupe bancaire décrit comme les cinq industries clés : énergies renouvelables, véhicules électriques, hydrogène, captage / stockage du carbone et biocarburants. Selon le réassureur Swiss Re, assureur des assureurs, il faudrait 270.000 milliards de dollars d’ici 250, et les objectifs de l’accord de Paris ne pourront être atteint qu’en 2069, soit 20 ans de retard, devant miser sur l’efficacité énergétique en premier lieu dans le transport (estimation de l’investissement à 114.000 milliards de dollars, de l’énergie,(78.000 milliards de dollars) du BTPH (65 milliards de dollars), de l’industrie(15 milliards de dollars sans compter les coûts dans, la santé et de l’agriculture et celui des loisirs nouveaux mode du tourisme, nécessitant la réforme du système financier mondial du fait que les obligations vertes représentent en 2021 seulement 2% de la valeur du marché obligataire mondial. Sans changement de trajectoire, le PIB mondial pourrait être en baisse de 7 à 10% vers 2050.Les prévisions du NGFS, qui s’appuient sur la simple mise en place des politiques actuelles, envisagent une perte de production équivalant à environ 5 % du PIB mondial d’ici 2050, et jusqu’à 13 % d’ici 2100. L’université de Princeton estime que les USA devront investir 2 500 milliards de $ (soit 11 % de leur PIB) d’ici 2030 pour pouvoir atteindre l’objectif net zéro en 2050. La Commission européenne, quant à elle, parle d’un investissement de 3 500 milliards de € au cours des dix prochaines années (soit 25 % du PIB), tandis que l’université de Tsinghua University prévoit que le plan chinois coûtera au cours des quatre prochaines décennies 138 000 milliards de RMB (environ 21 600 milliards de $), ce qui représente 122 % du PIB du pays Quelles actions mener ? Il y a l’importance de l’adaptation qui s’applique aux usages et aux activités humaines, qui sont en capacité d’évoluer afin de limiter les risques liés aux impacts du changement climatique (ex : réduction de la consommation d’eau pour anticiper la pénurie d’eau). Les méthodes d’adaptation sont développées à toutes les échelles : au niveau national au sein de politiques publiques (ex : Plan national d’adaptation au changement climatique), au niveau régional (ex : stratégie d’adaptation au changement climatique dans le Grand Ouest), au niveau local (ex : mise en place d’écoquartiers au sein d’une ville) ou au niveau individuel (ex : récupération et réutilisation des eaux de pluies pour nettoyer sa voiture ou arroser les plantes). Les mesures d’adaptation concernent également la sécurité alimentaire des populations, dans le secteur de l’agriculture, pour s’adapter aux impacts du changement climatique et notamment de la raréfaction de l’eau, il est possible de choisir de planter des cultures adaptées au climat local ne nécessitant pas ou peu d’irrigation (agriculture climato-intelligente). De même, dans les villes, il devient de plus en plus fréquent de rencontrer des bâtiments présentant des toits ou murs végétalisés. Ces techniques de végétalisation permettent une meilleure gestion des eaux de pluies mais également de lutter contre les îlots de chaleur (zone urbanisée où la température est plus élevée ; une réorientation des approvisionnements alimentaires vers un modèle plus résilient et à faible impact, une agriculture plus durable en somme ; des investissements dans des infrastructures qui résistent mieux aux futures conditions météorologiques extrêmes ; la création de soutiens sociaux pour aider les millions de personnes qui seront déplacées les milieux environnants). La baisse de production d’électricité issue du charbon et le passage décisif aux véhicules électriques permettront de réduire les émissions de particules polluantes qui sont à l’origine d’une myriade de pathologies, notamment l’asthme. Les effets positifs de la transition énergétique sur la santé devraient entraîner une réduction des frais médicaux, diminuant ainsi le coût net de l’investissement initial. L’évaluation des effets combinés (effet positif de l’augmentation des dépenses d’investissement contrebalancé par la perte de production) est par nature incertaine. Selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), une «transition décisive» pourrait entraîner une hausse de 2,5 % du PIB mondial à l’horizon 2050. Pour réduire les coûts, impossible à supporter les Etats à terme , il y a plusieurs actions à mener.

