La Ligue arabe, l’OCI et la France appelent l’Algérie et le Maroc au dialogue

Des centres d’entraînement ouverts au MAK à El Ayoun et Smara

Selon le site marocain Bladi, le Maroc a accueilli les membres du MAK classé comme organisation terroriste dans des centres d’entraînement ouverts depuis quelques mois et leur a fourni toute la logistique nécessaire pour s’entraîner afin d’intervenir le temps opportun. Or, les membres du Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), devront en retour mener des attaques en Algérie. Toujours selon le média marocain, il s’agit des centres d’entraînement à El Ayoun et Smara.

Ces centres sont gérés par les réseaux du renseignement du Makhzen, de France et de l’entité sioniste et de l’organisation terroriste serbe Otpor. Le Haut conseil de sécurité (HCS) avait accusé le MAK et le mouvement Rachad, classés comme organisations terroristes et considérés comme protégés du Maroc et d’Israël d’être les responsables des incendies meurtriers qui ont fait plus de 90 morts en Algérie dernièrement. «Les actes belliqueux du Maroc à l’endroit de l’Algérie nécessitent la reconsidération des relations entre les deux pays et le renforcement de la surveillance au niveau des frontières Ouest du pays», avait indiqué la présidence de la République algérienne, à travers un communiqué. L’Organisation de la coopération islamique (OCI), la Ligue arabe, l’Arabie saoudite et la Libye ont appelé mercredi l’Algérie et le Maroc au dialogue et à la retenue au moment où les deux pays voisins traversent une crise diplomatique. Après des mois de tensions croissantes, l’Algérie a annoncé mardi passée la rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc, invoquant des actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc contre l’Algérie. Basée à Jeddah, l’OCI a appelé les deux pays au dialogue pour résoudre les divergences éventuelles, selon un communiqué publié. Le secrétaire général de la Ligue arabe Ahmed Aboul Gheit a exhorté mardi soir Alger et Rabat à faire preuve de retenue et éviter une nouvelle escalade.
L’Arabie saoudite a elle aussi adopté un ton conciliant. «L’Arabie saoudite appelle les deux pays à prioriser le dialogue et la diplomatie pour ouvrir un nouveau chapitre dans les relations, afin de garantir la sécurité et la stabilité», a dit mercredi le ministère saoudien des Affaires étrangères dans un bref communiqué. La Libye a déploré la crise, appelant Alger et Rabat à la retenue et à éviter l’escalade. Dans un communiqué publié sur Facebook, Tripoli a invité les deux pays à «s’accrocher aux principes et aux objectifs communs qui ont mené à la création de l’Union du Maghreb arabe (UMA)». La Libye a par ailleurs appelé les membres de l’UMA, une instance régionale lancée en 1989 et qui regroupe l’Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie, à se réunir en marge d’une rencontre des ministres des Affaires étrangères des États membres de la Ligue arabe, prévue entre le 7 et 9 septembre prochain, informe-t-on. La France essaye de jouer l’apaisement en appelant l’Algérie et son voisin à revenir à une logique de dialogue dans l’intérêt de la stabilité au Maghreb. «La France reste naturellement attachée à l’approfondissement des liens et au dialogue entre les pays de la région, pour en consolider la stabilité et la prospérité», a déclaré le porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué. «L’Algérie et le Maroc sont deux pays amis et deux partenaires essentiels de la France», a-t-il également ajouté.
Les tensions se sont accentuées l’année dernière quand l’ancien président américain Donald Trump a décidé de reconnaître la souveraineté de Rabat sur le Sahara occidental, en contrepartie d’une normalisation des relations du Maroc avec Israël. Le Maroc est favorable au maintien du gazoduc Maghreb-Europe, qui relie les gisements algériens à l’Europe via le royaume et dont le contrat expire en octobre 2021, a annoncé une responsable sur fond de tensions entre les deux pays voisins. «La volonté du Maroc de maintenir cette voie d’exportation a été clairement affirmée de manière constante, à tous les niveaux, depuis plus de trois ans», a déclaré mercredi la Directrice générale de l’Office national des hydrocarbures et des mines, Amina Benkhadra, à l’Agence marocaine de presse (MAP). «Nous l’avons exprimée verbalement et par écrit, publiquement et dans les discussions privées, toujours avec la même clarté et la même constance», a-t-elle dit, mettant ainsi fin à des rumeurs selon lesquelles le Maroc aurait voulu empêcher le renouvellement du contrat concernant ce gazoduc reliant depuis 1996 l’Algérie à l’Espagne. Ces déclarations ont été faites avant que l’Algérie ne décide de couper ses relations avec le Maroc. Le 18 août 2021, le président Abdelmadjid Tebboune a tenu une session extraordinaire du Haut conseil de sécurité en présence des membres de l’état-major de l’armée et des responsables des services de sécurité du pays.
Plusieurs décisions ont été prises. La révision des relations avec le Maroc accusé, avec Israël, d’avoir soutenu le Mouvement pour l’autonomie de la Kabylie (MAK), une organisation séparatiste considérée comme terroriste. le MAK est tenu responsable de deux crimes : d’avoir allumé les feux en Kabylie et d’avoir organisé le lynchage de Djamel Bensmaïl, un bénévole soupçonné de pyromanie. Il existe aujourd’hui une alliance israélo-marocaine contre l’Algérie. Le scandale de l’utilisation en masse par le Maroc du logiciel espion israélien «Pegasus» contre des dirigeants et des personnalités algériennes ainsi que les récentes déclarations anti-algériennes de responsables israéliens sont autant de fait qui confirment la thèse de la déstabilisation interne. Le 12 août, à partir de Rabat, le ministre israélien des Affaires étrangères Yaïr Lapid avait fait part «d’inquiétudes au sujet du rôle joué par l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine». L’Algérie a répondu par un communiqué dans lequel il accuse Nacer Bourita, le chef de la diplomatie marocaine, d’être l’instigateur de cette sortie intempestive, a-t-on rapporté.
Oki Faouzi