L’alfa, une source de prosperité mise en quarantaine

Naâma

L’importance de l’alfa dans les ressources des populations des Hauts-Plateaux, zones alfatières par excellence, et dans l’agriculture algérienne en général, a vu la région d’El Bayadh, Saïda et Naâma dans les années 68 comme étant un facteur de prospérité.

Les différents aspects de cette plante dans ses quatre importantes phases, à savoir la production, la commercialisation, l’exportation et la transformation ont toujours été une source de richesse. La cueillette de l’alfa a constitué de tout temps un des principaux moyens d’existence des populations des Hauts-Plateaux et des régions citées en haut. Selon des anciens rencontrés à Aïn Safra, dépendante de la wilaya de Naâma, ont été unanimes pour nous déclarer en ces termes : «De nos jours malheureusement, on considère que l’exploitation de cette plante comme une fin de non-recevoir des autorités ou plutôt du ministère de l’Agriculture,qui ont d’autres chats à fouetter. Loin de séparer le bon grain de l’ivraie, l’alfa n’est plus ce quelle était, c’est-à-dire une source de richesse à l’amélioration de notre population. C’est purement et simplement l’abandon et dont les parcages ont été complètement détruit par des éleveurs et autres maquignons irrespectueux de cette source de richesse, facteur de prospérité. Un centre d’exploitation récoltant, par exemple 40.000 tonnes d’alfa par campagne, emploie à lui seul pendant 10 mois de l’année, jusqu’à 20.000 travailleurs. Dans ce contexte, la production alfatière s’est développée profusément et a fini par constituer pour l’économie algérienne a l’époque, une source de richesse appréciable. D’après d’anciennes statistiques cette forte démonstration de la nappe alfatière couvrait dans la fourchette d’environ 4,4 millions d’hectares qui ont atteint près de 65% de la totalité des nappes alfatières mondiales. Ces mêmes statistiques nous éclairent que l’Algérie peut produire jusqu’à 250.000 tonnes par an, ce qui représente 65% de la production mondiale. Cette contenance record a été atteinte seulement pendant les années de pointe de 1951 à 1954. Au cours de cette période, en raison de la Guerre de libération nationale où la production a accusé une régression brutale, passant de 230.000 tonnes en 1955, à 105.000 tonnes en 1960 et 80.000 tonnes en 1962. L’absence de toute organisation, et d’exploitation a vu la région de Naâma et celle d’El Bayadh ainsi que d’une partie de la région de Saïda qui ont la réputation de produire plus de 40.000 tonnes d’alfa de très bonne qualité, a vu dans les années 80, où la plupart des nappes alfatières sous-exploitées. Si l’on ajoutait aux difficultées ci-dessus énumérées, à ces facteurs de détérioration, certaines graves négligences dues à l’époque dans le domaine de la commercialisation, on aurait alors une idée du «marasme» qui affecte ces richesses insoupçonnables que sont ces exploitations alfatières. Les possibilités de débouché de l’alfa en Algérie sont énormes et son utilisation est courante, à l’exemple des deux usines de papiers du groupe GIPEC, groupe industriel du papier et de la cellulose implanté à Saïda et la seconde à Mostaganem ont été obligés de mettre les clés sous le paillasson, faute d’alfa et pourtant un produit de richesse non négligeable. En plus de la fabrication de la pâte à papier et du papier d’impression ou des applications pratique de l’alfa, à l’exemple de la fabrication notamment de la cire qui servira à produire du cirage, du papier stencil, du carbone, des isolants et différents articles de beauté. Dans un autre contexte, on peut utiliser cette plante pour l’alimentation des bestiaux, les bovins, les camelins et même les bêtes de somme. On peut l’utiliser dans la fabrication de nattes, de cordes simples et autres couffins. Malheureusement, ce n’est plus le cas. Tout est figé dans le néant, l’alpha, désormais taxé comme étant un produit encombrant et sans valeur n’a plus la cote. Des nappes non exploitées, vandalisées par les mains de l’homme et de la nature. A quand le ministère de l’Agriculture prendra cette source de richesse pour booster sa production et sa commercialisation ? Un grand dommage !

Manseur Si Mohamed