Un nouveau Ramadhan «particulier», mais sûrement «convivial»

Crise du Covid-19, couvre-feu et inflation galopante

Pour la deuxième année de suite, les Algériens s’apprêtent à vivre un mois de Ramadhan très particulier, marqué par la double crise sanitaire (Covid-19) et financière inédite.

Malgré l’assouplissement des restrictions sanitaires et la levée, quasi-totale, du confinement, les Algériens se sentent étouffés, non sous leurs masques, mais par la hausse vertigineuse des prix des produits alimentaires, notamment, à la veille de ce mois de la piété et de la charité. Il ne reste que peu de chose de cette essence. Ce n’est plus la même ambiance ni le même enthousiasme. Il n’y a que le désarroi et la peur qui se lit sur le visage de certains consommateurs qui fouillent dans leur portefeuille pour trouver les derniers billets ou pièces pour effectuer leurs achats pour le Ramadhan. «Ce n’est, évidemment, pas suffisant pour que j’achète un kilo de tomate (150 DA/ kg), de courgette (120 DA/ kg), de carotte (70 DA/kg), de poireau (230 DA/kg) et 500 gramme de viande de poulet (380 DA/kg)», s’est exclamée une jeune femme. Elle cherche à trouver des produits similaires, moins chers. «Ce n’est pas possible.
Ce sont des produits frais, arrivés ce matin», lui a répondu le vendeur. Sans dire un mot, elle sort du magasin. «Une hausse pareille c’est du jamais vu, alors que dans les marchés ces produits devraient être en moyenne moins chers. Pourquoi un pareil système ?» s’est interrogé, un consommateur, qui venait de payer ses achats et quitter le marché, entouré, à quelques mètres des marchands-ambulants qui crient leurs marchandises. «Ils ne vendent pas moins cher que leur voisin. Ils se valent tous», a lâché une vieille dame, qui tenait à la main quelques courgettes, attendant son tour pour les peser. Lors de cette virée, au premier jour de mois de Ramadhan, qui nous a guidé vers les deux marchés populaires de Bir Khadem et de la Concorde, nous avons constaté, sur place, que la différence des prix affichées même sur les produits de saison, sont excessivement en hausse, bien qu’ils ne se valent pas tous à l’étal. Interrogé sur les raisons réelles de cette flambée des prix, les commerçants répondent, unanimement, que c’est dû aux manques d’approvisionnement du marché, à la crise sanitaire et surtout à la hausse des cours des produits alimentaires internationaux.
Qu’en est-il du phénomène du stockage et de la spéculation ?, avons-nous répliqué. Personne n’a voulu nous répondre. C’est peut-être une réponse à la question ! La spéculation, l’anarchie et le manque de régulation des marchés ont, toujours, été mis en cause dans ces hausses des prix qui interviennent à chaque approche du mois de Ramadhan. Un problème en quête d’une véritable solution. A chaque crise, les Algériens cassent leur tirelire et s’endettent. A la fin de notre virée, nous avons observé un sentiment de frustration et de colère qui a envahi le consommateur. Pourtant, il garde espoir et prie pour «la fin du Covid-19 et le retour à la normale». Compliqué, mais légitime. Cette tendance haussière, pour rappel, a été observée depuis plusieurs semaines.
L’envolée des prix des viandes (blanche et rouge), des fruits et légumes a renversé l’ordre de la mercuriale et celui du pouvoir d’achat des Algériens, plombé par l’inflation, les charges et la crise sanitaire. Les ménages sont en détresse, n’arrivent plus à résister, depuis deux ans, au choc du Covid-19 et de l’inflation galopante. Les pénuries des produits alimentaires se succèdent et provoquent une crise sociale systématique. Après celle de la semoule, du sucre, celle de l’huile de table. Une fois de plus, les ménages vont passer un Ramadhan hors de prix. Quel que soit le manque, le mois de Ramadhan sera un moment unique et convivial, mais pas celui des retrouvailles en raison du couvre-feu instauré par les autorités pour lutter contre la Covid-19. L’ambiance ramadanesque sera toujours fébrile au sein de la famille, mais particulièrement étrange. La vigilance est de mise pour éviter la reproduction du Coronavirus.
Samira Takharboucht