Sa relance exige «une démarche cohérente au niveau de toutes les entreprises»

Le secteur industriel tente d’anticiper le jour d’après la Covid-19

C’est dans un contexte d’incertitude ambiant que le ministère de l’Industrie s’efforce de préparer les entreprises publiques lourdement touchées par la crise sanitaire au jour d’après.

Une tâche très ardue qui attend les autorités et les responsables des entreprises étatiques qui doivent agir vite pour gagner du temps sur la relance de l’activité industrielle et aider les groupes industriels publics à absorber le choc de la double crise sanitaire et économique. L’enjeu n’est pas moindre. Agissant dans cette optique, le ministre de l’Industrie, Ahmed Zeghdar, a rencontré durant la semaine écoulée plusieurs responsables et cadres de groupes industriels publics dans l’objectif d’avoir une vision globale de la situation de ces entreprises. Une approche proactive nécessaire à la prise de décision et la mise en œuvre d’une stratégie de sortie de crise. Il tente, en effet, malgré l’incertitude qui plane sur le marché économique anticiper le jour d’après la crise et structurer le processus de reprise d’activité de plusieurs filiales industrielles à l’arrêt et contribuer à encadrer la démarche, identifier les problèmes financiers et techniques auxquels sont confrontées des entreprises depuis des mois.
De surcroît, analyser minutieusement les répercussions de la pandémie sur l’activité de l’entreprise et sur le secteur d’activité de chaque entité avant de mettre en place une nouvelle stratégie de gestion de crise ou de reprise. Au terme de ces rencontres de consultations avec les responsables et cadres de groupes industriels (Getex, Gacu, AGM, Imetal, Sdem, Madar Holding, ACS, Agrodiv), M. Zeghdar a promis d’accompagner et d’encadrer ces groupes dans ces changements économiques causés par la pandémie du Covid-19 et d’aider les entreprises déficitaires à surmonter leurs problèmes de trésorerie. La priorité du ministère de l’Industrie, selon M. Zeghdar, est de sauver le secteur industriel public et son redressement urgent. « Une vision prospective s’impose dans ce sens, afin de parvenir à des solutions réelles en mesure de faire face à la double conjoncture financière et sanitaire actuelle », a-t-il souligné.
Il a, d’ailleurs, invité les groupes industriels publics « à la modernisation de la gestion des groupes industriels publics et à l’amélioration de leur gestion de façon urgente, en sus de la généralisation de l’utilisation des nouvelles technologies de l’information et de la communication (TICS) pour assurer leur efficacité », a indiqué un communiqué de son département ministériel. Il a mis l’accent sur l’urgence d’optimiser la production de chaque filière (renforcer l’activité des unités de production), appelant les responsables de ces entreprises à accélérer leur transformation numérique et à planifier des projets d’innovation afin de s’adapter aux changements économiques internationaux actuels et futurs. Le premier responsable du secteur a demandé aux différents responsables de définir « les priorités pour chacune de ces instances dans le futur et à redoubler d’efforts pour hisser la productivité des groupes industriels qualifiés de locomotives du secteur », a souligné la même source.
Pour sortir de sa dépendance aux importations et de la logique de la rente, l’Algérie doit diversifier son économie et développer l’industrie manufacturière et de la transformation pour varier aussi ses recettes et sa production. Un levier important pour corriger le déséquilibre de l’ordre budgétaire et monétaire. Le ministre a estimé qu’il est « très important de les soutenir, de les structurer, de les relancer et d’élaborer les plans de développement propres à chaque groupe ». Pour réussir ce lourd défi, il a appelé « à redoubler d’efforts pour optimiser leur rendement et efficacité et rétablir l’équilibre de leurs filiales en difficultés et à établir des partenariats, notamment avec les privés locaux », ajoutant qu’«une telle démarche permet de satisfaire les besoins des uns et des autres, offrir des produits locaux à des prix compétitifs et réduire immédiatement la facture des importations ». La relance du secteur industriel public, hors hydrocarbures, en berne exige une véritable « vision stratégique » axée sur une démarche cohérente au niveau de toutes les entreprises publiques qui malgré le soutien financier des autorités n’arrivent pas à absorber le choc de la crise sanitaire et financière. D’où l’urgence de reconfiguration de ces entreprises à travers la mise en œuvre d’une stratégie de gestion de crise et l’élaboration d’un plan d’action nécessaires. Résoudre les problèmes de gouvernance et de dépendance financière.
Samira Takharboucht