Accord complet

Relations Algérie-Niger

Le Président Abdelmadjid Tebboune, a reçu mardi le Président du Niger, Mohamed Bazoum, en visite de travail et d’amitié en Algérie depuis lundi soir, à la tête d’une importante délégation.

Comme annoncé dans un communiqué de la Présidence de la République publié lundi, les entretiens entre les deux chefs d’Etat ont porté sur «les relations bilatérales entre l’Algérie et le Niger et les moyens de les renforcer au mieux des intérêts des deux peuples amis». La question des travailleurs nigériens en Algérie a été évoquée ainsi que les échanges de marchandises à travers la frontière algéro-nigérienne. A ce propos, le Président Tebboune a annoncé la réouverture de la frontière entre les deux pays. Sur la question sécuritaire, l’accord entre les deux pays est complet. Un accord est également intervenu sur d’autres questions soulevées par la partie nigérienne, notamment la formation, les secteurs de l’eau, des hydrocarbures et les échanges transfrontaliers.
Des entretiens se sont déroulés entre des ministres algériens et leurs homologues qui ont accompagné le Président Bazoum dans sa visite en Algérie. Hier, le Président du Niger s’est recueilli au sanctuaire du martyr à Alger, à la mémoire des martyrs de la Guerre de libération nationale. Il a déposé une gerbe de fleurs devant la stèle commémorative et récité la Fatiha du Saint Coran à la mémoire des martyrs. Mohamed Bazoum a été accueilli à son arrivée à l’aéroport international Houari-Boumediene par le président du Conseil de la nation, Salah Goudjil, et le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Ramtane Lamamra, ainsi que des membres du Gouvernement. Rappelons qu’à propos de la situation sécuritaire dans la région, plus particulièrement dans le Sahel, dans un entretien accordé à la Chaîne qatarie Al Jazeera, diffusé mardi 8 juin, le Président Tebboune a estimé que le G5 Sahel regroupant la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad dans le cadre de la lutte contre les groupes terroristes dans cette région n’était pas doté de suffisamment de moyens.
Il a ajouté que ce groupe «a été créé contre le Cemoc (Comité d’etat-major opérationnel conjoint NDLR) qui était mieux doté». Les membres du Cemoc sont l’Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger. Le 4 avril dernier, à la veille du Ramadhan, à la suite d’un entretien téléphonique entre le Président Tebboune et le Président Bazoum, l’Algérie a fait don de 58 tonnes de produits alimentaires au Niger. Cette aide, acheminée à Niamey par deux vols cargos de l’Armée de l’Air algérienne, a été exécutée par le Croissant-Rouge Algérien. Cette aide traduit la volonté partagée des plus hautes autorités des deux pays de renforcer davantage les relations séculaires qui existent entre les deux pays et les deux peuples.
Fait notable : le 20 mai, c’est à l’initiative de l’Algérie, en sa qualité de président du Groupe arabe, et du Niger, qui assure la présidence de l’Organisation de la coopération islamique, que l’Assemblée générale de l’ONU a tenu une réunion, pour examiner la situation en Palestine où les bombardements israéliens ont fait quelques 200 morts, dont au moins 58 enfants. Rappelons que le Président nigérien élu le 3 février, Mohamed Bazoum, a prêté serment début avril, dans un contexte marqué par des craintes sécuritaires après les attaques meurtrières du 21 mars, et des tensions politiques nées des contestations des résultats de la présidentielle, en plus de la tentative de coup d’Etat venue perturber le climat autour de la cérémonie d’investiture. C’était la première fois dans l’histoire du Niger qu’un président élu succédait à un autre président élu. Le pays a déjà vécu quatre coups d’Etat réussis (1974, 1995, 1999 et 2010) et plusieurs tentatives échouées.
Dans la nuit du 30 au 31 mars 2021, le gouvernement nigérien avait annoncé avoir déjoué une tentative de coup d’Etat, affirmant que «la situation est totalement sous contrôle» et invite «la population à vaquer normalement à ses occupations quotidiennes». Outre ces tensions politiques, le pays sortait d’un nouveau deuil national, décrété après les attaques du 21 mars dans les localités d’Intezayane, Bakorat et Woursanat, dans le département de Tillia (région de Tahoua). Mohamed Bazoum a hérité de son prédécesseur, notamment le défi de juguler les attaques terroristes qui ont fait des centaines de morts depuis 2010, et fait fuir de leurs foyers environ 500.000 personnes, selon l’ONU.
Lakhdar A.