Une rencontre stratégique dans un contexte délicat

Stabiliser les prix du gaz et investissements au menu du Sommet du GECF à Alger

La politique gazière des pays membres du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), appelé aussi l’Opep du gaz, sera au centre du la 7ème édition du Sommet du groupe qui sera organisée à Alger du 29 février au 2 mars prochain.Une occasion pour mesurer les efforts accomplis par les pays membres du GECF et pour établir leur nouvelle stratégie ou feuille de route visant à assurer un avenir énergétique durable, mais surtout défendre leurs intérêts communs à travers le renforcement des échanges entre les pays membres et leurs partenaires étrangers.
L’Algérie, membre du cartel, devenue le principal exportateur de gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Europe en 2023, avec un volume total de 13 millions de tonnes, soit une hausse de 26%, admise à peser lourd sur les décisions du GECF, dominé par les plus grands producteurs de gaz au monde, la Russie, le Qatar et l’Iran. L’Algérie n’a rien à envier à ses concurrents.
En 2023, la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach a alloué, dans le cadre de son plan quinquennal d’investissement, 30 milliards de dollars pour prospecter et produire plus de
pétrole et de gaz, dont 7 milliards de dollars devraient être consacré à l’exécution des programmes de raffinage, de pétrochimie et de liquéfaction de gaz naturel. Des projets ambitieux, mais réalisables sur le moyen et le court terme. Ce qui est sûr, ces projets permettraient à l’Algérie de renforcer sa contribution à la transition énergétique, régionale et européenne.
Le pays a déjà mis en service plusieurs paramètres pétro-gaziers au cours de l’année écoulée, d’autres sont programmés pour l’année en cours.
L’objectif est de continuer à développer le potentiel gazier du pays et à augmenter sa production et ses exportations vers l’Europe qui cherchent depuis le début de la guerre en Ukraine à s’affranchir des importations de gaz russe. Cette conjoncture a profité à l’Algérie, mais aussi à plusieurs autres pays membres du GECF, à l’instar du Qatar.
Ces pays producteurs de gaz ont réussi à accroître leurs recettes après l’embargo décidé par l’Occident sur le gaz russe. Les pays européens ont profité, toutefois, pour remplir leurs réserves de gaz et stabiliser les prix du gaz sur le marché. Un soulagement pour ces pays consommateurs de gaz qui tablent sur une baisse de la consommation en 2024, ce qui n’est pas de l’avis des compagnies pétrolières mondiales, à l’instar du groupe énergétique français, TotalEnergie qui s’attend quant à lui, à une augmentation de la demande de GNL en 2024. Bonne nouvelle pour les producteurs.
Cette hausse s’expliquerait par l’accentuation des tensions géopolitiques en Europe de l’Est et au Moyen-Orient, notamment, en mer Rouge, ce qui entraînerait une envolée des prix du gaz sur le marché mondial. Les participants au 7ème sommet du GECF suivent de près ces évolutions, et devraient débattre des impacts de la géopolitique sur le marché mondial de gaz, et de leur stratégie de production visant à assurer un approvisionnement sûr du marché, mais aussi à soutenir les prix du gaz, en baisse depuis quelques mois, en raison de la hausse des importations de GNL. Ils discuteront des moyens de relancer les investissements dans le secteur, en plus des projets en cours.
Les pays consommateurs mettent la pression sur les pays producteurs et veulent arrêter de financer de nouveaux projets, sous prétexte des enjeux climatiques. Ils n’agissent que dans leur intérêt. Durant la crise, ils ont approuvé la signature de plusieurs accords avec des sociétés d’hydrocarbures africaines afin de renforcer leurs importations en la matière. C’était une aubaine pour l’Algérie qui a, d’ailleurs, signé plusieurs nouveaux contrats de vente et d’achat de gaz avec ses partenaires étrangers, ce qui lui a permis d’augmenter ses recettes et de figurer à la tête de pelletons des plus grands pays exportateurs de gaz.
Le pays a, également, multiplié ses projets de GNL pour répondre à la demande croissante de ses partenaires (ENI, TotalEnergie, Equinor…). Grâce à ses atouts stratégiques (grandes réserves en gaz naturel, infrastructures d’exportations solides et modernes et renforcement de ses unités de liquéfaction), l’Algérie a réussi à augmenter son volume de production ainsi que ses exportations et ambitionne à accroître ses livraisons de gaz naturel et de GNL d’ici 2 ans, grâce aux projets de GNL en cours (unités de stockage, ports, gazoducs..). L’Algérie continuera aux côtés de l’Égypte et du Nigeria de dominer le marché du GNL en Afrique.
Ces pays devraient permettre à l’Afrique de promouvoir son rôle important dans la croissance énergétique régionale et internationale. Pour y parvenir, le GECF plaide pour la libération des financements de nouveaux investissements dans le secteur gazier et le développement des infrastructures de production de GNL, afin de pouvoir répondre à la demande mondiale croissante.
Les pays membres du GECF devraient, dans ce contexte d’incertitude, resserrer leurs rangs pour défendre leurs intérêts communs. Soutenir les prix du gaz et renforcer les investissements. Le GECF saura-t-il réellement réguler le marché de gaz comme le fait l’Opep ?
Samira Takharboucht
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