L’Opep+ décide d’augmenter prudemment sa production de pétrole

Après quatre jours de «négociations difficiles» menées par l’Algérie

L’Algérie qui a présidé la 180ème réunion ministérielle de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a, encore une fois, gagné son pari de trouver un consensus. Après quatre jours d’âpres et longues discussions et négociations, les 23 pays membres de l’OPEP+ trouvent leur chemin vers un compromis sur la nouvelle stratégie de production de l’or noir.

Il a été décidé, à l’issue de ce Sommet décisif, de «restituer progressivement sur le marché les quelque 2 millions de barils par jour prévus en début d’année prochaine, en commençant par 500.000 barils quotidiens en janvier 2021». Le marché pétrolier a, d’ailleurs, accueilli positivement cette décision. Les prix du pétrole ont enregistré, au lendemain de cette annonce, leur plus haut niveau, s’approchant de la valeur de 50 dollars le baril. Au deuxième jour des discussions entre les pays de l’Opep et Non-Opep, les participants décident de reporter les pourparlers après avoir constaté une divergence apparente de la Russie qui s’est montrée réticente quant au «maintien du plafonnement des réductions tel que décidé dans l’Accord Opep+, conclu le 12 avril dernier». Pour parvenir à convaincre toutes les parties de l’impératif de trouver un terrain d’entente en faveur du marché pétrolier mondial déprimé, les discussions ont été décalées de deux jours, au jeudi 3 décembre. Au cours de ces deux jours de négociations informelles, un consensus a été trouvé entre d’un côté les pays qui espéraient prolonger les réductions actuelles (l’Arabie saoudite et l’Algérie entre autres), et ceux qui souhaitaient suivre les marches de l’agenda arrêté après les difficiles négociations, en mois d’avril 2020, qui prévoyait de ramener les coupes des extractions de production sur le marché à 5,8 millions de barils au 1er janvier. Ce qui n’était pas de l’avis de la Russie qui n’avait entrepris aucune négociation avec des pays membres de l’Opep. Les membres de l’alliance se sont mis d’accord, jeudi dernier, à l’issue de la 180ème Conférence ministérielle de l’Opep sur «une augmentation de leur production de 500.000 barils par jour en janvier, contre près de 2 millions initialement prévus», mettant ainsi fin au suspens qui a tenu en haleine les investisseurs et les marchés financiers pendant quatre jours. Dès janvier 2021, les pays signataires de l’accord Opep+ «vont ajuster volontairement leur production de 0,5 million de barils par jour (mbj)», a précisé l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), dans un communiqué sanctionnant les quatre jours de négociations. Ils ont, en effet, accepté d’augmenter progressivement de la production pétrolière dans l’espoir d’une reprise accélérée de la demande mondiale après la début des campagnes de vaccination anti-Covid-19 et la reprise des échanges commerciaux. Quelques heures seulement après l’annonce de cette décision «cruciale», les marchés l’ont accueilli plutôt positivement : les deux références (le Brent et WTI) cotaient à 49,27 dollars et 46,28 dollars le baril, en hausse de près de 1%. Les prix sont en convalescence après plusieurs jours de baisse en raison des incertitudes qui planent autour de la réunion de l’Opep et du sort de l’Accord Opep+. Les membres du groupe informel de l’Opep+ ont réussi à se mettre d’accord, malgré les divergences. Finalement, la coupe des volumes de production comme décidé initialement en avril 2020 reste, désormais une formalité. C’était prévisible, après les différents signes envoyés par la Russie et d’autres pays qui ont exprimé quelques semaines plus tôt leurs réserves quant à la reconduction des limitations de production. C’est ce qu’a confié le ministre, Abdelmadjid Attar, également, président de la Conférence de l’Opep par visioconférence. Il avait promis de poursuivre les consultations jusqu’à parvenir à trouver «un front unis», en faveur du marché pétrolier mondial. Une rencontre d’évaluation de l’évolution du marché pétrolier est prévue d’ailleurs en mars 2021. L’obtention d’un consensus n’était pas sans peine. Convaincre les deux poids lourds du marché pétrolier (l’Arabie saoudite et la Russie», était «très difficile». L’Algérie est, tout de même, parvenue après deux jours de négociations «difficiles» à les persuader de prendre une «décision commune en faveur du marché pétrolier déprimé». Ainsi, les convaincre de poursuivre leurs efforts de soutien des prix du pétrole qui affiche depuis le mois de novembre de bons résultats, porté par leurs sacrifices, mais aussi par l’espoir «de campagnes de vaccination massives contre la Covid-19, perspective de retour à la normale de la demande de pétrole». «Le suivi attentif permettra d’être plus précis et de répondre aux demandes du marché en tenant compte des facteurs, positifs et négatifs, qui l’affectent à chaque moment», a fait savoir le vice-Premier ministre russe chargé du secteur énergétique, Alexandre Novak, en marge de la réunion de l’Opep. De son côté, un analyste de Rystad a déclaré au site officiel «prixdubaril.com» que «ce n’est pas le scénario cauchemardesque que le marché craignait, mais ce n’est pas non plus ce qu’il attendait il y a quelques semaines».
Samira Takharboucht