«Il semble inadéquat de reprendre la compétition»

Dr Abdelkader Messadi

Décidément la Covid-19 n’aura pas fini de faire parler d’elle. Depuis le mois de mars, l’épidémie aura paralysé tous les pays.

L’impact de cette maladie sur notre pays aura touché tous les secteurs, d’abord sanitaire avec des milliers de malades et des centaines de morts, mais aussi économique avec un arrêt total de toutes les activités commerciales allant jusqu’à la paralysie de certaines entreprises dont les compagnies aériennes. Compte tenu de la circulation rapide du virus, notamment dans la région nord du pays, et connaissant de façon certaine, le mécanisme de la contagion qui se fait par voies respiratoires supérieures, les pouvoirs publics, après concertation avec le comité d’experts scientifiques, ont opté, à l’instar de beaucoup de pays, pour un confinement partiel avec limitation des activités source de regroupement de nombreuses personnes.
Le sport n’est par resté épargné, toutes les compétitions sportives ont été suspendues. Aujourd’hui, et après plus de deux mois de pandémie, elle semble s’éloigner de notre pays, comme en témoigne la réduction progressive et quotidienne des chiffres de nouveaux patients contaminés. Alors se posent plusieurs questions relatives à la reprise de nombreuses activités. Le monde du sport n’est pas resté à l’écart de ces préoccupations, nous avons pris attache avec le docteur Abdelkader Messadi, ophtalmologue clinique source de la vision Alger qui a bien voulu nous consacrer un moment de son temps pour répondre à nos questions pour ainsi éclairer notre lanterne et celle des lecteurs. Suivez-le…

La Nouvelle République : Quel est votre avis sur une éventuelle reprise des compétitions sportives ?
Dr Aek Messadi : Il est évident que le monde sportif ainsi que les adeptes du sport sont favorables à cette reprise pour des raisons diverses. Le public, après deux ou trois mois de privation, est friand d’événements qui puissent le sortir de l’impact psychologique du confinement et qui lui permettre de réduire le stress post traumatique qui le guette. Les acteurs sportifs, pour des raisons économiques et de compétition, sont soucieux de terminer la saison pour désigner les champions.

Le virus ne connaît aucune frontière. Que peut bien risquer un athlète lors des compétitions sportives ?
Personne n’ignore maintenant la façon dont se transmet le virus : par les postillons émis lors des efforts de toux, d’éternuements, voire même par les larmes qui coulent des yeux. De même que beaucoup de patients sont porteurs de virus, mais ne présentent pas de symptômes, ce qui fait d’eux les personnes les plus dangereuses. Les dernières études affirment même que le virus peut rester en suspension dans l’air pendant quelques minutes et un patient atteint peut le projeter sur plusieurs mètres, surtout lors d’activités sportives au cours de laquelle sa respiration s’accélère. La porte d’entrée du virus est connue comme étant la bouche, le nez ou les yeux et nous savons qu’une personne met la main à son visage des dizaines de fois par jour. Or, ce sont les mains qui ramassent la quasi-totalité des virus.

Que peut-on en déduire de ces connaissances scientifiques ?
Toute activité sportive individuelle ou collective est source de contact physique entre coéquipiers et adversaires, voire même de rapprochement à moins de la distance de sécurité requise, et qui est d’un mètre comme le préconisent les experts. Le virus étant encore présent, même s’il y a une amélioration de la situation épidémiologique, il semble inadéquat, voire risquer de reprendre des compétitions sportives, et ce, même en l’absence de public.

Vous dites que l’ouverture des enceintes sportives peut être un danger ?
En effet, l’ouverture des enceintes sportives au public représente un danger avéré de contamination par l’effet de promiscuité dans les gradins. Dans les prochains jours, les pouvoirs publics s’orienteront, certainement, vers la levée du confinement conditionné par un respect rigoureux et strict des mesures barrières notamment le port obligatoire du masque dans les espaces publics, le respect de la distanciation physique à plus de un mètre entre autres. Ces mesures ne peuvent être observées lors de compétitions sportives. Quid de la transmission du virus par la transpiration ou les gants de gardien de but ce qui est important à retenir.

Un mot pour terminer ?
La sagesse veut qu’il faille faire contre mauvaise fortune bon cœur et se résigner à différer la reprise des compétitions sportives et de réévaluer la situation en fonction de l’évolution épidémiologique de l’épidémie Covid-19.
Propos recueillis par H. Hichem