Premièrement, de développer la transition énergétique, notamment le développement des énergies renouvelables, les panneaux photovoltaïques pour le marché local combiné avec la thermique pour les interconnexions pour pouvoir exporter. Soutenu dans de nombreux pays par des subventions gouvernementales, l’investissement dans les panneaux solaires a réduit les coûts de façon spectaculaire au cours des dernières décennies. Depuis 2010, leur prix moyen a baissé de 82 % aux USA, pour atteindre l’équivalent de 0,068 $ par kilowatt/heure (kWh), contre 0,32 $ /kWh pour le charbon ; le solaire et l’éolien terrestre sont désormais les sources d’énergie les moins chères, et les futurs investissements dans d’autres technologies devraient également faire baisser les coûts liés à la transition ;
deuxièmement, simuler la productivité l’investissement dans les nouvelles technologies devrait aussi permettre d’améliorer l’efficacité, de renforcer la productivité globale et d’augmenter la croissance économique potentielle troisièmement, l’augmentation des investissements dans les infrastructures clés qui peuvent générer des externalités positives supplémentaires, en améliorant la résilience d’un réseau électrique.
En conclusion, le monde outre les profonds bouleversements géostratégiques, s’orientant vers un monde multipolaire, avec les impacts du réchauffement climatique devrait connaître de profonds bouleversements. L’Algérie, consciente des enjeux surtout sur le plan de la sécurité alimentaire via l’eau ? étant prévu des dizaines d’initiés de dessalement de l’eau de mer) en plus d’une utilisation raisonnée pour ne pas briser l’équilibre écologique de la nappe albienne ( 53.000 milliards de mètres cubes l’équivalent de 50.000 fois le grand barrage de Beni Haroun qui se trouve à l’est du pays, nappe située 70% en Algérie , 20% en Libye, et 10% en Tunisie, s’est engagée dans la lutte contre le changement climatique. En 2015, elle a ratifié l’Accord de Paris sur le climat (COP21). Bien avant, en juin 1992, l’Algérie a signé la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et l’a ratifiée en juin 1993, ayant participé à la Conférence des parties de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 25), qui s’est déroulée à Madrid (2-13 décembre 2019. Le plan de relance de l’économie verte a pour objectif d’encourager le recyclage et de promouvoir les industries de transformation écologiques à travers la mise en place des incitations fiscales pour les sociétés industrielles qui s’engagent à réduire l’émission de gaz et de déchets chimiques. Dans le domaine du torchage du gaz, les efforts déployés ont permis de baisser les gaz brûlés de 500 millions de M3 durant l’année 2020-2021. Récemment, l’Algérie a mis en place un Plan national Climat 2020-2030 portant sur 155 projets pour la réduction des émissions du gaz à effet de serre, l’adaptation avec les impacts négatifs des changements climatiques et l’accompagnement de la gouvernance climatique. Elle s’est engagée à réduire de 7 % de ses émissions des gaz à effet de serre, un taux qui pourrait atteindre 22 % d’ici 2030 si elle arrivait à bénéficier de l’aide financière pour financer les grands projets visant à s’adapter avec les changements climatiques. L’Algérie, à travers ce plan, vise à produire 30/40% de son énergie électrique à partir de ressources renouvelables à l’horizon 2030/2035, soit 22.000 Mégawatt, en plus de l’adoption d’un programme de conversion en GPL de 150.000 véhicules tout en créant des structures nationales devant concrétiser des stratégies pour la production de l’énergie propre dont l’hydrogène vert, ainsi que la . relance du projet du Barrage vert en vue de son expansion à une superficie de 4,7 millions hectares durant les prochaines années s’inscrit également dans cette stratégie de lutte contre le réchauffement climatique. Grâce à son grand potentiel d’énergie solaire, 3000 heures de soleil ses importantes ressources en gaz naturel et les infrastructures qui l’accompagnent, l’Algérie est en bonne position pour produire de l’hydrogène vert et éventuellement bleu (à partir de gaz naturel avec captage et stockage du carbone) d’où l’urgence de revoir le modèle de consommation énergétique afin de s’adapter aux nouvelles mutations 2024/2025/2030.

Abderrahmane Mebtoul
Pr des Universités
Expert international
(Suite et fin)