Autour des chiffres et symboles

Croyances chez les musulmans

Il existe en pays d’Islam des chiffres, comme par exemple le 7 qui intervient dans un grand nombre de rites ou de situations, sinon des vérités à mystère.

On parle, à bon escient, de 7 planètes, 7 cieux, etc. Il en est de même du 3 qui revient souvent pour diverses raisons. Les anciens attachaient une plus grande importance aux chiffres récurrents pour des raisons restées inexpliquées. Et au fil des générations, des écrivains ont essayé de percer le mystère concernant ces chiffres à valeur symbolique dont certains correspondent à quelque vérité scientifique. Abû Mansour al Znalibi a consacré tout un chapitre au 3 dans un livre intitulé Bard al Akbâd fil aadas. Quant au polygraphe célèbre As Soyuti, il a mis l’accent sur la classification des hadiths par 3.

Des exemples pour plus de compréhension
On rappelle ce que tout le monde sait à propos des voyelles en arabe qui sont au nombre de 3, parfois doublées. Elles peuvent dans des cas précis être associées à 3 lettres de prononciation : alif, waw, ya. Du point de vue morphologie du nom, il y a trois nombres : singulier, duel, pluriel. Restons dans le domaine de la grammaire pour dire qu’il y a trois parties du discours en langue arabe : nom, verbe, particule. Pour plus de précision et comme nous ne pouvons-nous étaler là-dessus, les particules régissent les unes le verbe, les autres le nom, une autre catégorie le nom et le verbe. Parmi les exemples religieux, le 3 a sûrement une signification comme dans les ablutions qui obligent à se laver 3 fois chaque partie du corps. La répudiation est prononcée 3 fois par l’homme qui décide de se séparer de sa femme.
En Islam, il y a 3 cas de figure où on ne peut pas prétendre à un héritage : l’esclavage, l’homicide, la différence de religion. Le musulman qui remet le pèlerinage aux Lieux saints à plus tard alors qu’il a décidé d’accomplir cette cinquième obligation de l’Islam, doit faire une offrande, sinon une expiation par trois jours de jeûne avant d’aller en pèlerinage le jour où il aura décidé fermement de l’accomplir et 7 jours à son retour, soit 10 jours en tout. Vous vous souvenez de la sourate El Kahf (la caverne) où dorment trois cent ans, trois jeunes gens ont vécu en parfaite conserva- tion : «Ils étaient trois, leur chien était le quatrième.» «Tu ne parleras point aux hommes durant trois jours», dit un ange à Zakaria après lui avoir annoncé qu’il aurait un garçon appelé Yahia, et ce malgré son âge avancé et son impotence.

Le 3 par référence aux hadiths
Les savants en matière de religion d’hier et d’aujourd’hui qui ont fait de la recherche en s’imposant le devoir d’objectivité, affirment que parmi les hadiths il y a des vrais comme ceux de Boukhari et des faux qui sont façonnés par des extrémistes pour mieux se servir. Dans l’un d’eux, il est dit que Dieu fera rentrer au paradis ceux qui répondent à ces trois critères : douceur envers le faible, pitié envers les parents et bienfaisance envers l’esclave. Dieu fera rentrer aussi au paradis celui qui détient trois choses : donner à celui qui lui avait opposé un refus, pardonner à celui qui avait été injuste envers lui, lier amitié avec celui qui a rompu avec lui. Mérite la récompense et parfait sa foi celui qui a trois choses : un caractère grâce auquel il vit avec ses semblables, une crainte de Dieu qui l’éloigne de ce qui est défendu par Dieu, une clémence qui le met à l’abri de l’ignorance de l’ignorant.
Dieu, dans une sourate, dit que celui qui s’acquitte de trois choses est mon véritable ami et celui qui ne les accomplit pas est mon véritable ennemi : la prière, le jeûne et l’ablution après la souillure majeure. Ce que nous avons énuméré en nombre de trois est assez pertinent pour qu’il soit partie intégrante des prescriptions divines. Prenons cet exemple qu’on peut classer comme cas universellement admis où on dit que celui qui fait trois choses par confiance en Dieu, accomplit une bonne œuvre et Dieu doit l’aider et le bénir : travailler à mettre en liberté un esclave, se marier, vivifier une terre morte. D’après le contenu des préceptes de l’Islam et des différents cas de figure qui s’y rattachent, on peut évoquer l’idée d’un code de conduite indiscutablement bon pour l’épanouissement et l’équilibre de l’individu et de la société.
Beaucoup de hadiths sont à l’image de l’actualité et dans le vécu collectif. Trois indiquent que celui qui les possède est un hypocrite, même s’il jeûne, prie, fait le pèlerinage à La Mecque et accomplit la visite des Lieux Sains des environs de La Mecque et même encore s’il dit qu’il est musulman, celui qui, lorsqu’il parle, ment, celui qui, lorsqu’il fait une promesse, ne la tient pas, celui à qui l’on s’est confié et qui trahit. Ce sont là des choses devenues monnaie courante de notre temps. Que ceux qui lisent les hadiths aient le sens de la moralité ou de la propreté morale et du milieu dans lequel ils vivent. Qu’ils aient aussi le sens de la parole donnée, de l’aide désintéressée vis-à-vis de quiconque est dans le besoin.

D’après les auteurs de l’Islam
Sans avoir été influencés par les coutumes et formules langagières, des écrivains font du 3 un chiffre privilégié. C’est le cas de ceux qui argumentent toujours à l’intérieur d’une théorie sur la base d’un raisonnement en 3 étapes, à l’exemple du syllogisme d’Ibn Rochd ou du raisonneur scientifique ou dialectique marqué par 3 étapes : thèse, antithèse, synthèse. Question de méthodologie et de choix personnel pour mieux convaincre les autres. Pour Abdellah Ibn Omar, la science dépend de trois choses : un livre, un usage établi et dire «je ne sais pas». Se référant toujours au 3, Anas Ben Malik parle de 3 choses qui font baisser la tête : la stérilité, la maladie et la mort. Al Hassan El Basri fut interpellé une fois pour répondre à une question précise.
«Comment te trouves-tu ce matin», lui a-t-on demandé et il répond en ces termes : «Nous sommes exposés à recevoir 3 flèches : une flèche d’épreuve, une flèche de malheur et une flèche de mort». Il a raison dans la mesure où l’homme est toujours dans le collimateur des épreuves qui lui arrivent. Gafar Al Sediq cité par les hommes de discours religieux parle de l’aumône. A ce sujet il dit : l’aumône n’est parfaite qu’à trois conditions : en la faisant vite, en l’amoindrissant et en la cachant. Quant à Abu Sofiane Moawiya, monarque assagi par le trône, il dit qu’il craint trois hommes : Abu El Hassa Ben Ali, Abdellah Ben Omar, Abd Allah en Az Zobayr. «Et pourquoi tu ne les tues pas ?», lui a-t-on répondu. «Et sur qui règnerai-je alors», rétorqua-t-il, et l’énigme du 3 continue dans le temps et l’espace.
Abed Boumediene