Rencontre sur la culture et l’exercice de la citoyenneté

Palais de la culture «Moufdi-Zakaria»

Le ministère de la Culture et des Arts a lancé, mardi à Alger, le «Forum du palais de la culture», une série de débats interactifs sur l’importance du dialogue culturel à tous les niveaux de la société, par une première rencontre sur la culture comme facteur déterminant à l’exercice de la citoyenneté.

Organisée au Palais de la culture Moufdi-Zakaria, cette première rencontre a réuni les cadres du secteur de la culture et les enseignants universitaires, Ali Rebbidj, Nabila Benyahia, Redouène Bouhidel, Mohamed Boukerras et le critique d’art Brahim Nouel. Abordant les concepts de la culture, la citoyenneté politique, le dialogue culturel et la société civile, les intervenants ont mis l’accent sur la nécessité d’asseoir une «approche culturelle de la vie», soulignant que la société algérienne a perdu «toute notion de projet de société durant les 30 dernières années». Définissant la «société civile» comme un «intermédiaire entre l’Etat et le citoyen», l’actuel directeur de l’Institut supérieur des métiers de l’art du spectacle et de l’audiovisuel (Ismas), Mohamed Boukerras, a enchaîné sur la notion de l’exercice de la citoyenneté qui, selon lui, appelle d’abord l’«appartenance à un ensemble de valeurs puisées de l’identité culturelle et du patrimoine matériel et immatériel communs à tous», et d’une «volonté d’aller de l’avant», motivée par un climat socio-politique où la «liberté d’expression et la justice sociale seraient préalablement consacrées».
Le directeur de l’Ismas a pointé du doigt les progrès technologiques, les réseaux sociaux notamment, qui, au delà du confort intellectuel et pratique qu’ils ont apporté à l’Homme, ont révélé des différences de vues pouvant engendrer des sentiments d’intolérance et de rejet entre les individus d’une même patrie, préconisant pour y remédier, de «faire le diagnostic» de toutes les divergences constatées sur la toile, un préalable, selon lui, qui aboutirait à faire émerger chez l’internaute un sentiment de «bonne conduite» qui puisse encadrer cette «citoyenneté virtuelle». L’enseignant et critique d’art, Brahim Nouel a préféré intervenir en tant qu’«actant de la culture», pour mettre en exergue le travail «colossal» de tous les collectifs que la société algérienne a connus par le passé, à l’instar des Scouts musulmans algériens et l’Association des oulemas musulmans ou encore de la troupe artistique du FLN, alors dirigée par le regretté Mahieddine Bachtarzi.
Evoquant également l’action des artistes martyrs au service de la cause nationale comme exemple de citoyenneté engagée, Brahim Nouel a ensuite abordé la question de la «mobilité culturelle» et l’«efficacité des espaces culturels», soumis aux méfaits de la bureaucratie, soulignant la nécessité de «maintenir la fonctionnalité de ces espaces» au delà des horaires administratifs et durant les weekend pour «susciter l’intérêt» et permettre le «contact culturel» à travers un plus grand nombre de visites. A l’issue de la rencontre, les intervenants au débat ont été unanimes à considérer que les concepts développés relevaient encore d’«objectifs à atteindre», estimant que le jeune algérien, au centre de toutes les communications, était «loin d’une suffisance morale et matérielle» qui puisse lui «permettre l’exercice de la citoyenneté».
R. C.