Le marché pétrolier est toujours en suspens

Malgré des baisses supplémentaires annoncées par l’Opep+

Cinq jours après l’annonce d’une importante réduction « volontaire et supplémentaire » de la production pétrolière, jeudi 30 novembre, par les pays membres de l’Organisation des pays producteurs du pétrole (Opep) et leurs alliés non-Opep, conduits respectivement, par l’Arabie saoudite et la Russie, les prix du pétrole s’avèrent, pour l’instant peu influencés, par cette annonce, mais la donne pourrait s’inverser dans quelques semaines avec le resserrement de l’offre de l’or noir sur le marché face à une éventuelle hausse de la demande mondiale.

La situation géopolitique au Moyen-Orient et en Europe et l’hiver qui pointe déjà son nez risquent de bouleverser le marché pétrolier. Les investisseurs qui spéculaient sur une baisse prolongée des prix du pétrole seraient à l’origine de la volatilité des prix de l’or noir. Ce qui est sûr, le groupe informel Opep+ a prouvé une nouvelle fois sa solidarité et son unité dans les moments difficiles, malgré la pression extérieure pesante. Le désaccord entre certains membres du groupe a été vite réglé. La preuve, l’Opep+ est prête à tout pour stabiliser les prix du pétrole.

Si certains analystes qualifient les coupes de l’Alliance d’« ajustements », sans grand effet, d’autres craignent un impact durable de ces réductions sur l’économie et la société. « Si vraiment les coupes annoncées sont réalisées, l’offre de brut sera en déficit et ce sera bon pour les cours », a commenté l’analyste, Andrew Lebow, cité par le site en ligne leprixdubaril.com, affirmant qu’ « un ralentissement de l’économie mondiale, déjà commencé aux États-Unis et en Europe, allait aussi peser sur les cours ». Le marché pétrolier reste indécis.

C’était difficile pour l’ensemble des pays membres de l’Alliance de s’accorder sur une baisse supplémentaire, et ce, jusqu’au premier trimestre 2024, mais au final, ils ont réussi à s’entendre, mais jusqu’à quand ? C’est la question que se posent plusieurs analystes et investisseurs. L’Opep+ pourrait-il maintenir cette stratégie, sachant que l’économie de la majeure partie des pays producteurs dépend des revenus pétroliers ? Le cartel qui pèse 55% de la production mondiale de pétrole ne souhaiterait pas, en effet, céder le marché aux concurrents occidentaux, en l’occurrence, les Etats-Unis devenus le premier pays exportateurs d’hydrocarbures.

Malgré les efforts déployés par les pays occidentaux pour développer les énergies renouvelables, le pétrole demeure indispensable pour soutenir la machine industrielle ainsi que la stabilité sociale. L’économie mondiale déjà en crise risque de sombrer davantage avec la baisse des performances des secteurs industriels et manufacturiers. Ainsi, le prix du pétrole pourrait passer, d’ici quelques semaines, de 80 dollars, prix moyen actuel, à plus de 100 dollars, en raison du resserrement de l’offre, mais aussi de l’éventuelle hausse de la demande.
Samira Tk